le nouveau logo du parti socialiste ?
dimanche 31 août 2014
UNIVERSITE D'ETE SOCIALISTE : REVEILLEZ LES MORTS !
L'actuel premier ministre, est bien un ambitieux qui sans nuance a décidé de transformer un parti socialiste moribond, désormais sans doctrine, paralysé par des contractions non résolues depuis des années, en une force de frappe électorale avec pour horizon, les élections présidentielles de 2017. A l'instar d'un sarkozy minoritaire lancé autrefois à la conquête de l'UMP, notre ministre prend à rebours toute la doxa socialiste, et dans un contexte de crise où les notables de gauche s'inquiètent pour l'avenir de leur place, parvient à obtenir leur consentement et leur allégeance, alors qu'aux dernières primaires il réalisait un score peu glorieux de 5% des suffrages. Bravo... la presse s'interroge, s'inquiète ou s'impatiente (selon les officines...) : dérive libérale, réformisme enfin assumé, ou effets de manche et d'annonce qui masquent à peine l'absence de doctrine et la panique d'une majorité sans idée et sans troupe ? On évoque à propos de Valls les exemples de Blair, de Schroder, de Zapaterro, on suggère la nécessité de sortir des clivages et postures au nom d'une efficacité désirée par un peuple rongé par les démons d'une inquiétude bien légitime (chômage toujours à la hausse, succès grandissant du front national nouvelle mouture ), on s'en remet à l'homme providentiel qui dans le désert politique français peut ainsi apparaître comme un esprit visionnaire, d'une envergure "historique", amené par les circonstances à être le grand "homme" dont les manuels d'histoire et les journalistes raffolent ... l'ambitieux valls n'est pourtant ni social démocrate, ni social libéral, moins encore incarne-t-il une quelconque troisième voi(e)x ou troisième gauche... il s'inscrit davantage dans une démarche libérale/conservatrice, autant que celle-ci peut lui permettre d'espérer dans une france plus droitière que jamais ramasser les suffrages des électeurs UMP, centristes, voire frontistes, sans égard pour une gauche amenée à disparaître comme centre de gravité du paysage politique (elle le fut autrefois...). Ne cherchez pas des idées chez Valls, des convictions, un diagnostic éclairé sur l'état du pays, son arrivisme lui impose d'user de la transgression pour surprendre, déstabiliser, séduire par un volontarisme insolent et décomplexé, par sa parole débarrassée de la vieille rhétorique étatiste ; il reprend la faconde et l'argumentaire sarkozyste, en appelle à la rupture, au mouvement contre l'immobilisme de son parti et des camarades, et tout cela au nom d'une "gauche responsable" qui n'est qu'un signifiant vide agité pour rassurer les plus sceptiques... La visite de Monsieur Valls aux Universités d'Eté du Médef donne pourtant la mesure de son talent et de ses ambitions : si Monsieur Valls ne supporte pas le conservatisme de ses amis socialistes, il s'accommode pleinement des rigidités d'un patronat français particulièrement frileux en matière d'innovation ; ce dernier à travers la voix très officielle du Medef représente moins les forces vives de l'économie française, leur avenir, à savoir une puissance d'invention, de découverte et de conquête(s), qu'une officine plaidant ad vitam aeternam pour les mêmes secteurs catégoriels et leur propriétaires inquiets (les industries culturelles en sont un bon exemple, sans parler de l'automobile) . Cette séquence est particulièrement représentative de ce qu'est désormais devenue la vie politique française : une joute surréaliste entre néos, rétros et archéos, où la nouveauté de l'époque est regardée avec les lunettes des années 60 (Valls ne reprend-il pas en partie les conclusions du rapport Rueff, 1960 !?) ou 70 (le côté "lutte des classes", l'étatisme maladif, l'inintelligence économique chez les "frondeurs"). Le succès de la ligne libérale/conservatrice du premier ministre est à chercher dans l'épuisement d'une doctrine socialiste rendue obsolète, dépassée par des problèmes auxquels elle peine à donner une réponse crédible, mais aussi dans un dogmatisme réitéré de ses cadres qui finit par rendre la transgression nécessaire, indispensable voire séduisante pour un électorat qui reconnait en son for intérieur l'inadéquation du socialisme français à des mutations historiques majeures (mondialisation des échanges, succès de nouveaux acteurs économiques comme les "Brics", généralisation du numérique). Libération tente de limiter la casse symbolique en titrant sur le tournant "social démocrate" du nouveau gouvernement Valls comme si les socialistes avaient enfin gagné en maturité, renoncé à leur gauchisme infantile, protestataire... il n'en est rien, le virage économique libéral des socialistes (prêts à défendre aujourd'hui ce qu'ils dénonçaient hier comme ces 200 députés solidaires du gvt qui craignent vraiment pour leur poste) repose sur des prémisses erronées : à écouter le premier ministre, il y aurait d'un côté un patronat vertueux qui ne demande qu'à créer massivement des emplois, de l'autre des rigidités, des blocages, des conformismes... Et d'ignorer de fait les blocages, les conformismes qui font du Medef une organisation soucieuse surtout de prolonger le statu quo à son avantage (peu différente en cela de la CGT) et certainement pas ce laboratoire schumpeterien dont la France a en effet grand besoin. Les entrepreneurs qui compteront demain, qui dans l’anonymat et l'indifférence des politiques, travaillent à l'économie future, qui cherchent à entrer sur un marché déjà occupé par des vieillards satisfaits, avec des idées neuves, peuvent difficilement se reconnaître dans une organisation syndicale qui gèrent des situations acquises et des rentes ; à l'intérieur même du monde de l'entreprise, les intérêts entre ceux qui arrivent et ceux déjà là sont contradictoires voire divergents, le premier ministre choisit les seconds et ne soupçonnent même