la société du spectacle en accusation
la défense
Si je hasarde cette hypothèse, c'est que ce mouvement, finalement modeste numériquement, mais bénéficiant de manière constante d'une sympathie de l'opinion publique, malgré les violences, les dérapages ici et là, a réussi à coaliser contre lui le Nouveau Monde et tous ses officiants, obligés soudain de jeter bas les masques et de montrer la nature véritable d'un pouvoir décidément hémiplégique. J'ai vraiment vécu cette séquence, comme un moment de vérité, où tout à coup quelqu'un se décide à rallumer la lumière dans une pièce plongée dans l'obscurité, le roi est nu, ses courtisans aussi ; les formes entre-aperçues dans les ténèbres perdent leur caractère inquiétant, fantastique quand elles sont rendues à la lumière, il ne s'agissait que de meubles anciens recouverts d'un drap plus vieux et usé encore.... la Virulence des attaques venant dans un premier temps du Cercle de la Raison (le Centre du spectre politique où je me tiens habituellement, convaincu cependant par la fréquentation des thèses isouiennes que les marges, et leurs extrêmes, possèdent des éléments de résolution qui leur échappent souvent et qui sont au cœur de la conflictualité sociale), l'hostilité affichée des commentateurs et journalistes, plus prompts à courtiser les pouvoirs du moment qu'à dénoncer leurs errements, le mépris affiché devant les paroles de ces contestataires inédits, "gens de peu" devenus "gens de rien " sous le regard de ces flatteurs impénitents dont les chroniques souvent mondaines se veulent de "fines" lectures politiques... tout indiquait que le Pouvoir sortait du bois, de tous les bois où il se tenait habituellement tapi, assuré de pouvoir compter ses ses "nervis" pour faire le travail habituel, peu glorieux, celui de la Réaction :
Premier argument de la Réaction : "vous n'êtes pas légitimes" ; autrement dit, vous ne représentez rien, ni personne, que vous-même, vous n'avez été élus, désignés par personne, et votre parole ne vaut pas plus que les conversations entendues sur les quais du métro, et d'ailleurs Nous vous avons invités sur ce plateau pour vous dire cela, et pour en assurer le spectacle sur tous les écrans, en boucle, en continu. On reconnaîtra ici les "aboiements" de Romain Goupil véritable chien de garde de la Macronie (I C I) (Et le Président mérite sans doute mieux que ce genre de "porte-flingue"). Jean Quatremer n'est pas en reste pour vomir tout le dégoût que lui inspire cette jacquerie postmoderne (I C I), ce "journaliste" (???) officie encore, paraît-il, dans les pages de Libération, c'est dire si le Rotary Club l'a vraiment emporté sur le col mao...
Très vite arrive une variante : "vous prétendez parler au nom du peuple, mais vous n'êtes pas le peuple", d'ailleurs le peuple n'existe pas, c'est une fiction, une alibi, une facilité rhétorique, un abus de langage... pourquoi parler des problèmes d'une chose qui n'existe pas ? Ou mieux vous ne représentez qu'une partie du peuple, Monsieur, Madame, car moi aussi je fais partie du peuple en tant que journaliste et je ne suis absolument pas d'accord avec ce que vous...hum...hum...vous "tentez" d'exprimer ; mais monsieur, Madame le/la journaliste (porte-flingue ?), je tiens Rousseau en meilleure estime que le journalisme ordinaire que vous représentez si mal et je tiens de lui qu'il n'y a pas de vie inférieure ou supérieure, que toute voix mérite d'être entendue, la vôtre, celle de monsieur Apathie "animateur vedette" effondré par ce qu'il voit et entend, à savoir de possibles fraternisations entre forces de l'ordre et manifestants (I C I), et aussi celle de ce manifestant ou de cette manifestante qui dans un français qui vous fait sourire exprime son désir d'une "super-vie" à laquelle je crois chacun d'entre nous peut légitimement prétendre, non ? Ou alors, vraiment nous ne sommes plus en démocratie mais sous un despotisme technocratique, une ploutocratie, la tyrannie soft de cols blancs...
