mercredi 24 février 2010

SOUTIEN A ALI SOUMARE !!!

Les élections régionales en Ile-de-France sont plutôt prolixes en coups bas et allégations de toutes sortes ;le jeune candidat Ali Soumaré vient d'en faire l'amère expérience. Voilà que les listiers (lisiers ?) de droite ressortent (comment ?) les vieux dossiers judiciaires le concernant : quelques condamnations et affaires en cours qui relèvent de la petite délinquance. La gauche socialiste quand elle est sans idées ni projets ne cessent d'en appeler rituellement à la justice sociale et à l'omniprésence de l'Etat, la droite quand elle brille par son néant programmatique revient à quelques fondamentaux de circonstance (l'immigration, la sécurité). Elle comptait sans doute non sans falsification disqualifier la liste de gauche en renvoyant Ali Soumaré à ces deux insuffisances : famille d'origine non hexagonale et passé judiciaire. La ficelle était trop grosse et les initiateurs de cette basse manœuvre de basse campagne en ont été pour leurs frais (plates excuses). Il n'empêche : Ali Soumaré était renvoyé à ses "accidents" de parcours pour lesquels il a rendu et il rend des comptes. On reconnaît là le regard d'une droite aveugle à la jeunesse des banlieues, à ses externes, qu'elle ne comprend pas et qu'elle assigne à la case délinquance sans lui donner les moyens politiques, économiques, scolaires de pourvoir en sortir (d'où sa préférence pour l'activisme policier, les lois sécurité qui se succèdent dans la plus inefficacité). Isou dans son Soulèvement de la jeunesse avait bien saisi l'ambivalence des dynamiques sociales de la jeunesse, oscillant entre créativité détournée et créativité pure. Ali Soumaré vient sans doute de la petite délinquance mais il a transformé son ressentiment et sa négativité en un engagement citoyen positif au service de tous. Est-ce à dire que le Parti Socialiste comprend mieux cette externité et sait lui faire une place ? Certainement pas, pour l'instant, et il a démontré aux dernières présidentielles combien il était allergique à tous ceux qui ne constituent pas sa routine instituée. Voudra-t-il demain ouvrir davantage encore ses listes, parier sur ces externes ou préfèrera-t-il se lamenter à grand renforts de paternalisme sur leurs échecs, leur violence, les formes plus déplaisantes de leur créativité détournée ? A suivre.

vendredi 19 février 2010

LA PENSEE TROGLODYTE FRANCHIT UNE FOIS DE PLUS LE MUR DU CON !

Certes Claude Allègre brille par son outrance et il paraît difficile de le suivre quand il se laisse aller à l'insulte mais rien n'est plus surprenant que la manière dont la recherche scientifique est invitée à faire profil bas, à s'effacer devant toutes sortes de lobbies ; aux États-Unis les orthodoxies religieuses voudraient bien mettre au pas la science mais que penser ici d'une nébuleuse nourrie de Orwell mal digéré qui sur le mode du catastrophisme obscurantiste s'impose dans l'espace public en slogans simplificateurs et en intimidations qui visent à empêcher le citoyen d'être informé, le scientifique de chercher et surtout souhaiteraient visiblement imposer à tous leurs tics et leurs tocs : petit extrait de cette lèpre de l'intelligence :

"Prenant acte du naufrage de sa campagne de promotion, la Commission nationale du débat public (CNDP) annonce ce mercredi 3 février 2010 l’annulation de ses trois dernières réunions prévues à Montpellier le 9 février, à Nantes le 16 février et à Paris le 23 février 2010.

Pour sauver la face, elle improvise en lieu et place des visio-conférences d’experts sur Internet, invitant les internautes à leur poser des questions par mail et par téléphone, comme dans n’importe quel talk-show à la radio ou à la télé.

Après la conduite de Grenoble subie le 1er décembre 2009, Jean Bergougnoux, président de la CNDP-Nanos, avait claironné à la manière du général Mac Arthur qu’il reviendrait. "A Grenoble, le débat n’est que suspendu, il n’est pas annulé, et reprendra sous une autre forme", déclarait-il le soir du 1er décembre [1] . Confirmation le 26 janvier à L’Express.fr [2] : "Je me suis promis d’y retourner".

On voit qu’il n’en est rien pour l’instant, à notre vif regret. Nous espérions rendre à M. Bergougnoux le Pipeau d’Or que nous lui avions décerné lors d’un précédent passage, et qu’il a oublié d’emporter dans sa prompte retraite.

