mercredi 30 juillet 2014

Perplexité, panique, reactions, incompréhensions : le vieux monde dans tous ses états

aujourd'hui...
Sarcelles, Barbès, Bastille, Dortmund, Francfort… et tout devrait reprendre de suite, dès le jour d’après, comme si de rien n’était, comme si rien n’était advenu… Il faudrait en somme s’habituer, accepter le train normal des choses : s’accoutumer aux ricanements des Dieudonné, s’accoutumer aux quenelles, s’accoutumer aux éruptions, aux poussées de la violence haineuse, s’accoutumer à ces horribles cris : « Morts aux Juifs !», « A mort Israël !» ; s’accoutumer… Hausser les épaules et s’accoutumer : ainsi va la France ; ainsi va l’Europe… S’accoutumer, s’habituer à l’antisionisme ce prête-nom de l’antisémitisme, se conformer à ce temps de plus en plus saturé par des cris de haine empruntés à une époque qu’on croyait révolue. S’habituer en attendant le crime suivant.
Car si le matraquage idéologique haineux n’induit pas mécaniquement le crime ; si, du délire idéologique haineux au crime, il y a un abime, une ingénierie étatique de l’extermination, n’ayons quand même pas la mémoire qui flanche : le discours de haine prépare, laboure, sarcle le terreau de l’innommable ; le discours de haine enracine par temps ordinaires l’innommable à venir comme fait naturel dans les structures mentales ; le pogrom est toujours d’abord verbal et ensuite seulement atrocité, cruauté, sauvagerie physique.
A force de regarder ailleurs, un jour nous nous réveillerons de notre amorphe conscience et il sera déjà trop tard : ça sera Kichinev, ça sera Bialystok, ça sera Wurtzbourg… Et notre part de responsabilité sera incontestablement immense : car laissez dire, laissez faire, c’est de fait participer à la propagation, à l’expansion de la barbarie.
 http://laregledujeu.org/2014/07/29/17554/antisemitisme-lachetes-et-silences/

Les manifestants propalestiniens de Paris, Nice, Lille et ailleurs constituent le vivier dans lequel se recrutent les djihadistes, et la plupart d’entre eux sont français de naissance. Mais ils revendiquent d’autres racines, une autre identité, font même allégeance à un autre pays que celui qui les a vus grandir, les a soignés, accueillis à l’école. C’est le problème, l’immense problème, que nous avons devant nous. Que leur avons nous appris ? Que leur avons-nous laissé faire ? Quel exemple leur donne Mme Taubira avec sa folle réforme du code pénal ? Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, s’étonnait, mardi, au micro de Jean-Pierre Elkabbach, de voir ces questions d’identité surgir partout. Sans comprendre que la proposition de son parti, encore répétée, le 14 juillet, par son patron François Hollande, d’offrir le droit de vote aux étrangers (c’est-à-dire aux ressortissants d’Afrique et du Maghreb), était une cause de plus de la revendication identitaire. Nous allons vivre au rythme des fatwas du “calife” d’Irak et des tirs du Hamas.
http://www.valeursactuelles.com/l%E2%80%99intifada-commenc%C3%A9

Une gauche conformiste a longtemps évité de le voir : il existe bien, depuis quelques années, sur les franges d’une certaine jeunesse - dans les cités notamment - un antisémitisme d’un nouveau genre, qui prend tristement le relais des idées brunes diffusées par l’extrême droite traditionnelle. Les événements de Gaza servent ainsi de révélateur à une dégradation déjà à l’œuvre. Ainsi, il apparaît - on s’en doutait déjà - qu’on peut être à la fois exclu et intolérant, victime et bourreau, en butte au racisme et raciste soi-même.Au cœur de la République, après de décennies de pédagogie et d’appel à la mémoire, les préjugés les plus dangereux trouvent une nouvelle et glaçante incarnation. La faute n’en revient pas seulement à quelques gourous désaxés à la Soral. Une société fracturée où les élites économiques vivent dans un autre monde et où des politiques irresponsables agitent comme une torche leur obsession identitaire est également coupable.
 http://www.liberation.fr/societe/2014/07/22/dangereux_1068554

