samedi 15 janvier 2011

SALUT A TOI LE TUNISIEN !

La fuite minable du despote Ben Ali permet à la Tunisie de mettre un terme (provisoire ?) à un régime corrompu, incapable de répondre aux aspirations et besoins les plus élémentaires de ses concitoyens. A ceux qui ici se satisfaisaient de la clique Ben Ali comme rempart contre un islamisme politique qui tente de s'imposer depuis des années comme figure exemplaire de l'opposition au Maghreb (non sans succès en Algérie), la société tunisienne vient de démontrer qu'elle représentait par sa mobilisation la cime la plus avancée d'une volonté de réforme sociale, économique et politique. Il faut souligner le rôle de la jeunesse qui à l'avant-garde de la contestation a littéralement mis le "feu aux poudres" : véritable contradiction vivante d'un système qui a massifié l'enseignement supérieur pour n'offrir aux lauréats des universités que la misère et le chômage. Bien sûr, les inégalités de richesse, l'absence de redistribution, les effets redoutables des spasmes de la mondialisation sur des économies fragiles (hausse des matières premières), la cooptation de tous les moyens par un pouvoir et ses proches... expliquent l'exaspération des tunisiens. Mais ni les grilles de lecture libérales, ni celles du marxisme (et que dire des décryptages "ethniques" ou "religieux") ne peuvent rendre compte de la dynamique qu'a représenté la jeunesse dans ce mouvement social d'ampleur : refus de la misère, demande d'emploi en rapport avec les diplômes, liberté d'opinion et d'expression, non pas la "révolution nihiliste" mais le désir de réforme pour accéder à l'existence et la reconnaissance ! Certes, rien n'est encore joué, les proches de Ben Ali n'entendront pas renoncer aussi vite à leurs privilèges et à leurs rentes indues, le mouvement social peut être récupéré, piégé, trahi par des forces politiques réactionnaires (islamistes) et ce d'autant qu'une partie non négligeable des opposants politiques se trouve en exil, mais la jeunesse étudiante en posant son problème comme LE problème révélateur d'une société bloquée représente en cet instant une force progressiste par qui peut venir la transformation attendue de la société tunisienne. Ses demandes sont nombreuses : sur le plan politique et économique, il ne suffira à une nouvelle majorité, même désignée démocratiquement aux prochaines élections, de lâcher ici et là quelques concessions pour en être quitte avec la colère venue comme en mai 68 des Universités (qu'un Ben Ali averti s'est empressé de fermer). C'est à un vrai programme ambitieux de réformes notamment économiques avec les jeunes et pour les jeunes qu'il faudra qu'elle s'attache. Enfin, comme Isou l'avait déjà noté, l'armée ne représente pas seulement le bras armé du pouvoir despotique, "l'ennemi de classe", mais un rassemblement d'externes dont le refus d'intervenir lors des manifestations a marqué une solidarité avec la contestation et a surpris plus d'un commentateur. D'autres pays seraient bien inspirés de "prendre acte" de l'exemple tunisien, et pas seulement ailleurs (Égypte, Algérie notamment dont la jeunesse sur-diplômée est condamnée à la misère) mais aussi ici, en Europe. On aura remarqué à quel point en ces circonstances historiques le personnel politique en France est décidément en dessous de tout : de l'impayable Frédéric Mitterrand à l'indigence d'une Alliot Marie, ces gens là nous disent comment ils traiteront le moment venu un soulèvement de la jeunesse française...

mardi 11 janvier 2011

ALGERIE : "NOUS NE NOUS EXCUSERONS PAS D'ETRE VIVANTS"

"(...) Après la guerre civile des années 90, serions nous passés dans « une guerre civile froide, une confrontation généralisée sans arme », comme le croit notre historien ? Avec à chaque fois les mêmes symboles à brûler : les symboles d’un état extérieur à la société, la poste, les mairies, les écoles publiques, des lieux qui ne remplissent plus leurs missions de services publics mais qui sont des « instruments de pouvoir. » Pendant que le libéralisme accentue les inégalités sociales et n’ouvre de perspectives qu’à une minorité de privilégiés. A Belcourt, Younes et les siens ont brûlé l’annexe de la mairie, le musée des martyrs de la guerre de libération nationale, et ils ont pillé un magasin de vêtements et de téléviseurs plasma, ni le service public, ni le marché libéral qui les exclus n’ont trouvé de grâce à leurs yeux. « Ils veulent nous briser, bientôt ils nous mettront des compteurs au cou pour nous faire payer l’air qu’on respire. En manifestant, nous avons envoyé un message au gouvernement : nous ne nous excuserons pas d’être vivants. »

source :
Ghania Mouffock
http://www.indigenes-republique.fr/article.php3?id_article=1191

jeudi 6 janvier 2011

VERS UN SOULEVEMENT DE LA JEUNESSE ? LES COMMUNISTES S'Y METTENT AUSSI !