pas l'existence et surtout l'importance des premiers. Ce sont pourtant ces acteurs de l'ombre (souvenons-nous d'un Steve Jobs à ses débuts) qui ont surtout besoin d'un "choc de simplification", d'un assouplissement du cadre et des règles, bien plus que ces groupes ayant pignon sur rue qui visiblement attendent du plan compétitivité/emploi des opportunités de gain et non l'occasion de relancer l'investissement et la recherche. Mensonge du terme "social-démocrate" quand on comprend le deal passé entre le gouvernement et le Medef (j'assouplis les règles et vous me créez des emplois) dans la plus grande tradition du dirigisme étatiste, véritable ADn de la France, avec le souci exclusif de présenter aux français des résultats fussent-ils fondés sur un néant économique validé par le patronat. Mensonge du terme "social-démocrate" encore quand on note l'absence totale de toute politique sociale du gouvernement sommé de réformer, de réduire une dépense publique abyssale et sans doute notoirement inefficace dans ses affectations. Le premier ministre se fait fort de n'offrir à la jeunesse (le thème de campagne du candidat hollande !) qu'un programme d'austérité janséniste, le plaisir masochiste de suivre dans la douleur la réduction infinitésimale de la dette avec comme message subliminal une morale douteuse (nous avons dépensé, vous devez payer !) et la tentation grandissante de l'exil pour les mieux formés, sans doute effrayés par le no future français (la "french touch" comme ils disent). Réduire le volume de la dépense publique qui écrase les français sans apporter les soulagements sociaux espérés, rendre autonomie, initiative et pouvoir(s) aux citoyens plutôt que de déléguer à l'état puissance et monopole d'action, bien sûr d'autant que ce même état peut se muer en puissance d'oppression de la société (c'est le volet "neo-conservateur" de l'actuelle majorité). Tout se passe pourtant comme si les "réformes nécessaires" (principe de réalité) exigeaient l'abolition de toute dimension sociale alors qu'au contraire c'est aussi en matière de protection et d'accompagnement qu'il faudrait faire preuve d'inventivité. Quid d'un revenu universel qui garantirait aux jeunes une autonomie réelle ? Et d'un Crédit de lancement à destination de ceux et celles qui portent des projets, veulent prendre le risque de la création d'entreprise, sans pouvoir compter sur l'aide des banques, toujours aussi dubitatives face au risque entrepreneurial, ou d'un patrimoine familial ? Enfin imposture du terme "social-démocrate" sur des sujets aussi régaliens que la formation ou l'éducation ; le dirigisme d'état ne parvient plus à masquer la médiocrité des résultats, obtenus dans le broyage des enthousiasmes, d'un ministère de l’éducation nationale qui représente le premier budget de la Nation, un mythe voire une mystification qui sous couvert de "méritocratie" organise la confiscation des places stratégiques au profit d'élites endogamiques : beaucoup de peines pour si peu de joies.... De quoi faire sourire nos amis scandinaves.
Bref, vivants si vous passez par La Rochelle, passez votre chemin, vous n'y verrez que des spectres agitant des slogans du programme commun contre un gouvernement qui découvre tatcher et reagan avec 40 ans de retard... les morts parlent aux morts....
jeudi 21 août 2014
DE QUOI LEUR DENONCIATION DE L'ANTISEMITISME EST-ELLE LE NOM ? (2)
"Les Français de
souche sont peu à peu remplacés et comme l’assimilation ne fonctionne
que pour une partie seulement de cette nouvelle population
extra-européenne (celle qui a eu la volonté de s’assimiler), la France
s’expose mécaniquement à la perspective de ne plus être, d’ici une ou
deux décennies, ce qu’elle a été depuis son origine c’est-à-dire une
nation de souche européenne et de culture chrétienne. Ce phénomène n’est
pas propre à la France. D’autres pays d’Europe occidentale le
connaissent et les États-Unis aussi qui voient leur population WASP
(White Anglo-Saxon Protestants) en voie de minorisation.
Or je suis certain qu’il existe une majorité des Français qui ne
veulent pas voir la France perdre sa civilisation et je suis certain
aussi qu’une majorité politique peut se construire avant 2017 autour de
cette idée que Marine Le Pen incarne mieux que quiconque. Il n’y aucune
autre solution crédible que de construire cette majorité avec ceux qui
ont déjà compris le lien entre le défi islamique intérieur et le défi
islamique extérieur.
De ce point de vue, le sort des minorités chrétiennes d’Orient,
projection dans l’avenir de ce que pourraient vivre les Français dans
une France majoritairement islamisée, comme le sort des Juifs de France
de plus en plus victimes de brimades quand il ne s’agit pas de violence,
devraient aider les Français à comprendre que l’unité de la France ne
va plus de soi et que de grands périls pèsent sur elle.
Le nouvel antisémitisme vient d’une partie de la communauté musulmane
qui associe les Juifs à la politique d’Israël. Les manifestations
pro-palestiniennes récentes ont apporté la preuve évidente, d’une part
que la cause palestinienne est devenue une cause islamiste, d’autre part
que l’antisionisme ne cherche même plus à s’y distinguer de
l’antisémitisme (on a même vu dans ces manifestations des pancartes se
référant à Mohammed Merah, tueur d’enfants juifs). Bien évidemment, tout
Français lucide n’est pas dupe quant au jeu symétrique du
communautarisme juif, lequel a ses propres raisons de se victimiser pour
soutenir la logique d’émigration vers Israël. Mais l’exagération ou
l’instrumentalisation n’enlèvent rien à cette réalité implacable que les
enseignants de l’Education nationale relèvent depuis des années
maintenant dans les copies de beaucoup d’élèves issus de l’immigration. Un
pan entier et important de la population de nationalité française
d’origine arabo-maghrébine et musulmane n’est plus seulement
antisioniste, il est antisémite."