Très vite arrive une variante : "vous prétendez parler au nom du peuple, mais vous n'êtes pas le peuple", d'ailleurs le peuple n'existe pas, c'est une fiction, une alibi, une facilité rhétorique, un abus de langage... pourquoi parler des problèmes d'une chose qui n'existe pas ? Ou mieux vous ne représentez qu'une partie du peuple, Monsieur, Madame, car moi aussi je fais partie du peuple en tant que journaliste et je ne suis absolument pas d'accord avec ce que vous...hum...hum...vous "tentez" d'exprimer ; mais monsieur, Madame le/la journaliste (porte-flingue ?), je tiens Rousseau en meilleure estime que le journalisme ordinaire que vous représentez si mal et je tiens de lui qu'il n'y a pas de vie inférieure ou supérieure, que toute voix mérite d'être entendue, la vôtre, celle de monsieur Apathie "animateur vedette" effondré par ce qu'il voit et entend, à savoir de possibles fraternisations entre forces de l'ordre et manifestants (I C I), et aussi celle de ce manifestant ou de cette manifestante qui dans un français qui vous fait sourire exprime son désir d'une "super-vie" à laquelle je crois chacun d'entre nous peut légitimement prétendre, non ? Ou alors, vraiment nous ne sommes plus en démocratie mais sous un despotisme technocratique, une ploutocratie, la tyrannie soft de cols blancs...
Second argument de la réaction : "c'est un mouvement dangereux pour l'ordre établi... pardon pour la démocratie, une menace pour les institutions de notre république" ; on s'étonnera qu'un mouvement comme celui des Gilets Jaunes qui a eu pour conséquence provisoire d'obliger le pouvoir à suspendre son rouleau compresseur technocratique, à organiser un grand débat en direction de tous les citoyens, débat qui doit permettre de prendre le pouls démocratique du pays et ses aspirations, d'améliorer la vie et la vitalité des processus démocratiques (référendum d'initiative citoyenne ou populaire ? démocratie plus inclusive et participative ? vieillissement de l'ancienne démocratie représentative... ) puisse se voir qualifié de "danger" pour les libertés et les droits privés autant que publics ; il faudrait chercher à savoir plutôt qui a peur de voir la démocratie reprendre en charge tous ces individus qui avaient fini par s'écarter de la routine électorale, pour le plus grand bonheur d'une partie des prescripteurs d'opinion. Plus inquiétant, la variante de cette charge accusatoire a été constamment martelée depuis le début du mouvement par le sinistre ministre de l'intérieur Castaner, double à peine plus glorieux de feu-manuel Valls, dénonçant les "factieux", les "séditieux", les "extrêmes" prêts à tenter le coup de force et à instaurer... quoi ? une dictature ? C'est le principe même de toute propagande que de falsifier le réel : ce qui est établi, c 'est que les demandes de démocratie émanent de ce mouvement des gilets jaunes, qui exigent d'être associés aux choix de l'Etat, de pouvoir discuter des décisions prises par les chambres, de pouvoir proposer... bref c'est ce mouvement qui vient comme un véritable et salutaire contre-pouvoir vivant. Ceux qui ne voient dans la démocratie et sa délibération nécessaire qu'un contre-temps fâcheux sont bien plutôt à chercher parmi ces élites progressistes auto-proclamées, soucieuses d'efficacité et d'une mise sous tutelle technocratique de la vie citoyenne. Enfin il est plaisant de voir nos journalistes "citoyens" s'inquiéter d'une démocratie mise en danger par ceux et celles qui demandent à y être associés davantage alors que depuis 18 mois, nous sommes en présence d'un pouvoir entièrement concentré entre les mains d'un seul homme, le Président, en lévitation jupitérienne, qui passe outre tous les corps intermédiaires (syndicats, associations, les maires), s'appuyant exclusivement sur une armée de députés majoritaires visiblement au service non de leur circonscription mais d'un parti unique mâchant maladroitement les mêmes exposés pontifiants d'un plateau Tv à l'autre... On se croirait revenu à l'époque du Pc soviétique triomphant avec son Secrétaire général et ses délégués/représentants interchangeables...Qui pour s'inquiéter de cette dérive absolutiste, monarchique, solitaire à laquelle notre président semble visiblement incapable de résister ? Raymond Aron en son temps s'inquiétait déjà d'une possible dérive autoritaire du Général de Gaulle avec sa Vème république taillée sur mesure...