Nous avions appelé au boycott et au sabotage de la campagne de promotion du nanomonde par la CNDP. L’échec de cette mascarade est une bonne nouvelle. Les dispositifs d’acceptabilité et de "démocratie technique" ont été démasqués et défaits. En dépit de moyens considérables, et de l’explosion d’un budget initial de deux millions d’euros fourni par le ministère de l’Ecologie. Explosion sur laquelle les journalistes ne manqueront de demander des comptes.

Nous menons depuis janvier 2003 le débat public sur les nanotechnologies et l’avènement du nanomonde à travers des livres, des films, des articles, des émissions de radio, des réunions publiques, des manifestations, et nous allons continuer avec tous les opposants à la tyrannie technologique, qui partout en France ont fait dérailler le train publicitaire des nanotechnologies. Et en tout premier lieu avec les collectifs anti-nanos de Montpellier, de Nantes et de Paris, qui poursuivront, eux, leur travail d’information, d’alerte, et de débat direct dans les mois à venir.

Quant à nous, nous invitons les rhônalpins à Grenoble les 5 et 6 février pour le 3e café luddite avec l’historien François Jarrige, auteur de Face au monstre mécanique (http://www.piecesetmaindoeuvre.com/...)."

in www.reporterre.net/spip.php?article915

Assurément, les sciences et les techniques doivent faire l'objet dans leurs usages d'un choix éclairé, le débat éthique contradictoire est légitime ; encore faut-il qu'il reste quelque espace aux scientifiques pour y apporter leur substance. Le catastrophisme entretenu à dessein sur la question du réchauffement climatique n'aide pas forcément le citoyen à mieux comprendre et à opérer des choix en conséquence, pire encore cela réduit des questions complexes qui ont besoin d'une authentique vulgarisation à des caricatures qui sont autant de faillites de l'intelligence critique. Ne faisons pas de procès politique a priori à la recherche scientifique, ce ne sont pas les scientifiques qui décident si oui ou nom un pays doit faire sien par exemple le nucléaire, ce sont des choix politiques qui intéressent chacun et il n'est pas en ce domaine plus douteux que ces groupuscules qui prétendant parler au non de tous (du bien, du bon, du vrai) finissent par vouloir décider pour tous.

jeudi 18 février 2010

LIBERALISME ET JUSTICE SOCIALE


Le libéralisme est un mouvement de pensée qui tout en se déclinant dans nos vies quotidiennes sur le plan politique et économiques reste largement méconnu voire caricaturé par nos contemporains lorsqu'il se trouve invité dans les débats publics souvent passionnés qu'il suscite ; aussi convient-il de saluer la publication dans la collection Folio d'un remarquable essai de Catherine Audard Qu'est ce que le libéralisme ? Réfutant les procès simplistes que l'on fait usuellement aux idées libérales (promotion de l'égoïsme auto-suffisant, guerre de tous contre tous dans la recherche exclusive de la satisfaction des passions privées, utilitarisme antisocial, etc...), elle réinstalle dans leur vérité et leur complexité les apports historiques de la pensée libérale (depuis ses fondateurs Locke, Smith, Hume jusqu'aux contemporains courants "libertariens" ou néo-libéraux) dans la relation tendue qu'ils entretiennent entre des fondamentaux (état de droit, liberté souveraine du sujet) et la nécessité d'une justice sociale. On comprend à la lire combien une intelligence binaire (droite versus gauche) est incapable de rendre compte de la richesse d'une pensée qui en France a longtemps été confinée aux marges de l'intelligence officielle toujours sous le coup de Marx et de ses innombrables spectres (Althusser, Bourdieu, Badiou et tous leurs épigones). Pourtant les concepts de discrimination et d'égalité des chances qui font aujourd'hui l'actualité politique et sociale sont directement issus de la pensée libérale, mais ils ne sont que la face visible d'une pensée en mouvement qui porte l'exigence démocratique et ses contradictions et dont l'ouvrage de C. Audard nous donne toute l'épaisseur. Il n'y a pas un libéralisme mais des libéralismes, et le néolibéralisme financier qui cause tant de désordre et d'injustice aujourd'hui est aussi éloigné de l'éthique libérale que la prose dogmatique de R. Garaudy ne l'était de la pensée de Karl Marx. Là où l'ouvrage s'avère bien utile c'est qu'il privilégie à la seule approche historique s'appuyant sur les grands textes et leur exégèse, la mise en situation par l'ouverture directe à des problématique contemporaines (diversité et multiculturalisme, place de la religion dans la modernité, égalité des droits et égalité des chances). Le chapitre sur John Rawls est lumineux : défenseur d'un libéralisme délibératif (débat pluraliste avec recherche d'un consensus sur la base de règles acceptées par chacune des parties en présence), ce dernier propose une théorie de la justice sociale qui a le mérité de sortir d'un égalitarisme abstrait et peu efficient au profit d'une distinction subtile entre inégalité juste et inégalité injuste.
La lecture de ce livre démontre s'il en était le caractère hautement périssable des doxas au regard des contributions historiques de la pensée : le marxisme comme le freudisme ont dominé les esprits pendant des générations (le "fameux horizon indépassable de notre temps" lancé par Sartre), les épigones de Levi-Strauss ont décliné le structuralisme dans tous les champs de l'activité humaine, les universités américaines sont "Derridés" et pratiquent tout azimuts la déconstruction... Et puis un jour, de cela il ne reste rien ou un nom Derrida, Levi-Strauss, Freud, Marx... renvoyé à ses forces et aussi à ses insuffisances, contesté sur le terrain qu'il occupait par des nouveaux arrivants qui veulent faire mieux, aller plus loin, ailleurs... Que la gauche s'entête encore à suivre les spectres que représentent les épigones tardifs de Bourdieu, Badiou ou encore Foucauld pour prétendre solutionner la question de la justice sociale ne témoigne que de sa volonté d'apporter sa contribution au maintien de la plus grande ignorance en ce domaine. Isou débarrassé des étiquettes réductrices (gauche/droite) avait publié une remarquable Histoire du Socialisme, il avait dans ses cartons une Histoire du Libéralisme, tant pour lui l'un et l'autre comprenaient des apports essentiels à l'intelligence politique des problèmes sociaux et à la formation de propositions nouvelles. Qui à gauche aura cette liberté intellectuelle là d'aller du côté des libéraux pour au moins se remettre à réfléchir ?