Aymerci Chauprade
http://blog.realpolitik.tv/
mardi 19 août 2014
mercredi 13 août 2014
lettre ouverte aux jeunes socialistes et à leur lucidité radioactive
j'ai lu avec intérêt votre tribune publiée sur le site Médiapart (1) ; j'y ai deviné un écœurement, une colère contenue, et surtout une incompréhension face à des mentors, vos aînés, sans doute surpris et irrités de vous voir prendre des initiatives qu'ils jugent aventureuses voire contraires au meilleur des mondes qu'ils ont planifié sans vous. Les coups les plus bas sont donc venus des camarades avec qui vous pensiez partager une utopie, des valeurs communes, une histoire, des luttes, un beau projet pour la France... Vous restez sans voix face à leur soupçon insistant, vous rougissez moins de honte que de colère à vous voir renvoyés aux côtés des soraliens et autres dieudonnistes, à devoir justifier vos convictions, votre enthousiasme, votre engagement ; vous vous défendez maladroitement, et chaque mot que vous prononcez semble vous accuser et vous accabler un peu plus... Solidarité avec les palestiniens ! Allons bon, voilà que les jeunes socialistes se font les complices naïfs, imbéciles, des terroristes du Hamas ! la fièvre antisémite corrompt jusqu'aux meilleurs d'entre nous ! Vous découvrez perplexes la révolte à géométrie variable des cadres du socialisme bedonnant et grisonnant, et leur indignation empesée, toute rhétorique, de professionnels du spectacle politicien qui doivent jouer leur petite partition attendue : vous les voyez froncer les sourcils, adopter la gestuelle malrucienne, le regard possédé par quelques visions abominables, invectivant un accusé absent, vociférant, martelant les mots clefs de leur dictionnaire qui ne compte que quelques pages, dans un réquisitoire sans appel, dont vous vous découvrez ahuris l'objet.
Vous pensiez avoir à vos côtés des camarades avec qui discuter librement, il n'en était rien ; le ton professoral, hautain et méprisant, le regard courroucé avec lequel ils vous toisent et vous clouent au pilori de l'abomination, tout indique chez eux que vous n'avez jamais été qu'un alibi exotique, le supplément d'âme juvénile d'un parti déclinant, qui certes a autrefois tendu une main amicale à la jeunesse mais c'est parce qu'il avait besoin de sa voix et de ses voix pour accéder à la fonction suprême. Mitterand en fin politicien avait médité l'échec de 1974, la classe ouvrière, même appuyée par des classes moyennes désireuses de voir les socialistes gouverner le pays, ne permettait pas d'escompter un succès électoral ; en dépit du programme commun d'inspiration marxiste, c'est vers la jeunesse que le candidat s'est alors tourné, avec le succès que l'on sait. Depuis la gauche considère comme acquis l'adhésion et le vote des jeunes pour ses candidats ; à travers sa politique culturelle, éducative, les associations qu'elle subventionne, elle a construit l'illusion que le socialisme à la française était la voix naturelle de la jeunesse, et donc de l'avenir, une véritable chasse gardée, un vivier au sein duquel elle puise quelques heureux élus pour renouveler de temps en temps les postes laissés vacants par des départs en retraite, bref un tapis de voix sur laquelle elle s'est longtemps reposée sans contrepartie. Le Parti socialiste se présente continuellement comme le parti du mouvement et de l'avenir non en raison d'idées que ses cadres médiocres sont incapables de produire mais justement parce que les idées neuves portées par de nouveaux venus peuvent trouver, après épreuves, pénitences et bizutages, une place et apporter leur vitalité à des vieillards somnolents. En accédant au pouvoir le parti socialiste s'est bunkérisé comme les autres (allégeances, flagorneries, intrigues, cooptation..., aujourd’hui d'ailleurs autant qu'hier, définissent l'ordinaire de cette cour caricaturale, mais Paris-Match a remplacé hélas Saint-Simon), il a en grande partie perdu le vote des jeunes qui ne se déplacent plus le jour des élections, ou s'expriment dans des choix de rupture, de dissidence et de résistance, à l’extrême droite ou à l’extrême gauche plus rarement, mais la puissance symbolique est là intacte, c'est tout ce qu'il reste à la gauche de gouvernement, François Hollande en plagiaire intelligent de Mitterand ne s'y est pas trompé : pour qui annonce des lendemains qui chantent la jeunesse est un étendard précieux.
Que la politique comporte sa part inavouable de petites intrigues, de calculs mesquins, de reniement, de machiavélisme bien ordonné... tout cela n'est guère nouveau et fait partie d'un principe de réalité avec lequel il faut bien compter, que l'authenticité et la pureté des intentions soient de piètres alliés dans la bataille politique qui vise au succès électoral, la cause est entendue... mais le malaise qui traverse votre lettre semble s'enraciner dans une rupture plus profonde, générationnelle ; votre soutien critiqué aux palestiniens révèle un divorce entre une bureaucratie datée (Laurent Fabius était déjà ministre dans les années 80...) qui sous couvert d'une éthique de responsabilité mène en fait la politique de ses artères, néoconservatrice, dans un société vieillissante, et une base militante qui lui sert encore de sympathique alibi, non sans contradiction. Vous vous revendiquez "jeunes, socialistes, pacifistes, internationalistes" j'ai bien peur pour vous qu'il ne se trouve pas un ministre du gouvernement actuel à qui l'on pourrait attribuer spontanément ces quatre qualificatifs et je suis convaincu que certains ou certaines ne manqueraient pas de protester en indiquant qu'ils ont vraiment fait tout ce qui était en leur pouvoir pour ne plus se voir ainsi dis-qualifié(e). Vous devriez approfondir votre perplexité et votre colère, interroger vos doctes cadres, au delà de vos exigences de "respect", afin de prendre la pleine mesure du paradoxe de votre position : on ne prépare demain avec les idées d'hier, le socialisme à la française est chose morte, ce sont ses rentiers, ses héritiers intrigants, qui ont besoin de votre jeunesse pour lui donner l'illusion de la durée, de l'actualité voire de l'éternité, pour garder une place, un poste, un pouvoir, mais ce n'est qu'un rêve, un mensonge complaisamment entretenu, une imposture de plus au passif des socialistes, une faiblesse peut-être chez certains d'entre vous qui comptent sur ce vieux monde pour faire carrière, "arriver" mais dans quel état, dans combien de temps, et pour quel bilan peu glorieux... Qui parmi vous veut être un Harlem Désir, un Julien Dray, voire un Manuel Valls.... , voyez ce qu'ils étaient et ce qu'ils sont devenus, sont-ce là des exemples susceptibles de forcer l'admiration et de galvaniser l'enthousiasme militant, vraiment ?
Vous pensiez avoir à vos côtés des camarades avec qui discuter librement, il n'en était rien ; le ton professoral, hautain et méprisant, le regard courroucé avec lequel ils vous toisent et vous clouent au pilori de l'abomination, tout indique chez eux que vous n'avez jamais été qu'un alibi exotique, le supplément d'âme juvénile d'un parti déclinant, qui certes a autrefois tendu une main amicale à la jeunesse mais c'est parce qu'il avait besoin de sa voix et de ses voix pour accéder à la fonction suprême. Mitterand en fin politicien avait médité l'échec de 1974, la classe ouvrière, même appuyée par des classes moyennes désireuses de voir les socialistes gouverner le pays, ne permettait pas d'escompter un succès électoral ; en dépit du programme commun d'inspiration marxiste, c'est vers la jeunesse que le candidat s'est alors tourné, avec le succès que l'on sait. Depuis la gauche considère comme acquis l'adhésion et le vote des jeunes pour ses candidats ; à travers sa politique culturelle, éducative, les associations qu'elle subventionne, elle a construit l'illusion que le socialisme à la française était la voix naturelle de la jeunesse, et donc de l'avenir, une véritable chasse gardée, un vivier au sein duquel elle puise quelques heureux élus pour renouveler de temps en temps les postes laissés vacants par des départs en retraite, bref un tapis de voix sur laquelle elle s'est longtemps reposée sans contrepartie. Le Parti socialiste se présente continuellement comme le parti du mouvement et de l'avenir non en raison d'idées que ses cadres médiocres sont incapables de produire mais justement parce que les idées neuves portées par de nouveaux venus peuvent trouver, après épreuves, pénitences et bizutages, une place et apporter leur vitalité à des vieillards somnolents. En accédant au pouvoir le parti socialiste s'est bunkérisé comme les autres (allégeances, flagorneries, intrigues, cooptation..., aujourd’hui d'ailleurs autant qu'hier, définissent l'ordinaire de cette cour caricaturale, mais Paris-Match a remplacé hélas Saint-Simon), il a en grande partie perdu le vote des jeunes qui ne se déplacent plus le jour des élections, ou s'expriment dans des choix de rupture, de dissidence et de résistance, à l’extrême droite ou à l’extrême gauche plus rarement, mais la puissance symbolique est là intacte, c'est tout ce qu'il reste à la gauche de gouvernement, François Hollande en plagiaire intelligent de Mitterand ne s'y est pas trompé : pour qui annonce des lendemains qui chantent la jeunesse est un étendard précieux.
Que la politique comporte sa part inavouable de petites intrigues, de calculs mesquins, de reniement, de machiavélisme bien ordonné... tout cela n'est guère nouveau et fait partie d'un principe de réalité avec lequel il faut bien compter, que l'authenticité et la pureté des intentions soient de piètres alliés dans la bataille politique qui vise au succès électoral, la cause est entendue... mais le malaise qui traverse votre lettre semble s'enraciner dans une rupture plus profonde, générationnelle ; votre soutien critiqué aux palestiniens révèle un divorce entre une bureaucratie datée (Laurent Fabius était déjà ministre dans les années 80...) qui sous couvert d'une éthique de responsabilité mène en fait la politique de ses artères, néoconservatrice, dans un société vieillissante, et une base militante qui lui sert encore de sympathique alibi, non sans contradiction. Vous vous revendiquez "jeunes, socialistes, pacifistes, internationalistes" j'ai bien peur pour vous qu'il ne se trouve pas un ministre du gouvernement actuel à qui l'on pourrait attribuer spontanément ces quatre qualificatifs et je suis convaincu que certains ou certaines ne manqueraient pas de protester en indiquant qu'ils ont vraiment fait tout ce qui était en leur pouvoir pour ne plus se voir ainsi dis-qualifié(e). Vous devriez approfondir votre perplexité et votre colère, interroger vos doctes cadres, au delà de vos exigences de "respect", afin de prendre la pleine mesure du paradoxe de votre position : on ne prépare demain avec les idées d'hier, le socialisme à la française est chose morte, ce sont ses rentiers, ses héritiers intrigants, qui ont besoin de votre jeunesse pour lui donner l'illusion de la durée, de l'actualité voire de l'éternité, pour garder une place, un poste, un pouvoir, mais ce n'est qu'un rêve, un mensonge complaisamment entretenu, une imposture de plus au passif des socialistes, une faiblesse peut-être chez certains d'entre vous qui comptent sur ce vieux monde pour faire carrière, "arriver" mais dans quel état, dans combien de temps, et pour quel bilan peu glorieux... Qui parmi vous veut être un Harlem Désir, un Julien Dray, voire un Manuel Valls.... , voyez ce qu'ils étaient et ce qu'ils sont devenus, sont-ce là des exemples susceptibles de forcer l'admiration et de galvaniser l'enthousiasme militant, vraiment ?
Je vois aussi dans votre sensibilité piquée au vif, bien des qualités, qui se trouvent détournées, exploitées au profit d'un parti et d'individus qui ne les méritent pas. La tentation de taire son authenticité pour se fondre dans la doxa d'une force politique qui vous permettra une belle carrière est sans doute grande, surtout en temps de crise, je passe sur ceux qui comme Jospin prétendaient via l'entrisme transformer l'appareil de l'intérieur, cet ancien trotskiste a fini premier ministre.... Mais c'est un mauvais calcul, rien ne dit que le socialisme à la Française conservera ses prébendes après les élections de 2017 et offrira à ses militants dociles autant de débouchés qu'auparavant ; au lieu d'être les derniers d'une histoire qui s'achève de la plus triste manière, à savoir réactionnaire et conservatrice (les socialistes craignent la nouveauté politique qui les renverrait définitivement dans les poubelles de l'histoire), pourquoi ne pas être les premiers à porter une nouvelle utopie politique ? Les partis institués, leurs cadres attendent vos idées, votre énergie, votre temps, votre dévouement, pour alimenter leur programme, installer leurs élus... et si vous commenciez d'abord par vous mobiliser pour vous-même, sur la base d'une condition commune, d'un destin partagé par ceux et celles qui vivent leur jeunesse comme une épreuve ou une impasse dans une France bloquée qui n'annonce aux arrivants qu'un lot de galères et de misères ? car avant d'être socialistes vous êtes jeunes, et c'est cela qui vous donne un avantage, théorique et pratique, sur ces mêmes socialistes. A lire les sociologues, les jeunes sont les grands perdants de l'époque, et ils n'auraient d'autres ambitions que de militer pour le confort de leurs grands parents ? sérieusement ? Il n'y a rien à attendre d'un parti aussi fatigué que le parti socialiste, c'est à vous de prendre la relève, de le rendre irrémédiablement inactuel en proposant aux problèmes qu'il soulève mais auxquels il ne sait pas répondre, vos propositions, vos solutions, vos convergences, vos revendications.
