mercredi 30 juillet 2014

Perplexité, panique, reactions, incompréhensions : le vieux monde dans tous ses états

aujourd'hui...
Sarcelles, Barbès, Bastille, Dortmund, Francfort… et tout devrait reprendre de suite, dès le jour d’après, comme si de rien n’était, comme si rien n’était advenu… Il faudrait en somme s’habituer, accepter le train normal des choses : s’accoutumer aux ricanements des Dieudonné, s’accoutumer aux quenelles, s’accoutumer aux éruptions, aux poussées de la violence haineuse, s’accoutumer à ces horribles cris : « Morts aux Juifs !», « A mort Israël !» ; s’accoutumer… Hausser les épaules et s’accoutumer : ainsi va la France ; ainsi va l’Europe… S’accoutumer, s’habituer à l’antisionisme ce prête-nom de l’antisémitisme, se conformer à ce temps de plus en plus saturé par des cris de haine empruntés à une époque qu’on croyait révolue. S’habituer en attendant le crime suivant.
Car si le matraquage idéologique haineux n’induit pas mécaniquement le crime ; si, du délire idéologique haineux au crime, il y a un abime, une ingénierie étatique de l’extermination, n’ayons quand même pas la mémoire qui flanche : le discours de haine prépare, laboure, sarcle le terreau de l’innommable ; le discours de haine enracine par temps ordinaires l’innommable à venir comme fait naturel dans les structures mentales ; le pogrom est toujours d’abord verbal et ensuite seulement atrocité, cruauté, sauvagerie physique.
A force de regarder ailleurs, un jour nous nous réveillerons de notre amorphe conscience et il sera déjà trop tard : ça sera Kichinev, ça sera Bialystok, ça sera Wurtzbourg… Et notre part de responsabilité sera incontestablement immense : car laissez dire, laissez faire, c’est de fait participer à la propagation, à l’expansion de la barbarie.
 http://laregledujeu.org/2014/07/29/17554/antisemitisme-lachetes-et-silences/

Les manifestants propalestiniens de Paris, Nice, Lille et ailleurs constituent le vivier dans lequel se recrutent les djihadistes, et la plupart d’entre eux sont français de naissance. Mais ils revendiquent d’autres racines, une autre identité, font même allégeance à un autre pays que celui qui les a vus grandir, les a soignés, accueillis à l’école. C’est le problème, l’immense problème, que nous avons devant nous. Que leur avons nous appris ? Que leur avons-nous laissé faire ? Quel exemple leur donne Mme Taubira avec sa folle réforme du code pénal ? Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, s’étonnait, mardi, au micro de Jean-Pierre Elkabbach, de voir ces questions d’identité surgir partout. Sans comprendre que la proposition de son parti, encore répétée, le 14 juillet, par son patron François Hollande, d’offrir le droit de vote aux étrangers (c’est-à-dire aux ressortissants d’Afrique et du Maghreb), était une cause de plus de la revendication identitaire. Nous allons vivre au rythme des fatwas du “calife” d’Irak et des tirs du Hamas.
http://www.valeursactuelles.com/l%E2%80%99intifada-commenc%C3%A9

Une gauche conformiste a longtemps évité de le voir : il existe bien, depuis quelques années, sur les franges d’une certaine jeunesse - dans les cités notamment - un antisémitisme d’un nouveau genre, qui prend tristement le relais des idées brunes diffusées par l’extrême droite traditionnelle. Les événements de Gaza servent ainsi de révélateur à une dégradation déjà à l’œuvre. Ainsi, il apparaît - on s’en doutait déjà - qu’on peut être à la fois exclu et intolérant, victime et bourreau, en butte au racisme et raciste soi-même.Au cœur de la République, après de décennies de pédagogie et d’appel à la mémoire, les préjugés les plus dangereux trouvent une nouvelle et glaçante incarnation. La faute n’en revient pas seulement à quelques gourous désaxés à la Soral. Une société fracturée où les élites économiques vivent dans un autre monde et où des politiques irresponsables agitent comme une torche leur obsession identitaire est également coupable.
 http://www.liberation.fr/societe/2014/07/22/dangereux_1068554