Il y a deux ans, Mohamed Merah avait représenté une sorte d’énigme pour les médias embarrassés par cette petite frappe métamorphosée en tueur, dont l’équipée sanglante révélait l’impuissance des services de renseignements français à prévenir les conséquences de l’islamisation des quartiers. Au moment du drame de Toulouse, la thèse encore largement admise était celle du profil « atypique », défendue par exemple par Gilles Kepel, celui d’un jeune djihadiste autoradicalisé ayant rencontré, sur le chemin d’un voyage initiatique en zone tribale au Pakistan, ses « frères d’armes » d’Al-Qaïda qui l’ont reconnu et adoubé. Anders Breivik, lui, avait plutôt suscité  l’hypothèse contraire : celle du bras armé d’une mouvance néo-fondamentaliste chrétienne organisée, dont Breivik devait être un simple exécutant. Mais aucune organisation suprématiste européenne ne se cachait derrière Breivik, même si la tragédie laisse craindre la multiplication possible de ce type d’explosion de violence individuelle à l’avenir. Il s’avère en revanche aujourd’hui que la mouvance fondamentaliste la plus dangereuse soit bien, en Europe, celle engendrée par les mouvements islamistes radicaux, le conflit syrien, remplaçant, dans le cœur des jeunes musulmans radicalisés, la cause palestinienne. Le recrutement de plus en plus important de jeunes djhadistes s’appuie néanmoins en partie sur les mêmes ressorts qui ont poussé un Breivik à passer à l’acte : frustration, absence d’échelle de valeur morale et fantasme de puissance. En cela le djihadisme n’est pas un corps étranger aux sociétés européennes qui existerait seulement grâce à l’endoctrinement efficace de jeunes naïfs de même qu’il n’est pas non plus un phénomène étranger à l’Islam qui ne serait que victime de la dérive fanatique de quelques-uns. Au contraire, il témoigne aussi bien du problème épineux de la relation entre religion et société dans l’Islam qu’il illustre les conséquences du sacre de l’individu moderne dont le désir de reconnaissance n’a d’égal que la frustration constante qu’il engendre dans les sociétés occidentales.
http://www.causeur.fr/portrait-de-lassassin-en-perdant-radical-28630.html

L'antisémitisme des années trente agonise et la grande solidarité antiraciste des années quatre-vingt a volé en éclats. On a affaire aujourd'hui à l'antisémitisme de ceux qui se disent les damnés de la terre, d'où l'embarras des progressistes. Ils n'en reconnaissent l'existence qu'à contrecœur et quand ils ne peuvent plus faire autrement. Ainsi parlent-ils aujourd'hui de «nouvel» antisémitisme pour un phénomène qui existe depuis près de trente ans. Cette haine ne vise d'ailleurs pas que les juifs. On l'a vu lors des manifestations qui ont suivi les victoires de l'Algérie dans la Coupe du monde, des rodéos de voiture au remplacement des drapeaux français par les drapeaux algériens sur les édifices publics, comme à Provins par exemple. Il s'agissait d'exprimer tout ensemble sa fierté nationale et son mépris pour la nation où l'on vit.
 http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/07/26/31001-20140726ARTFIG00004-alain-finkielkraut-au-nom-de-la-lutte-contre-l-islamophobie-on-sous-estime-la-haine-des-juifs-et-de-la-france.php
 comme hier...