Dans votre lettre, vous prenez bien soin de vous désolidariser des dieudonnistes et des soraliens, vous condamnez les "casseurs", soit mais que proposez-vous à ces jeunes enragés qui cherchent l'affrontement avec les forces de l'ordre, manifestent défiance et hostilité face à la morgue républicaine d'un premier ministre droit dans ses bottes : de la prison, de la rééducation, des amendes ???... C'est avec cette jeunesse là, perdue pour les élections, tentée par les extrêmes et la radicalité, qu'il vous faudra aussi dialoguer, voire agir, afin de lui donner toute sa place dans la société, non seulement comme bénéficiaire de possibles réformes mais surtout comme acteur de ces transformations. L'avant-garde réelle n'est en rien cette réduction communautariste, ethnique, confessionnelle tant prisée par Monsieur Valls, c'est la ligne de force qui traverse l'ensemble du corps social, et découvre par les fractures qu'elle révèle d'étonnantes convergences, des rapprochements impensables hier, qui bousculent l'ordre établi, appellent une redistribution des cartes, des alliances, des conflits...
Je comprends votre révolte, je la partage et je vous souhaite de la pousser jusqu'à son terme libérateur.
Dans votre lettre, vous prenez bien soin de vous désolidariser des dieudonnistes et des soraliens, vous condamnez les "casseurs", soit mais que proposez-vous à ces jeunes enragés qui cherchent l'affrontement avec les forces de l'ordre, manifestent défiance et hostilité face à la morgue républicaine d'un premier ministre droit dans ses bottes : de la prison, de la rééducation, des amendes ???... C'est avec cette jeunesse là, perdue pour les élections, tentée par les extrêmes et la radicalité, qu'il vous faudra aussi dialoguer, voire agir, afin de lui donner toute sa place dans la société, non seulement comme bénéficiaire de possibles réformes mais surtout comme acteur de ces transformations. L'avant-garde réelle n'est en rien cette réduction communautariste, ethnique, confessionnelle tant prisée par Monsieur Valls, c'est la ligne de force qui traverse l'ensemble du corps social, et découvre par les fractures qu'elle révèle d'étonnantes convergences, des rapprochements impensables hier, qui bousculent l'ordre établi, appellent une redistribution des cartes, des alliances, des conflits...
Je comprends votre révolte, je la partage et je vous souhaite de la pousser jusqu'à son terme libérateur.
(1) http://blogs.mediapart.fr/blog/sarah-kerrich/050814/jeunes-et-socialistes-nous-manifestons-pour-la-palestine
LA SOCIETE DU SPECTACLE : QUERELLE ET QUENELLES
Si, au XVIIe siècle,
l'Angleterre puritaine, la Hollande gomariste, la Genève calviniste
réussissent à supprimer complètement le théâtre
et à interdire la profession comique, il n'en va pas de même
en terre catholique : la Querelle de la moralité du théâtre
y laisse place au compromis entre cet art et ses interprètes d'une
part, généralement soutenus par les autorités civiles,
et d'autre part les autorités ecclésiastiques soucieuses
de réforme profonde des moeurs chrétiennes. Ce qui est
en jeu dans ce débat entre clergé réformateur et
amis du théâtre, c'est moins la moralité du texte
théâtral que les moeurs de ses interprètes, et la
portée morale du jeu dramatique proprement dit. L'Eglise, et en
cela elle partage, si je puis dire, la conception du théâtre
d'un Antonin Artaud, ne s'intéresse pas tant au théâtre “ de
texte ”, qu'à l'expérience dramatique elle-même, à ses
acteurs, à ses spectateurs, et à l'enjeu de salut ou de
perdition qu'ils impliquent.
Passons en revue les protagonistes de la Querelle. D'abord, les arguments d'autorité. Aussi bien le cardinal Borromée que le publiciste puritain William Prynne, le jésuite Mariana (De Spectaculis, 1606) que le théatin Francesco del Monaco (In Actores et spectatores comoediarum nostri temporis paraenesis, 1621), tous les tenants de la thèse rigoriste citent les Pères de l'Eglise, Tertullien, Cyprien, Augustin parmi les grecs. Tous condamnent les spectacles profanes comme autant de reviviscences d'un paganisme archaïque, et les comédiens, comme des résurgences d'un clergé démoniaque, attachés sous ses masques multiples à séduire et perdre les âmes. Sous cet arsenal de citations patristiques (auxquelles se joignent celles de Sénèque) on reconnaît la volonté de reprendre ab ovo le grand combat de l'Eglise des premiers siècles contre cette forme du culte polythéiste qu'était le théâtre antique, revivifié dans les Académies par l'humanisme docte, répandu par les troupes de Commedia dell'arte.
La seconde série d'arguments invoqués par les partisans de la suppression du théâtre porte sur les comédiens eux-mêmes, les histriones. Ce sont non seulement des agents du démon, et de sa multiplicité, mais des prévaricateurs de la parole, qu'ils vendent aux spectateurs : il est légitime que le droit romain ait dénié à de tels sophistes toute fiabilité dans la vie civile, en leur ôtant la capacité d'entrer dans un quelconque contrat, à commencer par le mariage. Le droit canon a étendu à la société religieuse l'incapacité de ces esclaves mercenaires : il les exclut des sacrements et de la sépulture chrétienne. Perdus de moeurs, par définition, ils vivent en état de prostitution publique ; leur vue, à plus forte raison leur fréquentation, est criminelle. Les masques qu'ils portent ou les personnages qu'ils miment les ravalent dans une sorte d'animalité contagieuse.
Passons en revue les protagonistes de la Querelle. D'abord, les arguments d'autorité. Aussi bien le cardinal Borromée que le publiciste puritain William Prynne, le jésuite Mariana (De Spectaculis, 1606) que le théatin Francesco del Monaco (In Actores et spectatores comoediarum nostri temporis paraenesis, 1621), tous les tenants de la thèse rigoriste citent les Pères de l'Eglise, Tertullien, Cyprien, Augustin parmi les grecs. Tous condamnent les spectacles profanes comme autant de reviviscences d'un paganisme archaïque, et les comédiens, comme des résurgences d'un clergé démoniaque, attachés sous ses masques multiples à séduire et perdre les âmes. Sous cet arsenal de citations patristiques (auxquelles se joignent celles de Sénèque) on reconnaît la volonté de reprendre ab ovo le grand combat de l'Eglise des premiers siècles contre cette forme du culte polythéiste qu'était le théâtre antique, revivifié dans les Académies par l'humanisme docte, répandu par les troupes de Commedia dell'arte.