Il y a deux ans, Mohamed Merah avait représenté une sorte d’énigme pour les médias embarrassés par cette petite frappe métamorphosée en tueur, dont l’équipée sanglante révélait l’impuissance des services de renseignements français à prévenir les conséquences de l’islamisation des quartiers. Au moment du drame de Toulouse, la thèse encore largement admise était celle du profil « atypique », défendue par exemple par Gilles Kepel, celui d’un jeune djihadiste autoradicalisé ayant rencontré, sur le chemin d’un voyage initiatique en zone tribale au Pakistan, ses « frères d’armes » d’Al-Qaïda qui l’ont reconnu et adoubé. Anders Breivik, lui, avait plutôt suscité  l’hypothèse contraire : celle du bras armé d’une mouvance néo-fondamentaliste chrétienne organisée, dont Breivik devait être un simple exécutant. Mais aucune organisation suprématiste européenne ne se cachait derrière Breivik, même si la tragédie laisse craindre la multiplication possible de ce type d’explosion de violence individuelle à l’avenir. Il s’avère en revanche aujourd’hui que la mouvance fondamentaliste la plus dangereuse soit bien, en Europe, celle engendrée par les mouvements islamistes radicaux, le conflit syrien, remplaçant, dans le cœur des jeunes musulmans radicalisés, la cause palestinienne. Le recrutement de plus en plus important de jeunes djhadistes s’appuie néanmoins en partie sur les mêmes ressorts qui ont poussé un Breivik à passer à l’acte : frustration, absence d’échelle de valeur morale et fantasme de puissance. En cela le djihadisme n’est pas un corps étranger aux sociétés européennes qui existerait seulement grâce à l’endoctrinement efficace de jeunes naïfs de même qu’il n’est pas non plus un phénomène étranger à l’Islam qui ne serait que victime de la dérive fanatique de quelques-uns. Au contraire, il témoigne aussi bien du problème épineux de la relation entre religion et société dans l’Islam qu’il illustre les conséquences du sacre de l’individu moderne dont le désir de reconnaissance n’a d’égal que la frustration constante qu’il engendre dans les sociétés occidentales.
http://www.causeur.fr/portrait-de-lassassin-en-perdant-radical-28630.html

L'antisémitisme des années trente agonise et la grande solidarité antiraciste des années quatre-vingt a volé en éclats. On a affaire aujourd'hui à l'antisémitisme de ceux qui se disent les damnés de la terre, d'où l'embarras des progressistes. Ils n'en reconnaissent l'existence qu'à contrecœur et quand ils ne peuvent plus faire autrement. Ainsi parlent-ils aujourd'hui de «nouvel» antisémitisme pour un phénomène qui existe depuis près de trente ans. Cette haine ne vise d'ailleurs pas que les juifs. On l'a vu lors des manifestations qui ont suivi les victoires de l'Algérie dans la Coupe du monde, des rodéos de voiture au remplacement des drapeaux français par les drapeaux algériens sur les édifices publics, comme à Provins par exemple. Il s'agissait d'exprimer tout ensemble sa fierté nationale et son mépris pour la nation où l'on vit.
 http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/07/26/31001-20140726ARTFIG00004-alain-finkielkraut-au-nom-de-la-lutte-contre-l-islamophobie-on-sous-estime-la-haine-des-juifs-et-de-la-france.php
 comme hier...