mardi 16 février 2010

no retreat for outsiders !

L'actualité offre quelques télescopages savoureux qui donnent bien la mesure "artérielle" des urgences de ce pays devenu sourd et aveugle devant une jeunesse qui cherche en vain une fenêtre ouverte vers un ailleurs : tandis que les faits-divers violents au sein même des lycées sonnent le glas des prétentions de la droite à régler définitivement "incivilités" et "insécurité", les partenaires sociaux se préparent pour ce qui est annoncé comme "le grand chantier" de cette année 2010. Les postures se disputent les unes des journaux, chacun jouant son rôle sans conviction, dans un moralisme routinier : les inégalités sociales ma bonne dame, c'est terrible ! voilà la raison de tant de violence juvénile se lamente une dame patronnesse encartée gauche bien dans ses certitudes faisandées. Que non ! ce sont les parents démissionnaires, assistés, à qui il faudrait derechef couper les allocations familiales afin que ces parasites assurent enfin leurs responsabilités parentales lui oppose un jeune cadre qui a réussi et qui ne comprend pas que d'autres puissent "rater".. A ceux qui les plaignent comme à ceux qui les accablent (l'ensemble communiant dans une même impuissance essentielle à comprendre et à agir), il faudrait sans doute faire remarquer que les principaux concernés n'en demandent pas tant, et qu'ils n'ont finalement besoin que des armes, réelles, matérielles et de la confiance accordée par leurs ainés pour se réaliser et entrer de plain-pied pacifiquement dans la société comme des pairs reconnus.
La gauche est bien dans son rôle quand elle souligne la faillite du tout "sécuritaire", le "flic" comme seule réponse à une ce qui reste un problème social qui nous concerne tous et qui à ce jour demeure sans solution. Mais que nous propose donc la gauche "radicale" ou "réformiste" incapable de dépasser quelques fondamentaux (Rousseau, Marx) qui ne sont plus nécessairement les plus pertinents pour aborder ces conduites transgressives et leur donner une issue sociale ? Qu'attendre d'une gauche qui demande toujours plus de moyens (financiers et humains) pour soutenir une Education Nationale surbureaucratisée incapable d'assurer les missions que la société lui a confiées et ce sans jamais s'interroger sur les raisons de cette inefficacité qui désormais est connue de tous ? Où finira-t-elle par se perdre cette jeunesse qui doit se découvrir aujourd'hui si seule... Que doit-elle penser des ainés avant tout affairés à l'épineuse réforme de leurs retraites (sujet certes important) quand elle ne sait pas même quand elle pourra entrer dans la vie active, avec quelle formation "bidon" ou quel diplôme "pour rire", à quelles conditions et pour quelles sordides perspectives ?