mardi 5 janvier 2010

LET'S DANCE !


Amazing ! Le Centre National de la danse organisera à partir du 18 janvier et jusqu'au 29 janvier sous la direction de Olivia Grandville, Jean Pierre bobillot et Frédérique Devaux une formation qui fait visiblement la part belle aux positions du lettrisme dans le domaine chorégraphique Danses ciselantes, compositions discrépantes, ballets infinitésimaux. Cette initiative affiche un projet pour le moins amibitieux :
"Lecture et écoute des textes dans leur dimension musicale, théâtrale et théorique ; débat sur ce qu’ils recèlent de novateur et d’obsolète, ce qu’ils questionnent de nos pratiques actuelles ; apprentissage de certaines partitions gestuelles dont (Premier Sonnet gesticulaire et de La Fugue mimique de Maurice Lemaître ; exploration chorégraphique des propositions ciselantes d’Isou ; constitution de groupes de travail, afin de choisir un sujet à s’approprier et à développer ; déchiffrage de poésies lettristes et écoute des compositions musicales lettristes ; mise en jeu publique permettant d’aborder une dimension importante du système lettriste : le public considéré comme acteur et catalyseur de l’énergie provocatrice indispensable à la mise en oeuvre de certaines propositions ; projection de films tels que Traité de bave et d’éternitéLe Film a déjà commencé (Isidore Isou), (Maurice Lemaître), Tambours du jugement premier (François Dufrêne)… Intervention de Jean-Pierre Bobillot sur la poésie sonore et de Frédérique Devaux sur le cinéma lettriste."
Cette action qui vient comme un début de reconnaissance institutionnelle (la prise en compte et la mise en discussion et en action de propositions artistiques) se doit d'être saluée car la mise à l'écart systématique du lettrisme tient moins aujourd'hui à un complot voire à une conspiration malveillante (les situationnistes troglodytes adorent ce genre de fiction) qu'à une méconnaissance fâcheuse entretenue par un déficit de formation des personnels et décideurs culturels . Quel chorégraphe, quel metteur en scène, quel acteur en formation... a aujourd'hui eu l'opportunité de se "frotter" aux avant-gardes sur ce terrain là à un moment ou un autre de son cursus ? Bien sûr il y a des esthétiques dominantes, des poncifs qui trônent et imposent à tout nouveau venu leurs codes (comme dans le sacro-saint domaine musical français) et des "luttes" pour subvertir les hégémonies autorisées... mais il revient sans nul doute aux organismes publics d'offrir justement au public non pas une esthétique officielle ou la promotion des "copains de promos" (laissons cela à la télévision) mais la diversité des pratiques et des choix théoriques qui font la richesse d'un domaine artistique. Dans les années soixante devant l'incurie des institutions culturelles Lemaître avait fondé son théâtre-Neuf dans le cadre duquel avaient été proposés au public les grands "classiques" du théâtre Dada, surréaliste et expressionniste complètement ignorés au profit des grands noms qui s'imposaient alors (Beckett, Ionesco, Genêt) comme porteurs de "modernité". Aux futurs Merce Cunningham il faut un Black mountain college !