En fait par le jeu combinée de la poussée démographique et de la mobilité sociale exigée par le développement, des postulats idéologiques de démocratisation qui régissent a priori les universités françaises depuis 1930, il s'agit de masses de jeunes que les fonctionnaires d'état à tendance idéologique , logocratique ont de plus en plus parquées sans prévision dans des campus de concentration ; ils se sentent, à l'appel des meneurs, physiquement assez forts pour "casser le système" qui extrait un petit nombre d''un plus grand (par concours et examens) et , en toute imprévision, ne voient que le présent : destruction immédiate des supériorités manifestes, après on verra.
Les opérations révolutionnaires peuvent cheminer un certain temps sous de tels couverts.
Ortega y Gasset a prophétiquement décrit dans LA révolte des MAsses, l'action de bas en haut d'un envahisseur vertical. L'un des signes les moins récusables du malaise d'une culture est de produire, trop vite et en trop grand nombre, ses propres barbares.
(...) Aujourd'hui plus que jamais, l'esprit grec devenu esprit scientifique, et l'esprit messianique devenu esprit révolutionnaire, s'opposent irréductiblement. L'existence de sectaires et de fanatiques à froid à qui la participation subjective à un corps de vérités révélées, à une gnose, donne, à leurs propres yeux, droit sur tout et sur tous, droit de tout faire et de se permettre, persiste encore en 1968 à poser une question de vie et de mort à une société qu'ils viennent de mettre une fois de plus, avec les prétendues "révoltes d'étudiants" au bord, non plus d'une guerre de religion, mais d'une forme peut-être prochaine de ce fléau historique : la guerre de civilisation.
Jules Monnerot, Sociologie de la Révolution, Fayard, août 1968

nb : pas assez "grecs", "scientifiques", "français", trop "frustrés", "identitaires", trop "d'ailleurs" pas assez "d'ici", susceptibles de tous les "pogroms", toutes les "cruautés"... Que réservent donc tous ces "vieux sages" à cette jeunesse qui les inquiète tant... la barbarie qui vient, un classique, un classique... et bien pour comprendre nos modernes "barbares", il faudrait que nos commentateurs atterrés dépassent le freudisme de comptoir, leurs préjugés de caste, leur ton apocalyptique (l'effondrement des valeurs traditionnelles..), un catastrophisme aveuglant, leurs phantasmes envahissants, le recours paresseux et déterministe à l'histoire et ses drames pour rendre compte d'un présent inédit...  Libérés de toute cette vieillerie rhétorique ils pourraient envisager plus sereinement, de manière quelque peu décalée, le désordre social ambiant ;
 
L’économie nucléaire met à la base de la sphère sociale, le désir insatisfait des biens existants ou possibles et installe comme juges provisoires, les agents du marchés, fondés sur les catégories de goût des emplois ; ceux-ci départagent par leur existence concrète le bien du mal, le normal de l’anormal.
Dès lors contrairement au freudisme et au marxisme, pour qui le normal et l’anormal dépendant des agents figés – le circuit « moral », la « censure » ou la « nécessité libidinale » suffisante chez le sexologue- ; la "mentalité" et « l’homme prolétarien » chez le philosophe économiste - en donnant au désir une force de combat certaine, grâce à l’action de l’externité créatrice, nous révélons les raisons du bouleversement et de la transformation collective des normes, de tous les domaines de la culture et de la vie.
Nous rendons l’économie responsable des névroses psychologiques individuelles et nous offrons aux impulsions psychologiques des fondements économiques, c'est-à-dire des bases quantitatives, mathématiquement formulables.
Des millions de « fous » (jeunes antisémites, nationalistes, révolutionnaires, assassins) qui échappent aux motivations psychanalytiques et qui passant entre les mains des psychiatres et de leur bavardage philosophique, sortent encore plus fous qu’ils n’y sont entrés, démontrent la nécessité et les pouvoirs futurs du territoire isouien de la science des peines- plaisirs.

 Isidore ISou
Traité d’économie nucléaire supplément  tome 1 chapitre 1 le désir paradisiaque et l’externité p.158/159 (CICK, 1972)


Aucun commentaire: