mardi 15 janvier 2019

COMMENTAIRES SUR L'ACTE IX


- Mouvement des gilets jaunes acte IX : officiellement plus de participants et moins de violence, sans doute, sans doute, mais quand même elle prend encore des formes spectaculaires et sidérantes.... le caractère "composite" des manifestants n'explique pas cette montée en tension, les enragés et les ultras ne redoutent pas le coup de force, ils attendent l'action d'éclat, n'importe quelle occasion peut favoriser une "situation" ; croient-ils que la société dans sa majorité basculera dans le renversement du pouvoir et une insurrection généralisée ? les sympathisants situationnistes à Strasbourg ne procédèrent pas autrement, élus à la tête du association étudiante proche de l'Unef ils publient la brochure De la misère en milieu étudiant sur les fonds de la dite structure avant de la saborder ; un bel exemple de putsch qui refusait par avance toute prise de pouvoir. J'ai bien rencontré lors de la dernière manifestation des jeunes gens qui ne rêvent que du retour du Roi, du grand soir nationaliste révolutionnaire ou de la fin de la propriété privée et de "l'ordre marchand". Mais force est de constater, n'en déplaise aux commentateurs attitrés, que la grande référence historique de beaucoup de gilets jaunes n'est pas à chercher du côté du fascisme, des ligues d'extrême droite, de Mai 68 ou du Front Populaire, mais bien plutôt du côté la révolution française ; les images, les symboles, la rhétorique tout rappelle la geste révolutionnaire comme s'ils se représentaient comme un tiers-état invisible, surnuméraire, sans voix, "subalternes" condamnés à la survie réduite à la routine consommer/produire et nourrir par leurs efforts le train de vie d'un état social qui les ignore, voire les méprise. C'est sans doute l'aspect le plus intéressant et le plus déroutant du mouvement dans le paysage politique français que de représenter une critique plutôt libérale et/ou libertaire de l'Etat et de sa bureaucratie tentaculaire ; La France Insoumise y reconnait comme une avant-garde qui porte ses propres promesses électorales ; sans doute le RIC et les demandes de renouvellement de la vie démocratique annoncent-ils la fameuse VIème république théorisée par Jean Luc Mélenchon, mais la critique d'une fiscalité de plus en plus lourde au regard de revenus qui sont souvent plafonnés pour ces perdants du "marché mondial" n'appelle pas chez eux des revendications en termes de renforcement de l’État et de ses prélèvements (plus d'administration, plus d'agents de l'état). Bien au contraire c'est d'emblée à une réduction des prélèvements directs et indirects qu'invite le mouvement des gilets jaunes, ce qui laisse dans la plus grandes perplexité la droite et la gauche institutionnelle, et notre Président qui se demande comment on peut à la fois revendiquer une amélioration des services publics et une diminution des prélèvements ; et pourtant... le coût de l'Etat au local comme au au global est largement analysé et documenté par les différents rapports de la Cour des comptes qui s'empilent sans effet jusqu'à ce jour ; ce que demande les Gilets jaunes sans aller jusqu'à l'utopie d'une "société sans l'Etat", c'est de retrouver un pouvoir d'initiative, une autonomie à la fois économique et politique (voilà bien qui en fait les héritiers inattendus de mai 68, de l'autogestion et de la critique de l'état bureaucratique) comme le démontrent les Gilets Jaunes de Commercy. On comprend dès lors les réserves ou l'attentisme des syndicats et des partis de gauche (à l'exception de La France Insoumise) qui s'inscrivent plutôt dans une culture étatiste (un problème = plus de moyens pour l'Etat et de fonctionnaires) et peinent à reconnaître dans ce mouvement d'inspiration sans doute trop libérale une mobilisation qui corresponde à leur vision de la "question sociale". J'en tiens pour preuve la fameuse "solidarité" qui justifierait selon nos étatistes impénitents la prolifération d'une bureaucratie d'Etat (et ce n'est pas une expression péjorative ici) ; or, des hommes et femmes, peu politisés, ont spontanément trouvé le sens de l'action collective, crée des communautés d'expérience, de lutte et une fraternité sur les ronds points sans besoin d'une quelconque "administration du bonheur et du malheur" ; certes la puissance publique, ses ressources, ses moyens, son savoir-faire, sa logistique sont indispensables à la mise en oeuvre de solutions durables aux problèmes qu'ils rencontrent dans leur vie quotidienne ; mais ces occupants/manifestants ont démontré qu'ils pouvaient inventer des "sorties de crise" hors du périmètre de l'Etat ;  à gauche, on oublie souvent que Marx espérait un dépérissement de l'Etat non son renforcement. 