En fait par le jeu combinée de la poussée démographique et de la mobilité sociale exigée par le développement, des postulats idéologiques de démocratisation qui régissent a priori les universités françaises depuis 1930, il s'agit de masses de jeunes que les fonctionnaires d'état à tendance idéologique , logocratique ont de plus en plus parquées sans prévision dans des campus de concentration ; ils se sentent, à l'appel des meneurs, physiquement assez forts pour "casser le système" qui extrait un petit nombre d''un plus grand (par concours et examens) et , en toute imprévision, ne voient que le présent : destruction immédiate des supériorités manifestes, après on verra.
Les opérations révolutionnaires peuvent cheminer un certain temps sous de tels couverts.
Ortega y Gasset a prophétiquement décrit dans LA révolte des MAsses, l'action de bas en haut d'un envahisseur vertical. L'un des signes les moins récusables du malaise d'une culture est de produire, trop vite et en trop grand nombre, ses propres barbares.
(...) Aujourd'hui plus que jamais, l'esprit grec devenu esprit scientifique, et l'esprit messianique devenu esprit révolutionnaire, s'opposent irréductiblement. L'existence de sectaires et de fanatiques à froid à qui la participation subjective à un corps de vérités révélées, à une gnose, donne, à leurs propres yeux, droit sur tout et sur tous, droit de tout faire et de se permettre, persiste encore en 1968 à poser une question de vie et de mort à une société qu'ils viennent de mettre une fois de plus, avec les prétendues "révoltes d'étudiants" au bord, non plus d'une guerre de religion, mais d'une forme peut-être prochaine de ce fléau historique : la guerre de civilisation.
Jules Monnerot, Sociologie de la Révolution, Fayard, août 1968

nb : pas assez "grecs", "scientifiques", "français", trop "frustrés", "identitaires", trop "d'ailleurs" pas assez "d'ici", susceptibles de tous les "pogroms", toutes les "cruautés"... Que réservent donc tous ces "vieux sages" à cette jeunesse qui les inquiète tant... la barbarie qui vient, un classique, un classique... et bien pour comprendre nos modernes "barbares", il faudrait que nos commentateurs atterrés dépassent le freudisme de comptoir, leurs préjugés de caste, leur ton apocalyptique (l'effondrement des valeurs traditionnelles..), un catastrophisme aveuglant, leurs phantasmes envahissants, le recours paresseux et déterministe à l'histoire et ses drames pour rendre compte d'un présent inédit...  Libérés de toute cette vieillerie rhétorique ils pourraient envisager plus sereinement, de manière quelque peu décalée, le désordre social ambiant ;
 
L’économie nucléaire met à la base de la sphère sociale, le désir insatisfait des biens existants ou possibles et installe comme juges provisoires, les agents du marchés, fondés sur les catégories de goût des emplois ; ceux-ci départagent par leur existence concrète le bien du mal, le normal de l’anormal.
Dès lors contrairement au freudisme et au marxisme, pour qui le normal et l’anormal dépendant des agents figés – le circuit « moral », la « censure » ou la « nécessité libidinale » suffisante chez le sexologue- ; la "mentalité" et « l’homme prolétarien » chez le philosophe économiste - en donnant au désir une force de combat certaine, grâce à l’action de l’externité créatrice, nous révélons les raisons du bouleversement et de la transformation collective des normes, de tous les domaines de la culture et de la vie.
Nous rendons l’économie responsable des névroses psychologiques individuelles et nous offrons aux impulsions psychologiques des fondements économiques, c'est-à-dire des bases quantitatives, mathématiquement formulables.
Des millions de « fous » (jeunes antisémites, nationalistes, révolutionnaires, assassins) qui échappent aux motivations psychanalytiques et qui passant entre les mains des psychiatres et de leur bavardage philosophique, sortent encore plus fous qu’ils n’y sont entrés, démontrent la nécessité et les pouvoirs futurs du territoire isouien de la science des peines- plaisirs.

 Isidore ISou
Traité d’économie nucléaire supplément  tome 1 chapitre 1 le désir paradisiaque et l’externité p.158/159 (CICK, 1972)


mardi 29 juillet 2014

MAI 68 REVISITED : dépasser la mythologie situationniste






Élargir l’école, prolonger l’enseignement, c’est qu’on le veuille ou non, d’une part éloigner le jeune de sa famille, d’autre part également l’éloigner du monde du travail, c’est finalement le placer hors classe ou plus exactement créer une nouvelle classe (..) une catégorie sociale nettement discernable est en train de prendre corps. Ce processus me semble inéluctable. Il faudra bien un jour consacrer dans les idées et les institutions cet état de fait et le plus tôt sera le mieux. Dores et déjà toute politique de la jeunesse qui omettra de se référer à une telle situation sera vouée à l’échec, plus encore elle engendrera les troubles les plus graves dans la société toute entière.



Vers un sous prolétariat ?

Si de profondes modifications n’interviennent pas dans l’organisation de la société, nous assisterons à l’apparition d’une masse sans cesse accrue d’individus non intégrés immédiatement par la société, sans pouvoirs ni droits propres, et pendant longtemps sans débouchés, le procédé qui consiste à prolonger la période de scolarité ou à entretenir un service militaire à défaut de guerres n’est qu’un expédient provisoire destiné à prolonger artificiellement un type périmé d’organisation sociale.

IL faut en effet souligner l’urgence d’une intégration immédiate des jeunes dans la société, par une consécration de leurs droits et de leurs pouvoirs, comme seul moyen de répondre valablement à la situation nouvelle. Alors que le jeune vivait autrefois dans sa famille, dont il était tributaire, il était concevable que ses droits et pouvoirs fussent exercés par son père, cette délégation recouvrant une réalité sociale, issue de la permanence et de la solidité de l’institution familiale. Les liens nationaux, comme les liens sociaux, étaient à base autocratiques, et l’intégration du jeune était parfaitement réalisée dès sa naissance et souvent au-delà de la majorité par la subordination au père de famille. Or la question qui se pose maintenant  est la suivante  qui à l’heure actuelle met en en ouvre les pouvoirs des jeunes ? Certainement plus les parents. Ces pouvoirs sont tour à tour neutralisés et exploités par des collectivités vivant sur des principes anciens appliqués à des situations nouvelles mal connues de telle sorte que chacun détient à la vérité en son  pouvoir la faiblesse de tous.

Nous constatons que chaque individu passe 30 à 40 années à lutter (ou à attendre) pour obtenir une fonction créatrice dans la société. Il n’en faut pas plus pour expliquer le marasme, le malthusianisme, la stagnation que l’on dénonce un peu partout. La fonction devient une fin en soi, alors qu’elle ne devrait être qu’un moyen. Elle coïncide fort tard avec la bonne situation, et le terme qui définit la conception, c’est un fauteuil où il fait bon se reposer, l’attente et la fatigue tenant lieu de mérite social.

C’est dire que le danger va s’aggravant au fur et à mesure que s’allonge la période improductive imposée à la jeunesse. Nous assistons à la naissance d’un sous-prolétariat, entièrement disponible, taillable et corvéable à merci, prêt à toute aventure propre à le sortir de l’inertie.



Politique de la,jeunesse ?

Nous considérons qu’une telle politique ne peut et ne doit pas se borner à une politique pour les jeunes mais surtout une politique par les jeunes. Une politique pour les jeunes est vouée au tâtonnement et au référendum permanent et stérile. La seule politique souhaitable sera celle qui consistera à fournir aux jeunes les moyens de se faire eux-mêmes. En fait la jeunesse ne sera véritablement intégrée dans la société que par une prise de conscience de ses possibilités. Ses possibilités, elle ne les trouvera pas dans le passé, l’histoire. La jeunesse est toute dans le présent, toute dans l’avenir. Son rôle est de rechercher le neuf dans tous les domaines et à tout instant car seul le neuf annonce l’avenir. Tant que la jeunesse sera privée des moyens qui lui permettent d’accomplir cette tâche, elle en sera réduite à cette position  de détachement, de refus de la vie sociale que nous avons analysée. La jeunesse n’est actuellement qu’une possibilité, elle n’existe pas. 

