jeudi 30 décembre 2010

EMMANUEL TODD ET LES COMPTES CRUELS DE LA JEUNESSE

"Deux phénomènes se combinent :
  • l'émergence d'une structure oligarchique concentrant la richesse et le pouvoir -1 % de la population, en haut, s'empiffre d'une manière qui n'a plus de sens.
  • le vieillissement, qui est lié car le capital appartient plutôt aux vieux.

Bien sûr, la plupart des vieux ne sont pas de grands capitalistes. Il suffit de se promener dans la rue… Le vieillissement est au cœur du processus démocratique car les plus de 65 ans représentent plus de 20 % du corps électoral.

Le discours du sarkozysme est celui de la réforme, du changement, le « Ça va bouger ! ». Et, effectivement, Sarkozy bouge, il s'agite. Son élection a été habillée ainsi.

Mais l'analyse démographique du vote de 2007 montre autre chose : Sarkozy a eu 44 % des votes des plus de 65 ans au premier tour. Plus qu'aucun président de droite, Sarkozy a été l'élu des vieux.

Pourquoi ? Parce que la France a été terrorisée par les émeutes de 2005, qui étaient un soulèvement de la jeunesse. Cette peur a été réactivée par les incidents de la gare du Nord, en mars 2007, juste avant l'élection présidentielle. La question des retraites, c'est l'émergence de la démographie au cœur du problème politique français.

L'idée d'ajuster le temps de travail sur la durée de vie n'est pas scandaleuse. Ce qui a été étrange dans cette réforme, c'est l'annonce, dès le départ, que les retraités (l'électorat sarkozyste) ne seraient pas touchés, et donc que le coût de l'ajustement serait supporté par les jeunes. Cette réforme censée dynamiser le pays reflète, en vérité, le fait que le pouvoir sarkozyste est un pouvoir des vieux. Tous les arbitrages se font contre les jeunes.

Les partisans de la réforme disent qu'elle va sauver le système pour les jeunes, confrontés à la dette des soixante-huitards.

La réalité, c'est que le gouvernement n'affronte pas la réalité économique. Cela n'a aucun sens de mettre en place des plans dans un futur indéfini, dans un contexte d'inaction et de laisser faire, alors que le système économique français se désintègre. La priorité, c'est de le remettre sur des bons rails, et les retraites suivront.

Vous êtes favorable au retour de l'Etat dans la sphère économique ?

Pas du tout. Les protectionnistes sont des libéraux, qui croient au marché, à la libre activité de l'entreprise. Il faut juste fixer la taille du terrain de jeux. C'est le contraire de l'Etat bureaucratique. C'est l'Etat libéral qui organise l'existence d'un marché. Moi, je crois au marché.

Que pensez-vous de la motivation des jeunes qui sont descendus dans la rue ?

Je n'aime pas faire parler des catégories sociales. Mais j'ai un peu de mal à imaginer que des jeunes de 15 ans puissent se soucier vraiment de leur retraite. Par contre, l'oppression économique des jeunes est réelle…

La proportion des jeunes qui font des études supérieures est à peu près égale depuis 1995, jamais les jeunes générations n'ont été aussi bien formées. Les générations d'analphabètes sont à la retraite.

On est dans une société loufoque, qui dépense pas mal d'énergie pour l'éducation de sa jeunesse et qui, ensuite, adhère à un système économique qui assure l'écrasement de la jeunesse et de la baisse de son niveau de vie.

C'est un gaspillage d'énergie énorme. Les jeunes sont assez conscients de ce qui les attend sur le marché du travail. Et donc j'imagine qu'ils ne sont pas très contents. La nouveauté de la période, c'est qu'à part les 1 % d'en haut de la structure sociale plus personne ne profite du système.

En 1995, dans les standards occidentaux, on estimait que les 20 % des classes moyennes supé rieures ayant fait des études ramassaient 50 % de la richesse.

Aujourd'hui, ces mêmes 20 % stagnent ou ont des revenus en baisse. On est dans un processus de réunification de la société par le bas : une mécanique inexorable qui écrase les différentes catégories, en commençant par les plus faibles : jeunes issus de l'immigration, monde populaire, classes moyennes… Il y avait aussi des voitures qui flambaient à Saint-Brieuc !

La démographie nous condamne à des gouvernements de droite pour vingt ans ?

Il y a une forte probabilité. En Europe, le virage à droite a été massif. Mais on n'est pas dans la pire situation : l'âge médian des Français est d'un peu moins de 40 ans ; en Allemagne, c'est 44 ans. La démocratie sénile la plus avancée, c'est l'Allemagne. Les choses sont plus compliquées.

Il faut penser, comme le fait Louis Chauvel, en termes de générations. Les plus de 70 ans ont une histoire très favorisée en termes économiques. Mais nous allons voir arriver de « nouveaux vieux », ayant eu des existences très dures comme actifs, et dont les revenus vont baisser une fois à la retraite.

L'âge d'or des Trente Glorieuses n'était qu'une parenthèse. Comment vont tourner les « nouveaux vieux », comme moi ? On ne sait pas. Je ne suis pas très optimiste."

entretien complet in http://www.rue89.com/entretien/2010/11/28/emmanuel-todd-notre-classe-dirigeante-nest-pas-au-niveau-178081

vendredi 24 décembre 2010

2012 ANNEE DU SOULEVEMENT DE LA JEUNESSE ?

  • "Une société qui, tel Cronos, dévore ses enfants est une société qui se meurt.
    Terra Nova appelle à une « révolution copernicienne » des politiques publiques,
    au profit d’une stratégie d’investissement social qui concentre les moyens
    publics sur les jeunes générations." Olivier Ferrand, directeur de Terra Nova

    (http://www.tnova.fr/note/dossier-du-monde-d-cryptage-le-grand-d-bat-investir-dans-notre-jeunesseSelon)

  • "Une démocratie ne peut prétendre à cette qualité si elle tourne le dos à l’essence même de sa vitalité : les jeunes. Je ne suis pas le hérault d’une catégorie d’age. Je suis le vecteur d’une solidarité républicaine renforcée autour d’un partage intergénérationnel. Je suis assuré que la fougue de notre jeunesse trouve en la maturité des plus mûrs les chemins vertueux du vivre ensemble."

    Maxime Verner, 21 ans, plus jeune candidat déclaré pour les élections 2012 !!!

    On lira son appel républicain sur son blog : http://blogverner.wordpress.com

  • « 43% des jeunes actifs (37% des jeunes actives) habitant dans les quartiers pauvres sont au chômage. C'est le chiffre alarmant qui ressort du nouveau rapport de l’Observatoire national des Zones urbaines sensibles (Onzus), remis ce jeudi remis au ministre de la Ville Maurice Leroy.Sur une population active potentielle de 250 000 jeunes entre 15 et 24 ans, 100 000 sont au chômage, a détaillé la présidente de l’Onzus, Bernadette Malgorn. Au total, le taux de chômage a grimpé à 18,6% en 2009, contre 16,9% en 2008, dans les 751 quartiers retenus par les pouvoirs publics comme cibles prioritaires de la politique de la Ville.Il dépasse les 17% enregistrés en 2003 au moment de la mise en place de la loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine, dont l’objectif était de réduire significativement les inégalités en banlieue sur une période de cinq ans. » Libération 23/12/2010

    http://www.liberation.fr/societe/01012309720-des-banlieues-minees-par-le-chomage-des-jeunes






samedi 4 décembre 2010

LE SOULEVEMENT DE LA JEUNESSE EXPLIQUE AUX RETRAITES QUI GOUVERNENT CE MONDE

Le 30 novembre dans l'indifférence généralisée se tenait à l'Université Paris VIII Saint-Denis une table ronde à l'occasion de la sortie d'une brochure présentant une relecture, à la lumière des enjeux politiques, économiques et sociaux contemporains, du Soulèvement de la Jeunesse, théorisé par Isou. Quelques personnes présentes, mais un auditoire de haute qualité, pour un public absent qui au même moment tout autour de nous planchait à diverses occupations universitaires, sans doute promises à un trop peu d'avenir. Un grand Merci à celle et ceux qui en cette occasion ont pris le temps de venir, d'écouter, de converser... dans la plus grande convivialité.




(Frédéric et Sylvain)



(François Poyet, Cindy, Sylvain)



(l'auteur et l'œuvre)