La seconde série d'arguments invoqués par les partisans de la suppression du théâtre porte sur les comédiens eux-mêmes, les histriones. Ce sont non seulement des agents du démon, et de sa multiplicité, mais des prévaricateurs de la parole, qu'ils vendent aux spectateurs : il est légitime que le droit romain ait dénié à de tels sophistes toute fiabilité dans la vie civile, en leur ôtant la capacité d'entrer dans un quelconque contrat, à commencer par le mariage. Le droit canon a étendu à la société religieuse l'incapacité de ces esclaves mercenaires : il les exclut des sacrements et de la sépulture chrétienne. Perdus de moeurs, par définition, ils vivent en état de prostitution publique ; leur vue, à plus forte raison leur fréquentation, est criminelle. Les masques qu'ils portent ou les personnages qu'ils miment les ravalent dans une sorte d'animalité contagieuse.
Le troisième groupe d'arguments est sans doute le plus déterminant
: il touche cette fois à l'essence de l'art dramatique, et à la
nature du plaisir mimétique qui appelle les uns vers les autres comédiens
et spectateurs. Pour les rigoristes, l'essence de la mimesis dramatique est
démoniaque : l'homme, image de Dieu, se dissout au miroir de la scène
en images de Satan, auxquelles l'identifie un plaisir intrinsèquement
sexuel et pervers, une inclination à la chute et à la corruption.
Le temps consacré au théâtre est l'envers direct du temps
consacré au salut. Toute moralisation ou christianisation du théâtre
est un alibi qui, rendant le mal moins voyant, accroît son pouvoir corrupteur.
Même le dramaturge, que les Jésuites du XVIIe siècle
préservent de la malédiction qui frappe ses interprètes,
se trouve englobé par les jansénistes Nicole et Varet dans l'oeuvre
de mort spirituelle qu'est le théâtre dans son ensemble. Corneille
est l'objet de leurs attaques les plus virulentes justement parce que ses tragédies
chrétiennes servent de prétexte à l'espèce d'acoquinement
sexuel que la scène crée nécessairement entre les comédiens
et les spectateurs.
Le soupçon qui se porte sur le théâtre
s'adresse à la parodie d'incarnation du Verbe qui s'y fait jour, à des
fins mercenaires de la part d'histrions impies, et pour des effets d'égarement
sur leurs spectateurs. Face aux sacrements, et entre autres au sacrement
de la parole en chaire, que le concile de Trente a élevé au
rang d'office majeur de l'épiscopat, la parole et l'action “ comiques ” apparaissent
comme des rivales démoniaques : la parole de vérité et
de salut ne peut coexister dans la même cité chrétienne
avec la parole de mensonge et de perdition, la chaire avec les tréteaux
ou la scène, le Christ orateur avec l'Antéchrist sophiste.
Même si saint Thomas, suivant la leçon d'Aristote, admettait
une certaine légitimité du théâtre, pourvu
qu'il se donne une fin édifiante, cette légitimité partielle
et de principe ne pouvait s'étendre aux comédiens, frappés à la
fois d'incapacité juridique au civil, et d'exclusion de la vie
sacramentelle. Elle pouvait tout au plus tranquilliser la conscience
des auteurs chrétiens de théâtre, mais non pas excuser
le recours de ceux-ci aux comédiens pour interpréter leurs
oeuvres. Et cependant, en dépit de ces vues rigoristes très
généralement prêchées et inspirant les instructions épiscopales
ou synodales, le débat en terre catholique restait ouvert. Dans
l'Allemagne catholique, on a affaire à un théâtre
monocolore, si j'ose dire, puisque les Jésuites et les Ordres
enseignants sont seuls à le pratiquer dans leurs collèges.
La situation est très différente en Italie, en Espagne,
en France, où coexistent un théâtre de Collège
et un théâtre profane, interprété par des
comédiens “ mercenaires ” et non par des étudiants,
et soutenu par les autorités civiles, qui y voient un divertissement
louable pour les nobles comme pour le peuple. C'est encore autre chose
en terre calviniste. Dans ce dernier cas, le théâtre, sous
quelque forme que ce soit, est interdit. On pourrait dessiner une carte
de l'Europe au XVIIe siècle selon
les lieux où l'on fait du théâtre, où l'on
fait les deux théâtres, où l'on n'en fait aucun.
Marc Fumaroli LA querelle du spectacle au XVIIème siècle
http://mediologie.org/cahiers-de-mediologie/01_spectacle/fumaroli.html
Du même auteur pour approndir : Rhétorique, théologie et "moralité du théâtre" en France de Corneille à Molière in Héros et Orateurs, Droz p. 449/491
mardi 5 août 2014
LA COLERE GAGNE LES RANGS DES JEUNES SOCIALISTES...enfin... QUITTEZ DONC CE PARTI QUI NE VOUS MERITE PAS !
Le conflit israélo-palestinien, avive les passions, non pas depuis la
création de l’État d'Israël comme beaucoup le laisse entendre, mais
depuis que cet État perpétue une occupation injuste, illégale et
meurtrière. Au Proche Orient, nous ne sommes pas face à une "guerre de
religions". Les bombardements de Gaza n'ont avoir ni avec la religion,
ni avec les origines. En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, nous
sommes en présence d'un colonisateur et d'un colonisé. Il est important
de faire cette première distinction, car tout ce dont on accuse
aujourd'hui les camarades qui se mobilisent pour la Palestine repose sur
cette confusion initiale. Ce que nous dénonçons aujourd'hui, c'est un
problème politique. Nous dénonçons la politique colonialiste et
intolérante d'un gouvernement de coalition de la droite et de
l'extrême-droite. (...)