Claude Némaux, Panorama de la Jeunesse 1954, article publié dans le numéro 9 (et dernier) de la Revue Le Soulèvement de la Jeunesse (Marc O, Yolande De Luart), 1954

lundi 28 juillet 2014

FORTUNE ET INFORTUNES D'UN MOT


"La question, dès lors, c’est de comprendre pourquoi une idéologie réactionnaire s’est emparée de la sorte du mot "antisémite", traquant le prétendu "antisémite", ou le "nouvel antisémite", dans des zones soigneusement délimitées et ciblées, depuis Bourdieu jusqu’aux collégiens d’origine maghrébine, c’est-à-dire, pour l’essentiel, des intellectuels d’une part, des fils d’immigrés d’autre part. Or ce qui apparaît au fur et à mesure qu’on examine les textes, c’est le gain idéologique, stratégique même, qu’il y a à se revendiquer de la "lutte contre l’antisémitisme" quand il s’agit en fait bel et bien de tenir un discours qui, il y a seulement quelques années, disons avant le 11 septembre 2001, serait apparu clairement pour ce qu’il est, à savoir un discours de droite, ou d’extrême droite, la frontière étant de moins en moins claire. Pour en venir maintenant au titre de mon ouvrage, ce que j’entends par "réaction philosémite" c’est donc, sous le déguisement d’une lutte contre l’antisémitisme, une agression idéologique contre les fils d’immigrés, principalement arabes ou noirs, et les intellectuels, principalement progressistes" .
Yvan Segré auteur de La réaction philosémite, Éditions Lignes 2009, plus que jamais d'actualité !
la suite de l'entretien : http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article1579
les enjeux du débat :
http://lemondejuif.blogspot.fr/2009/09/la-reaction-philosemite-de-ivan-segre.html

MANIFESTATION AU CENTRE DE CULTURE CONTEMPORAINE A MONTPELLIER




18/07/14 - 21/09/14
Bas Jan Ader, Eleanor Antin, Robert Barry, Mel Bochner, Sophie Bélair Clément, Dominique Blais, George Brecht, Marcel Broodthaers, James Lee Byars, André Cadere, Dieudonné Cartier, Alejandro Cesarco, Kathy Constantinides, Jan Dibbets, Marcel Duchamp, Robert Filliou, Dora Garcia, Mark Geffriaud, Felix Gonzales-Torres, Dan Graham, Felix Gmelin, Jenny Holzer, Douglas Huebler, Khalil Joreige & Joana Hadjithomas, Alan Kaprow, On Kawara, Ben Kinmont, Nicholas Knight, Alison Knowles, Joachim Koester, Silvia Kolbowski, Mikko Kuorinki, Louise Lawler, Audrey Martin, Bruce Nauman, Garry Neill Kennedy, John Perreault, Adrian Piper, Roland Sabatier, Bettina Samson, Yann Sérandour, Mieko Shiomi, Mario Garcia Torres, Endre Tòt
Commissaire: Sébastien Pluot

Exposition du 18 juillet au 21 septembre 2014


Une lettre arrive toujours à destinations constitue le troisième volet de la saison  « Vous avez un message », après Conversations Electriques (22 juin – 15 décembre 2013) qui s’intéressait aux conversations à distance, et Dernières Nouvelles de l’Ether  (7 février – 22 juin 2014) qui explorait l’environnement électromagnétique à travers lequel nous communiquons.

Les messages qui transitent par une simple lettre comme par des média de télécommunication engagent l’établissement d’un pacte scellé entre expéditeur et destinataire. Mais un pacte dont les termes font l’objet de détournements, déviations et incertitudes : sommes-nous en mesure d’identifier l’authenticité de l’envoyeur ?  Ce message nous est-il vraiment destiné ? Transformons-nous le message à mesure que nous le découvrons ?  
De même, une œuvre atteint toujours plusieurs destinations car elle n’adresse jamais un sens univoque et se transforme par les interprétations qui en sont faites.   

Cette exposition est conçue comme un contrepoint critique à un environnement technologique qui nous sollicite et nous saisit par l’envoi incessant de messages à la fois personnalisés et programmés par des algorithmes qui substituent toujours plus des coordonnées informatiques à une adresse physique.