Troisième argument de la réaction : la disqualification morale du mouvement par ses marges honteuses ; la mythe de la "foule haineuse" dont les ressorts seraient comme il se doit les quatre cavaliers de l'apocalypse moral : "l'antisémitisme, la xénophobie, l'homophobie, le sexisme" ; il faut ici souligner combien les médias officiels fonctionnent de concert avec le pouvoir en place, dans un numéro de duettistes qui laisse rêveur quant aux plaidoyers pro domo de la profession sur son "indépendance" ; j'ai dans un post précédent mis en lien deux vidéos à haute teneur polémique, la première montre les événement survenus lors du rassemblement devant le Sacré-Cœur à Montmartre, la seconde montre l'agression de trois policiers par un groupe de manifestants le même jour sur les champs Elysées... ce qui est intéressant c'est de comparer les images dans l'intégralité de la séquence, et l'échantillonnage qui en est présenté dans les nombreux journaux Tv ; viennent alors les questions élémentaires et légitimes : en quoi ce détournement du chant des Partisans par des sympathisants de la Quenelle est-il significatif de la manifestation du jour ? du mouvement ? des revendications portées sur beaucoup de ronds-points en France ? Ce qui est sûr c'est cette micro-séquence (signifiante ? insignifiante ? à vous de juger) faisait la Une de l'actualité en début de soirée ; à ce premier "dérapage" (selon les voix autorisées) s'ajoutaient les propos échangés entre une vieille dame agacée et trois manifestants visiblement "possédés" et particulièrement irrespectueux (papiers mis en ligne dans la foulée sur les sites de lobs I C I, l'Express i c i Le Point i c i) avec cette charge accusatoire déclinée sur tous les plateaux tv : "mouvement des gilets jaunes, la dérive antisémite ?". Il est bien évident qu'il ne s'agit plus ici d'informer, d'éclairer mais de diffamer, d'obscurcir, de pourrir dans l'espace public et médiatique un mouvement en lui décernant arbitrairement des qualificatifs ("éléments de langage") peu glorieux qui vont lui "coller" comme un stigmate infamant ; le journalisme sert de main gauche au pouvoir politique, la main droite étant assurée par la police lors des manifestations (jusqu'au moment où elle décide de fraterniser avec ses pairs en externité...), qui peut compter sur cette petite musique de fond, insidieuse, infondée, pernicieuse, qui passe en boucle, à seule fin de formater une opinion publique, qui se laisse de moins en mois abuser par ces procédés qui rappellent quelque peu (comparaison n'est pas raison) l'incendie du Reichstag et la répression d'un "complot communiste" qui en résulta. Ce qui se voit disqualifié par ce genre de raccourci minable, c'est le journalisme (d'où sans doute les équipes de Bfm conspuées et malmenées lors de certaines manifestations) et la lutte contre l'antisémitisme devenue dernier alibi de tout pouvoir désavoué. Sur ces questions des relations "compliquées" entre Gilets Jaunes et Medias officiels, je renvoie à deux contributions publiées sur le site Arrêt sur Images, Daniel Schneidermann I C I et Laélia Véron (I C I), sur l'antisémitisme comme arme de disqualification massive, je renvoie au texte remarquable de Claude Askolovitch qui déconstruisant la charge accusatoire en souligne tout le paradoxe : au nom de la lutte contre l'antisémitisme faut-il défendre tout pouvoir établi et rejeter tout mouvement social qui le critique (I C I) ? ; tout le travail de disqualification opéré par nombre d'intervenants "prescripteurs" consiste à hypertrophier des micro-récits, des débordements factuels (la figure obligée du "casseur" un classique de la dénonciation des manifestants), indéfendables bien sûr (faut-il le dire ?) pour "sidérer" l'opinion et obtenir la bascule tant attendue qui à ce jour n'a pas (encore) eu lieu... d'où l'impression un peu surréaliste, dépaysante, de vivre dans deux réalités parallèles, pour qui comme moi a participé aux manifestations et suit après coup les analyses et tables rondes journalistiques, toujours très partisanes. on comprend la colère d'un Eric Drouet qui entend mener la lutte des Gilets Jaunes dans l'espace médiatique ; on notera au passage la disparition discrète de l'accusation de "sexisme" sans doute au regard du nombre de femmes parmi les gilets jaunes et l'apparition timide d'un nouveau trait rédhibitoire "le complotisme".... A quoi servent donc ces brillantes études supérieures, ses diplômes qualifiants, ses cursus prestigieux dont peuvent se prévaloir nos "prescripteurs d'opinion" ? à cracher à la face de ceux qui tournent dans la nuit et sont dévorés par le feu...
L'information en continu finit par provoquer des vertiges, les mots pièges et les images aveuglantes se succèdent dans un flot hypnotique, l'esprit saoulé cherche à se rattacher à un appui solide, perdu dans ces messages en boucle qui finissent par inquiéter, les experts et les éditorialistes sont "heureusement" là pour rendre intelligible cette petite musique entêtante ; ouf ! je comprends danger ! danger ! danger ! la mine austère, le diagnostic implacable ("radicalisation"), le chaos de l'information prend un tour délibérément inquiétant, anxiogène, ces Gilets Jaunes sont vraiment d'odieux personnages... que fait donc la police, que fait l'armée ? semble implorer le regard désespéré d'une éditorialiste qui pythie improbable entrevoit dans le fond de sa tasse de café des "ligues d’extrême droite" déferlant comme en 1934 sur les Champs Elysées...