La droite propose d'abaisser la majorité pénale à 16 ans? Si l'on est adulte à 16 ans, répondent Emmanuelle Becker, conseillère de Paris (PCF), et Ian Brossat, président du groupe PCF/PG au Conseil de Paris, alors il faut abaisser le droit de vote au même âge.


(...) Malheureusement, la liste de ce que l'on refuse à la jeunesse ne s'arrête pas là, et c'est tout le problème. Pas de travail pour elle, puisque le «non-emploi» des jeunes (ou leur production low-cost : piges, stages, free-lance) sert de variable d'ajustement dans la politique de «non-lutte» contre le chômage. Pas de logement puisque pas d'emploi (qui d'ailleurs ne suffit plus à payer un loyer, encore moins à acheter un bien). Pas de retraite, demain, non plus. Et l'on remarquera avec le sociologue Louis Chauvel que «les derniers retraités aisés du début du baby-boom décident de l'appauvrissement des générations nées trop tard, victimes muettes d'enjeux où leur absence est sciemment organisée» (Le Monde du 3 janvier 2010). Souvenons-nous à cet égard de la condescendance des ministres au moment des manifestations contre la réforme des retraites –qui renvoyaient les chers bambins (lycéens, donc bientôt condamnables par un tribunal de droit commun) à leurs études.

De plus en plus d'experts, d'universitaires, mais aussi de jeunes et de moins jeunes évoquent une «génération sacrifiée», comme on parlait de «génération perdue» après le bain de sang de la première guerre mondiale. Ils ont raison. Les jeunes d'aujourd'hui n'ont pas expié les crimes de leurs pères dans les tranchées, ils payent pour eux tous les jours, dans leurs études (dégradées, sans débouchés), dans leur travail, dans leur santé et leur bien-être. Il est temps de les entendre. De les considérer comme des membres à part entière de notre société et de notre démocratie dès 16 ans. Pas d'en envoyer certains en prison. Pas d'attendre leur entrée sur le marché (réel) du travail (dont l'âge moyen recule, il avoisine 30 ans, aujourd'hui). Pas d'attendre qu'ils soient propriétaires (quarante ans plus tard), ou à la retraite (peut-être). Certains demandent à la jeunesse de mieux les respecter : encore faudrait-il qu'ils respectent la jeunesse.

http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/060111/pour-le-droit-de-vote-16-ans


LA JEUNESSE EN INSURRECTION : PROCHAINEMENT EN FRANCE ?

ALGER (AP) — Des jeunes ont incendié des bâtiments et jeté des pierres sur des policiers mercredi soir dans le quartier populaire de Bal el-Oued, à Alger, laissant éclater leur colère contre le chômage chronique qui les touche et les récentes hausses de prix de produits de première nécessité.

Des policiers patrouillaient jeudi dans le quartier où les tensions restaient palpables. Mercredi soir, un commissariat et une boutique de téléphonie mobile ont été incendiés.

Ces derniers jours, le lait, le sucre et la farine ont augmenté. Les jeunes Algériens sont de plus en plus mécontents des inégalités dans la répartition des richesses de leur pays.

Certains confient avoir été inspirés par leurs voisins tunisiens qui protestent depuis quelques semaines contre le chômage. Ces manifestations violentes ont fait au moins trois morts. AP

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110106.FAP3232/emeutes-dans-le-quartier-algerois-de-bab-el-oued.html