Cette exposition qui a donné lieu à un patient travail de recherche et d’archive, présentera des mouvements et des œuvres emblématiques de l’histoire de l’art des années soixante et soixante-dix. Des mouvements comme le Mail art ou Fluxus ont voulu faire rentrer la vie dans l’art, inscrivant l’œuvre dans le jeu, le quotidien et même le prosaïque. Ces œuvres seront mises en perspective avec  des œuvres d’artistes d’aujourd’hui dont certaines ont été produites par La Panacée. Des figures aussi essentielles de l’art, tels que Marcel Broodthaers, Felix Gonzalez-Torres ou Bruce Nauman côtoieront des artistes d’aujourd’hui qui, à l’instar de Ben Kinmont ou Mark Geffriaud, prolongent ces préoccupations essentielles dans un contexte où les technologies numériques règlent de manière croissante nos communications. 
(...) http://lapanacee.org/fr/exposition/une-lettre-arrive-toujours
    


NEWS FROM ACQUAVIVA : UN NOUVEAU THEATRE DES OPERATIONS, LA PLAQUE TOURNANTE (http://laplaquetournante.org)




dimanche 27 juillet 2014

POUR COMPRENDRE LES NOUVELLES RADICALITES


(Sarcelles, 20 juillet 2014, http://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/pourquoi-les-manifestations-pro-gaza-degenerent-en-france_652149.html)



IL y a dans le réveil de la jeunesse une même sauvagerie sous-humaine, une espèce de retour à l’enfance et au bégaiement farouche, incohérent, un recul aveugle vers la boue, qui semble stupéfiant, inhumain aux adultes ignorants des flammes qui la dévorent.
L’externité, impatiente devant l’ouate avec laquelle ses propres associations s’efforcent de chatouiller ses brûlures, se laisse chuter dans les bras du Moloch revendicatif, national ou de « classe », ou elle le crée, le déniche à l’instant où il n’existe pas.
Dans ces retour à la sauvagerie, ce ne sont pas les partis de l’ordre donné, libéraux ou chrétiens, qui gagnent, mais les groupements d’aventuriers qui promettent la bagarre, qui se moquent du conventionnalisme établi, qui en chaque phrase sifflent le changement, le bouleversement (...) Ne sachant pas quoi bâtir, ni vers quoi avancer, la jeunesse sait premièrement quoi détruire, de quoi se sauver.



Isidore Isou Le Soulèvement de la Jeunesse Tome 2 La dynamique de la créativité pure et détournée 1949, CICK, 1971 page 79

DE QUOI LEUR DENONCIATION DE L'ANTISEMITISME EST-ELLE LE NOM ?