Bien sûr, je n'idéalise pas ce mouvement, j'ai discuté avec des gens "aux préjugés terribles" pour reprendre Lénine, mais aussi avec des hommes et des femmes pris dans des mécaniques sociales, économiques diaboliques, aux vies diminuées, empêchées, qui cherchent la lumière dans leur nuit, qui ont soif de liberté, qui réinventent la critique sociale, sans jamais avoir lu ni Castoriadis, ni Bourdieu, ni Debord en des lieux improbables (iront-ils jusqu'à ISOU ?) qui bricolent au hasard d'une culture numérique des appuis théoriques parfois peu convaincants, bancales, mais à l'image de ce que sont les usages numériques aujourd'hui. Que l'on vienne à relayer une vidéo, un post venant de tel ou tel site, et vous voilà étiquetés politiquement ! Et après, quel exemple montre les médias officiels ? Quel sérieux et quel professionnalisme dans le traitement mass-médiatique du phénomène "Gilets Jaunes" ? Le mépris et l'insulte de notables de l'information, l'amusement facile, la suffisance et l'arrogance des bavards pensionnés... Sans doute la stratégie de la chaise vide est ici une option mauvaise ; le gouvernement ouvre un débat national, c'est l'occasion de rappeler dans toutes les mairies au Président sa promesse de Révolution, car ce qui est En Marche actuellement avec cette majorité et ce gouvernement ce n'est pas la République mais tout à fait autre chose... Et si demain je participe au Rassemblement devant l'Hôtel de Ville, c'est d'abord parce que j'ai le sentiment que les authentiques acteurs d'un progrès social et démocratique ne sont pour l'heure ni au gouvernement, ni à l'assemblée, ni dans les salles de rédaction du bavardage médiatique mais bien dans la rue !
Troisième argument de la réaction : la disqualification morale du mouvement par ses marges honteuses ; la mythe de la "foule haineuse" dont les ressorts seraient comme il se doit les quatre cavaliers de l'apocalypse moral : "l'antisémitisme, la xénophobie, l'homophobie, le sexisme" ; il faut ici souligner combien les médias officiels fonctionnent de concert avec le pouvoir en place, dans un numéro de duettistes qui laisse rêveur quant aux plaidoyers pro domo de la profession sur son "indépendance" ; j'ai dans un post précédent mis en lien deux vidéos à haute teneur polémique, la première montre les événement survenus lors du rassemblement devant le Sacré-Cœur à Montmartre, la seconde montre l'agression de trois policiers par un groupe de manifestants le même jour sur les champs Elysées... ce qui est intéressant c'est de comparer les images dans l'intégralité de la séquence, et l'échantillonnage qui en est présenté dans les nombreux journaux Tv ; viennent alors les questions élémentaires et légitimes : en quoi ce détournement du chant des Partisans par des sympathisants de la Quenelle est-il significatif de la manifestation du jour ? du mouvement ? des revendications portées sur beaucoup de ronds-points en France ? Ce qui est sûr c'est cette micro-séquence (signifiante ? insignifiante ? à vous de juger) faisait la Une de l'actualité en début de soirée ; à ce premier "dérapage" (selon les voix autorisées) s'ajoutaient les propos échangés entre une vieille dame agacée et trois manifestants visiblement "possédés" et particulièrement irrespectueux (papiers mis en ligne dans la foulée sur les sites de lobs I C I, l'Express i c i Le Point i c i) avec cette charge accusatoire déclinée sur tous les plateaux tv : "mouvement des gilets jaunes, la dérive antisémite ?". Il est bien évident qu'il ne s'agit plus ici d'informer, d'éclairer mais de diffamer, d'obscurcir, de pourrir dans l'espace public et médiatique un mouvement en lui décernant arbitrairement des qualificatifs ("éléments de langage") peu glorieux qui vont lui "coller" comme un stigmate infamant ; le journalisme sert de main gauche au pouvoir politique, la main droite étant assurée par la police lors des manifestations (jusqu'au moment où elle décide de fraterniser avec ses pairs en externité...), qui peut compter sur cette petite musique de fond, insidieuse, infondée, pernicieuse, qui passe en boucle, à seule fin de formater une opinion publique, qui se laisse de moins en mois abuser par ces procédés qui rappellent quelque peu (comparaison n'est pas raison) l'incendie du Reichstag et la répression d'un "complot communiste" qui en résulta. Ce qui se voit disqualifié par ce genre de raccourci minable, c'est le journalisme (d'où sans doute les équipes de Bfm conspuées