SOUTIEN ET SOLIDARITE AVEC LES MANIFESTANTS EN TUNISIE

Tout a commencé le vendredi 17 décembre. Mohamed Bouazizi, un diplômé chômeur de 26 ans, tente de mettre fin à ses jours en s’aspergeant d’essence et en craquant une allumette sur la place principale de Sidi Bouzid (centre), juste devant la préfecture. Il entend protester contre la confiscation de sa marchandise par des agents municipaux et, plus généralement, contre une vie de misère : à quoi bon faire des études, si c’est pour vendre des légumes au marché. Le lendemain, des dizaines, puis des centaines de jeunes participent à un sit-in devant le siège du gouverneur. Lequel les fait chasser par la police à coups de gaz lacrymogènes et de matraques. La ville s’enflamme, rapidement imitée par d’autres bourgades de la région. La répression alimente les manifestations. Le 22 décembre, un autre jeune, Houcine Neji, se suicide sous les yeux de la foule, à Menzel Bouzaiane, en s’accrochant à une ligne haute tension : «Je ne veux plus de la misère et du chômage», crie-t-il à la foule. La bourgade entre en convulsions. Les manifestants incendient trois voitures de police, les bureaux du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir), un poste de la garde nationale et un train marchandises… Le 24, la police tire à balles réelles et tue un manifestant, Mohamed Ammari, 18 ans, touché en pleine poitrine. Légitime défense plaide la police. Un deuxième manifestant, Chawki Hidri, grièvement blessé, décède le 1er janvier.

http://www.liberation.fr/monde/01012311728-tunisie-la-colere-est-dans-la-rue

lundi 3 janvier 2011

comptes cruels de la jeunesse 3

Extrait d'une tibune de Louis Chauvel dans Le Monde : "Quels sont les symptômes de ce mal-être collectif ? Les plus visibles relèvent des difficultés de la jeunesse. Nous le savons, trente-cinq ans après l'extension du chômage de masse, la jeunesse a servi de variable d'ajustement. Chômage record, baisse des salaires et des niveaux de vie, précarisation, développement de poches de travail quasi gratuit (stages, piges, free-lance, exonération de charges, etc.), nouvelle pauvreté de la jeunesse, état de santé problématique et faible recours aux soins, absence d'horizon lisible.

En une décennie, nous n'avons pas progressé - c'est une litote. Nous observons un triple déclassement. Scolaire d'abord, la jeunesse étant maintenant de classe moyenne du point de vue des diplômes, mais en deçà de la classe ouvrière du point de vue des revenus. Au-delà de la valeur des diplômes, le déclassement est aussi intergénérationnel, avec une multiplication attendue des trajectoires sociales descendantes par rapport aux parents.

Il est aussi systémique, puisque, avec la chute des nouvelles générations, ce sont leurs droits sociaux futurs qui sont remis en cause : leur développement humain aujourd'hui, leur capacité à élever leurs enfants demain, et leurs retraites après-demain. Il s'agit donc de la régression du système social dans son entier, et pas simplement celui d'individus. Par-dessus tout, une frustration générale envahit les esprits devant l'accumulation des promesses non tenues : celle du retour au plein-emploi grâce au départ à la retraite des premiers-nés du baby-boom (rapport Teulade de 1999), de meilleurs emplois par la croissance scolaire, dans un contexte où le travail seul ne permet plus de se loger. Il s'ensuit une colère, voire une haine, qui se détecte clairement dans la jeunesse de 2010 et que le mouvement sur les retraites a paradoxalement canalisée.

Il reste que la symptomatologie n'est pas un diagnostic. Celui-ci relève du refus collectif de regarder lucidement notre long terme, et du caractère profondément conservateur, rentier, de la société française dans son entier. Le comportement patrimonial des possédants français accumulant de l'assurance-vie et des logements vides, tout comme leurs grands-parents serraient leurs lingots, relève de la même frilosité."

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/01/03/les-jeunes-sont-mal-partis_1460368_3232.html#ens_id=1433180

dimanche 2 janvier 2011

COMPTES CRUELS DE LA JEUNESSE 2

L’emploi qualifié continue de se développer, mais le déclassement des générations qui arrivent sur le marché de l’emploi n’est pas un fantasme. Une analyse de Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, extraite du hors série "Générations", du magazine Alternatives Economiques.

Les jeunes générations sont-elles "déclassées" ? Vont-elles connaître un destin social moins favorable que leurs aînées ? La récession a relancé le débat. La réponse dépend des instruments de mesure utilisés. Sur la durée, nos sociétés continuent de s’enrichir, ce qui profite aux générations qui se succèdent. En outre, les mobilités sociales ascendantes [1]demeurent, pour le moment, plus nombreuses que les mobilités descendantes. Mais les jeunes générations n’ont pas rêvé : le déclassement est loin d’être un fantasme. Les mobilités descendantes s’accroissent, les mêmes diplômes ne permettent plus d’accéder aux mêmes emplois et les conditions d’emploi se sont nettement dégradées. Les jeunes subissent bien plus lourdement que les générations précédentes les conséquences de la crise.

suite de l'article :

http://www.inegalites.fr/spip.php?article1356