Nous y voilà donc... l'affaire Dieudonné il y a quelques mois n'aura été qu'une préparation, une simple mise en jambes et en bouche, d'un formidable coming-out attendu qui se joue aujourd'hui sous nos yeux ébahis : la grenouille socialiste s'est muée en un prince charmant droitier, policier et décomplexé. Fortune et infortune des mots, c'est sous la bannière de la lutte contre l'antisémitisme que ces néo-conservateurs, hier aux côtés des classes malheureuses auréolés du prestige des grandes luttes sociales passées, trainent aujourd'hui leur indignation calculée entre deux diners mondains ; leur "colère", leur "mobilisation" est une mauvaise nouvelle pour beaucoup, they are still alive... et ils sont bien décidés à une nuire à une part toujours plus grande de nos concitoyens exclus de leur meilleur des mondes. A écouter ces illuminés au seuil d'une nouvelle croisade (pour ce qui de l'inquisition, nous sommes déjà bien avancés), un spectre hanterait la France, pourrirait la qualité d'un "vivre ensemble" acquis de longue date, menacerait la "cohésion sociale".... Ce nuage noir lourd de périls dans le bleu de leur ciel s'appelle l'antisémitisme. De ce  mot il a été tant de fois usé et abusé qu'il est désormais quasiment impossible d'en saisir précisément le sens ; il semble doué d'une plasticité qui lui permet de se lover dans toutes les situations, de disqualifier une idée, une personne, peut-être demain un animal ou un objet, sans avoir à se justifier ; par son vague même il remplit pleinement son cahier des charges policier : marquer, stigmatiser, accuser, condamner, sur la base d'une infamie maximale bien analysée par Godwin, à propos des processus de nazification de l'interlocuteur sur internet, et semble relever pleinement de la pensée magique. L'adjectif antisémite est désormais autoréférentiel, il se passe de commentaire, d'explication, de réfutation, de discussion (logos), il s'appuie sur la peste émotionnelle, le sentimentalisme dont il démultiplie la puissance enivrante et irrationnelle, il ne cherche pas à susciter une quelconque réponse intellectuelle, il veut la réprobation organique, viscérale, le haut-le-cœur (le succès de l'adjectif "nauséabond" véritable marqueur du bavardage contemporain), le vomissement, la colère intestinale, l'indignation partagée et la communion grégaire dans un pathos qui distingue le groupe "honorable" du dissident, forme contemporaine du bouc émissaire, ainsi disqualifié. Il fonctionne selon une dynamique d'exclusion, il trace une frontière de respectabilité, un entre-soi et un au-delà, un eux et un nous, qui se prolonge dans une organisation sociale inégalitaire : il est le catéchisme de la petite bourgeoisie inquiète, le bréviaire des notables incommodés, la morale des castes dominantes, la petite partition musicale obligée pour tout candidat à un poste important dans la bureaucratie politique ou médiatique, la dernière pornographie interdite dans un monde réglé par la transgression et l'excès ; il a eu un sens autrefois dans le champ politique, sur la scène historique, et quel sens terrible !, mais c'est à d'autres fins que les administrateurs de ce monde ont décidé de la mobiliser. Dans cette dénonciation permanente, obsessionnelle du "nouvel antisémitisme", de"l'antisémitisme qui vient"... les accusés se ressemblent tristement : jeunesses des quartiers défavorisés, musulmans, immigrés..., les accusateurs aussi ; Toute une xénophobie (de caste, de classe, d'ethnie et d'âge) venue de nos prescripteurs autorisés, politiques et médiatiques, qui habituellement savent cacher leurs incontinences, se trahit  à travers ce leitmotiv maladif toujours dirigé vers les mêmes zones turbulentes de la société, vers les mêmes outsiders en rupture ; des propos jusque là tenus et défendus dans des discussions avinées de fin de meetings lepenistes sont pleinement assumés par une "presse sérieuse", des hommes et des femmes politiques "responsables" (you can laugh now !) ; entre deux tournantes et prières de rue intempestives les jeunes islamo/fascistes aux patronymes exotiques se préparent pour le Djihad, dans la cave d'une cité où la police n'ose plus mettre les pieds... La France a peur ! MAis quelle France ? Depuis des années une partie de la presse joue sur ce tropisme anxiogène, relayant clichés, poncifs et phantasmes, trouvant toujours plus d'oreilles complaisantes auprès de nos politiques de droite comme de gauche, elle  entretient un soupçon continuel sur ceux qui apparaissent comme de mauvais républicains, voire de faux français travaillant dans l'ombre à transformer ce beau pays, ses valeurs universelles, au profit d'un communautarisme