et malmenées lors de certaines manifestations) et la lutte contre l'antisémitisme devenue dernier alibi de tout pouvoir désavoué. Sur ces questions des relations "compliquées" entre Gilets Jaunes et Medias officiels, je renvoie à deux contributions publiées sur le site Arrêt sur Images, Daniel Schneidermann I C I et Laélia Véron (I C I), sur l'antisémitisme comme arme de disqualification massive, je renvoie au texte remarquable de Claude Askolovitch qui déconstruisant la charge accusatoire en souligne tout le paradoxe : au nom de la lutte contre l'antisémitisme faut-il défendre tout pouvoir établi et rejeter tout mouvement social qui le critique (I C I) ? ; tout le travail de disqualification opéré par nombre d'intervenants "prescripteurs" consiste à hypertrophier des micro-récits, des débordements factuels (la figure obligée du "casseur" un classique de la dénonciation des manifestants), indéfendables bien sûr (faut-il le dire ?) pour "sidérer" l'opinion et obtenir la bascule tant attendue qui à ce jour n'a pas (encore) eu lieu... d'où l'impression un peu surréaliste, dépaysante, de vivre dans deux réalités parallèles, pour qui comme moi a participé aux manifestations et suit après coup les analyses et tables rondes journalistiques, toujours très partisanes. on comprend la colère d'un Eric Drouet qui entend mener la lutte des Gilets Jaunes dans l'espace médiatique ; on notera au passage la disparition discrète de l'accusation de "sexisme" sans doute au regard du nombre de femmes parmi les gilets jaunes et l'apparition timide d'un nouveau trait rédhibitoire "le complotisme".... A quoi servent donc ces brillantes études supérieures, ses diplômes qualifiants, ses cursus prestigieux dont peuvent se prévaloir nos "prescripteurs d'opinion" ? à cracher à la face de ceux qui tournent dans la nuit et sont dévorés par le feu...
L'information en continu finit par provoquer des vertiges, les mots pièges et les images aveuglantes se succèdent dans un flot hypnotique, l'esprit saoulé cherche à se rattacher à un appui solide, perdu dans ces messages en boucle qui finissent par inquiéter, les experts et les éditorialistes sont "heureusement" là pour rendre intelligible cette petite musique entêtante ; ouf ! je comprends danger ! danger ! danger ! la mine austère, le diagnostic implacable ("radicalisation"), le chaos de l'information prend un tour délibérément inquiétant, anxiogène, ces Gilets Jaunes sont vraiment d'odieux personnages... que fait donc la police, que fait l'armée ? semble implorer le regard désespéré d'une éditorialiste qui pythie improbable entrevoit dans le fond de sa tasse de café des "ligues d’extrême droite" déferlant comme en 1934 sur les Champs Elysées...
Bien sûr, je n'idéalise pas ce mouvement, j'ai discuté avec des gens "aux préjugés terribles" pour reprendre Lénine, mais aussi avec des hommes et des femmes pris dans des mécaniques sociales, économiques diaboliques, aux vies diminuées, empêchées, qui cherchent la lumière dans leur nuit, qui ont soif de liberté, qui réinventent la critique sociale, sans jamais avoir lu ni Castoriadis, ni Bourdieu, ni Debord en des lieux improbables (iront-ils jusqu'à ISOU ?) qui bricolent au hasard d'une culture numérique des appuis théoriques parfois peu convaincants, bancales, mais à l'image de ce que sont les usages numériques aujourd'hui. Que l'on vienne à relayer une vidéo, un post venant de tel ou tel site, et vous voilà étiquetés politiquement ! Et après, quel exemple montre les médias officiels ? Quel sérieux et quel professionnalisme dans le traitement mass-médiatique du phénomène "Gilets Jaunes" ? Le mépris et l'insulte de notables de l'information, l'amusement facile, la suffisance et l'arrogance des bavards pensionnés... Sans doute la stratégie de la chaise vide est ici une option mauvaise ; le gouvernement ouvre un débat national, c'est l'occasion de rappeler dans toutes les mairies au Président sa promesse de Révolution, car ce qui est En Marche actuellement avec cette majorité et ce gouvernement ce n'est pas la République mais tout à fait autre chose... Et si demain je participe au Rassemblement devant l'Hôtel de Ville, c'est d'abord parce que j'ai le sentiment que les authentiques acteurs d'un progrès social et démocratique ne sont pour l'heure ni au gouvernement, ni à l'assemblée, ni dans les salles de rédaction du bavardage médiatique mais bien dans la rue !
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