C'était en tout cas sans compter sur les remarques que nous avons pu
entendre, stupéfaits puis écœurés, à propos des jeunes qui se battent
pour défendre le droit à l'existence et à la sécurité d'un Etat
palestinien. Il s'est trouvé qu'en France, nous ne pouvions pas dénoncer
la politique colonialiste de Benjamin Netanyahou et du Likoud sans être
pointés du doigt par certains comme des antisionistes, voire même des
antisémites... Que de mots, que de maux. Alors même que de nombreuses
voix en Israël s'élèvent contre cette politique, nous avons entendu, y
compris parmi nos propres rangs, des réserves concernant notre position,
et des mots d’une violence parfois inouïe à notre encontre. Ces
personnes qui nous pointent du doigt, nous mettent, d’une phrase, dans
le même sac que Soral, Dieudonné et consorts et commettent l'erreur de
transformer une revendication politique et humaine en un affrontement
religieux et communautaire, en une « guerre de civilisations ».
Jeunes et socialistes, nous manifestons pour la Palestine
Témoignage militant co écrit par Sarah Haddi, Boris Bonnet, Mehdi Chalah, Akli Chabouni, Mickael Fernandes et Sarah Kerrich
http://blogs.mediapart.fr/blog/sarah-kerrich/050814/jeunes-et-socialistes-nous-manifestons-pour-la-palestine
lundi 4 août 2014
zombies studies : viralité de la haine à l'heure numérique
Si je m'en tiens à la production cinématographique et aux séries qui inondent les canaux officiels ou ceux du "monde libre" (échappant encore à la censure), le zombie est devenu le héros/culte de notre post-modernité, il a fui le confort de la fiction pour imposer sa pantomime avant-gardiste et ses scripts monosyllabiques sur tous nos écrans ; ses avatars prospèrent et se multiplient, se glissent dans les débats de société les plus sérieux, qui ont à voir avec l'économie, la politique voire la métaphysique ; le mythe semble inusable, recyclable indéfiniment, il s'enrichit et se renouvelle au gré d'une exégèse débridée, en mots et en images, qui voit dans ce corps en putréfaction le nouveau Graal métaphorique ultime autorisant toutes les lectures politico-sociales : icône du sous-prolétariat, des exclus, des "damnés" du meilleur des mondes capitaliste en pleine décomposition... Nous sommes bien loin de la résurrection des morts biblique ! Certes, la réalité écrase parfois la fiction, et si en Angleterre ou aux Etats-Unis des universitaires commencent à donner aux Zombies studies une respectabilité épistémologique, la France véritable fer de lance de l'arrière-garde préfère "pléiadiser" le vénérable Jean D'ormesson et se pâmer devant le nouvel académicien Alain Finkielkraut. Pourtant un imposant corpus (vidéos, images et textes) est disponible sur internet grâce aux efforts de cohortes de fanatiques, anonymes ou plus connus, amateurs ou pros, du monde entier ; le gag y côtoie la plus étonnante érudition, la politique y a largement ses entrées, le sexe aussi, le vintage, le has-been, l'avant-garde, la subversion des codes hérités comme la reprise décevante des plus prévisibles clichés... Ce succès du zombie ne tient pas tant à sa puissance critique et dialectique (qui du vivant ou du mort est finalement le plus réifié ?) qu'au médium numérique utilisé. A l'heure où j'écris ces lignes, j'apprends que la "propagation du virus ebola" en Afrique est jugée par les experts particulièrement inquiétante. Et c'est ainsi : la prolifération zombiesque obéit elle-aussi à un principe de viralité propre à l'univers numérique : pas de rituels païens, de prières et invocations old school dans quelque sacristie profanée, le zombie accède à la plénitude de son être par le seul miracle de l'infection, d'un virus invisible, inodore, impalpable, immatériel et pourtant "codé" comme la communication numérique, qui de morsures en morsures modifie les programmes du logiciel humain jusqu'à en faire une "bête immonde". On devient zombie sans le vouloir, par accident, par inadvertance, par dilettantisme ou par hasard, jamais par vocation ! Autrefois Faust faisait un pacte avec le diable, en parfait petit agent de l'économie de marché, il escomptait de la transaction infernale un bénéfice terrestre supérieur au salut de son âme ; aujourd'hui rien de tout cela, on attrape le virus comme d'autres attrapent un rhume et bien sûr on le devient parce qu'on n'est pas vacciné, pas assez bien protégé comme votre ordinateur qui vérolé de partout refuse d’exécuter ses programmes faute d'un antivirus à jour.
Étonnant prolongement dans la vie réelle : cette viralité menaçante ne concerne jamais les corps (sauf pour souligner l'apathie du geek) mais exclusivement les esprits, les consciences, elle a débordé les cadres étroits et ludiques de la culture underground pour devenir une vision du monde (weltanschauung) qui organise le champ social selon les axes de la médecine, de la morale et de la police ; on ne comprend pas autrement le leitmotiv repris en chœur par toute la France vertueuse lors du safari lancé contre l’humoriste dieudonné ; j'étais chaque fois plongé dans la plus grande perplexité quand je lisais ou écoutais les formules définitives assénées comme un crédo de guerre sainte : "non à la propagation de la haine" ; la haine comme l'amour sont des sentiments qui peuvent se partager, si affinités, mais comment pourraient-ils se propager sauf à être des virus, porteurs de pathologies, aux conséquences funestes et mortelles ? La Haine comme l'amour relèveraient donc de l'action publique, préventive, de l'état, de sa médecine et de ses praticiens, dans l'intérêt bien sûr de la bonne santé de la nation. Le petit mot de Patrick Cohen à propos des "esprits malades" invités par Frédérique Taddéi n'avait rien de gratuit : dans cette lecture biologico-médicale d'un corps social malade, "anomique", la coupure épisté(de)mo(no)logique distingue à la fois le normal du pathologique, le sain du morbide, Elle fixe de facto la norme sociale comme une question morale et médicale, en excluant les "accidents" comme autant d'anomalies virales qu'il faut neutraliser afin de garder sain le corps social. Les interdictions de spectacle, les demandes pressantes de contrôle accru d'internet, la "lepenalisation" de la loi qui privilégie l'ordre public aux droits et aux libertés individuels, l'effraction du judiciaire et du policier dans le champ artistique... tout concourt à former par la bureaucratie d'état et ses mandatés un esprit sain dans un environnement sain ! Nous voilà donc revenus à "l'hygiènisme" social et moral, au XIXème siècle à la fois progressiste et obscurantiste si bien étudié par Philippe Murray, à ses sciences balbutiantes (psychiatrie, sociologie, histoire....), empreintes de préjugés, à son biologisme conquérant (Gobineau), à sa criminologie naissante, à son républicanisme autoritaire, à ses dames patronnesses, à sa bourgeoisie inquiète, à sa morale puritaine....en 2014....