intégriste et d'une nouvelle barbarie dont l'antisémitisme représenterait l'ultime et fatal avatar... La lutte contre l'antisémitisme brandie par nos élites, leur indignation surjouée, sont la version hexagonale pathétique du "choc des civilisations" et de la "guerre au terrorisme" qui ont marqué aux États-Unis le tournant néoconservateur : panique morale diffusée à l'ensemble de la société à grands renforts de sensationnalisme médiatique, de campagne de presse, démission de tout esprit critique au nom de logiques sécuritaires et liberticides (internet est encore trop "libre" en France paraît-il), mobilisation de tous devant l'imminence d'une menace fantôme pour le moins brumeuse ("la haine" ahhrghhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh...) et d'un ennemi qui est déjà là (votre voisin, votre collègue, votre commerçant, Mustapha, Fatima, Leila....), passage progressif avec le consentement de citoyens effrayés d'un état de droit à un état d'exception, recul des libertés publiques.... Cette fièvre  groupusculaire qui s'ignore, et prétend légiférer pour tous et servir de thérapie délirante, cible la jeunesse des quartiers populaires qu'elle n'arrive plus à enrôler dans ses combats d'arrière garde, qu'elle désigne maintenant comme un corps étranger, rétif au "vivre ensemble" et aux "valeurs républicaines", une nouvelle menace intérieure ; que cette rhétorique soit un classique de la presse de droite (Valeurs actuelles ou Le figaro), voilà qui n'a rien de surprenant. Plus nouveau est son adoption par une gauche institutionnelle, force est de constater que celle-ci ne se signale désormais que par ses atermoiements "d'anciens combattants" totalement dépassés (tout fout l'camp ma bonne dame...) et ses nostalgies d'un républicanisme 19èmiste (autoritaire...) qui visiblement se réduit à une gestion policière  des problématiques sociales (voir le journal Libération et son incompréhension notable des violences qui accompagnent les manifestations de soutien aux palestiniens, le concept vaseux de "haine" tient désormais à gauche lieu de prêt à penser qui vous dispense du moindre effort spirituel). Le rappel à l'ordre quasi sarkozyste, l'injonction au respect d'un modèle dont nos jeunes émeutiers sont notoirement exclus, dispensent les insiders de s'interroger sur la légitimité d'un modèle dont ils sont désormais les heureux et seuls bénéficiaires ; ils peuvent continuer à entretenir la fiction d'une "bonne vie" communément partagée, leurs ficelles grossières ne font plus illusion ; les dernières campagnes de SOS Racisme ou de La Règle du Jeu ont été des échecs patents, ces officines vertueuses ( et bedonnantes, grisonnantes, vieillissantes...) incarnent le vieux monde, la mystification (l'antiracisme œcuménique) dont nos jeunes et fiers apaches ont appris à se méfier. Le sursaut républicain (droitisation qui ne veut pas dire son nom) ne veut pas comprendre les passions mauvaises, aberrantes par certains aspects qui travaillent une jeunesse en rupture, il en appelle aux flics, aux curés (les imams sommés de ramener "les braves musulmans" à la raison servile...) pour maintenir  son petit ordre, son standard de vie, ses mythes et ses préjugés, sus aux perdants, aux losers, aux déclassés, guerre ouverte aux classes dangereuses.... Il est significatif d'une mutation idéologique à gauche, qui traduit un clivage générationnel : la gauche d'hier, arrivée, assise, sédentaire, bien "dans la place" se découvre aussi conservatrice que ses homologues droitiers dans la défense des rentes et positions acquises, pas question de réformer la machine infernale au bénéfice des outsiders qui s'impatientent, sans perspective, dans une irrévérence nihiliste ; ce tournant néoconservateur ne va pas sans occasionner des cas de conscience au Parti socialiste (mais les places, les places...), et à gauche (salut à Esther Benbassa pour sa tribune dans le Huffington post, http://www.huffingtonpost.fr/esther-benbassa/manif-pro-gaza_b_5616724.html ) : on se souviendra pour mémoire des débats parlementaires à l'occasion des "lois anticasseurs" (1970), des arguments portés par Chazelle, Ducoloné et Mitterand et perplexe on constatera que la gauche d'aujourd'hui, cazeneuviène ou vallsienne, reprend exactement les arguments de leurs contradicteurs droitiers de l'époque.
(https://www.youtube.com/watch?v=X9WLEChR3hw)
Époque effrayante où Marine Lepen apparait comme la vedette probable d'un hypothétique dîner du Crif et où la dénonciation policière du lumpenprolétariat est devenue l'impératif catégorique, le seul combat, la seule morale, la seule intelligence sociale de la gauche "responsable".