LE FLEAU SOCIAL en 3 temps
ETAPE 1 : PREMIERS SYMPTOMES
lors du spectacle
Etape 2 :
la nuit suivant une séance au théâtre de la main d'or
Etape 3 :
la mutation achevée
Comparaison n'est pas raison, d'autant que la répétition en histoire n'a aucun sens, mais les éléments de langage qui se sont imposés dans l'espace public autorisent d'étonnants parallèles : les vices de la classe ouvrière ont été remplacés par les incivilités des banlieues ou sa délinquance (le sexe et plus largement le corps des classes populaires à travers notamment aujourd'hui la question du "voile" est une constante de cette fixation du pouvoir) , les "apaches" ont pris leurs quartiers de l'autre côté du périphérique, leurs faits d'armes font toujours les unes d'une presse et de ses lecteurs effrayés, ce n'est pas le "socialisme" qui inquiète les lecteurs du Figaro (non vraiment nos socialistes ne font plus peur à personne !) mais plutôt l'islam comme menace révolutionnaire imminente et sanguinaire (le cimeterre entre les dents !), les lois sur la liberté de la presse de juillet 1881 ne sont par contre plus d'actualité, trop "libérales", il faut remettre au goût du jour le nihil obstat, l'autorisation préalable, le délit de presse et le délit d'opinion... tout cela bien sûr dans l'intérêt de tous ! Il y a bien eu une affaire Dreyfus new look mais le casting en était quelque peu différent, peu de Zola, et la gauche dans le rôle de l'action française pour demander la tête de l'histrion, le "traître", le "renégat", la Ministre de la Culture main dans la main avec un inquiétant sinistre de l'intérieur, les minorités d'hier ostracisées ne sont pas forcément celles d'aujourd'hui, la sociologie de la France a changé, pas de Pasteur pour guérir la "rage" sociale mais des Diafoirus qui se répandent en éditoriaux apocalyptiques dignes des lignes les plus mortifères de feu Oswald SPengler (le déclin de l'occident) et accompagnent de leur bienveillance la mise au pas policière de nos libertés, je ne parle de la présence française militairement parlant dans ces colonies d'hier avec toujours le souci sans doute d'apporter "bonheur et prospérité".... il nous manque pour compléter ce tableau comparatif les anarchistes très actifs à l'époque mais en matière d'attentats et d'assassinats ils font figure de petits joueurs désormais, une crise de légitimité du pouvoir républicain qui entend affirmer son autorité sur/contre des populations rétives au "rêve français" dont elles sont depuis toujours exclues... Le XXIème siècle n'est toujours pas à l'ordre du jour.
Pour finir la saga zombiesque ou plutôt ouvrir un nouveau chapitre, alors que les bombes tombent sur Gaza, que des écoliers apprennent sans doute à compter en comptant les morts et les explosions, que l'expression "cesser le feu" va s'imposer comme un exemple mémorable d'antiphrase, je trouve cet extrait d'un nanar à gros budget World War Z; on y voit des hordes de palestiniens zombifiés prendre d'assaut Jérusalem !!! Message politique ? Ce serait beaucoup en demander, mais....
Pour finir la saga zombiesque ou plutôt ouvrir un nouveau chapitre, alors que les bombes tombent sur Gaza, que des écoliers apprennent sans doute à compter en comptant les morts et les explosions, que l'expression "cesser le feu" va s'imposer comme un exemple mémorable d'antiphrase, je trouve cet extrait d'un nanar à gros budget World War Z; on y voit des hordes de palestiniens zombifiés prendre d'assaut Jérusalem !!! Message politique ? Ce serait beaucoup en demander, mais....
samedi 2 août 2014
DE NOUVELLES RADICALITES PREVISIBLES ET ANNONCEES...
http://www.lexpress.fr/actualites/1/actualite/quelques-centaines-de-manifestants-pro-gaza-a-paris-malgre-l-interdiction_1562123.html |
"Une Cocotte-Minute qui n'aurait pas de soupape. Telle est l'inquiétante image choisie par les deux sociologues pour décrire le « fort potentiel de révolte » perçu au travers de cette vaste enquête. « C'est une génération qui veut entrer de plain-pied dans une société vieillissante. Elle enrage de piétiner à son seuil. Elle ne veut rien renverser, elle n'est pas en conflit de valeurs, mais elle trouve toutes les portes fermées, et elle envoie un avertissement. »
Besoin d'expression étouffé. Frustrations de ne pas avoir de place, de n'obtenir aucune reconnaissance sociale, de ne pouvoir devenir des citoyens à part entière, dotés d'un travail et d'un logement. Trajectoires déviées parce que l'emploi trouvé ne correspond pas aux études. Craintes pour l'avenir. Défiance vis-à-vis du politique… « Ce sentiment d'être privés de l'essentiel constitue un terreau fertile à la contestation. »
Jamais la jeunesse, en France, n'a été aussi éduquée.
Lorsqu'ils sont chômeurs, stagiaires, coincés dans l'intérim, ces
enfants de la démocratisation scolaire et de la mondialisation
culturelle, extrêmement informés, vivent comme une indignité de devoir se contenter de survivre alors que leurs études ont fait naître de forts espoirs. D'où cette frustration existentielle et cette capacité à développer un discours de plus en plus critique sur l'épreuve sociale qu'ils traversent. « Un nous'' pourrait se former, croient les sociologues, si les diplômés étaient rejoints par les jeunes en désespérance sociale. »
http://www.lemonde.fr/emploi/article/2014/02/25/frustree-la-jeunesse-francaise-reve-d-en-decoudre_4372879_1698637.html?xtmc=nouveau_mai_68&xtcr=55
LIEN UTILE :
POLITIQUES DE LA JEUNESSE LE GRAND MALENTENDU
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