- Si la gauche intellectuelle se mobilise enfin (voir la déclaration des 250 intellectuels publiée par Mediapart), c'est qu'elle a compris que l'histoire était pleine de ruses et qu'un mouvement de colère fiscale pouvait ouvrir à des questions bien plus larges, dépassant toutes les classes et les catégories sociales, leurs intérêts ponctuels, et ne laissant indifférent personne. Le pouvoir exécutif a semblé chanceler, il est apparu quelques semaines totalement groggy, comme sonné par ce mouvement qu'il avait d'abord traité, comme autrefois un certain Général face à la colère étudiante, avec dédain ou condescendance. Il tente depuis de reprendre l'avantage avec l'ouverture attendue d'un grand débat national aux contours encore flous ; je lis ici et là toutes les réserves qu'il inspire du côté des gilets jaunes, voire de l'opposition qui pense à tort tenir là sa revanche. Mais sérieusement, il faut ici relire Lénine et Isou ; la politique de la chaise vide, du romantisme révolutionnaire (1789 et ses spectres) ne sera d'aucune aide, une démission de Président, ou une dissolution de l'Assemblée, ne mettrait pas au pouvoir une majorité issue du mouvement, pas même sans doute, une minorité relative ; n'oublions pas le reste des concitoyens, majorité silencieuse, même ceux qui encore majoritaires expriment une sympathie pour le mouvement et ses revendications, que feraient-ils en cas d'élections organisées à la suite d'une dissolution ? inquiétés par le désordre et l'amateurisme du gouvernement, les faiblesses des parlementaires LREM, ils rééliraient sans doute le président actuel, mais reporteraient pour les législatives leurs suffrages sur des figures éprouvées, capables de tenir le pays malgré les turbulences. Beaucoup prophétisent un succès du Rassemblement National, rien n'est sûr à mes yeux ; on pourrait tout à fait voir revenir les deux partis de gouvernement PS et LR, aujourd'hui zombifiés, au terme d'une crise où les électeurs guéris de tout aventurisme privilégieraient l'expérience à l'ouverture et la jeunesse qu'a représenté le succès de LREM aux dernières législatives. Le retour du vieux-monde... De ce point de vue le mouvement des gilets jaunes n'est guère différent de la majorité actuellement aux affaires : mouvement d'outsiders/amateurs venu d'une base sociologique plus large que LREM, hors des partis et des syndicats, sur le modèle d'une horizontalité à l'image des réseaux où leurs colères, leurs révoltes se rencontrent, se découvrent, s'additionnent et font mouvement, jusqu'à venir perturber l'ordre bien réel. Beaucoup s'agacent de cette immaturité, ne comprennent pas que ces révoltés 2.0 ne suivent pas les usages et les protocoles de la tradition des luttes et du dialogue social ; j'ai même lu un Bernard Girard rageux, dans une verve désormais signature du ministre Castaner, écrire tout le mal que lui inspire ces "beaufs rouges-bruns" qui je cite "n’ont ... produit ni projet social ni analyse digne de ce nom des mécanismes économiques et sociaux" I C I; Bigre, les gilets  jaunes ne sont pas enseignants à Sciences-Po, titulaires d'une chaire universitaire... ils sont incapables de produire en deux mois une théorie critique et globale de la société contemporaine ! Scandaleux... heureusement les vrais spécialistes de la critique sociale, largement pensionnés par l'Université d'Etat, produisent eux au moins des théories critiques, que personne ne lit d'accord, sauf leurs étudiants qui constituent sans doute leur seul public... consternant ! On reconnaît toute la délicatesse de ce petit monde lettré, ces insurgés et insoumis de salon qui vitupèrent contre la domination, le capitalisme, les inégalités et injustices, qui veulent bien parler du "peuple", des indigents, des indigènes, des exclus, des estropiés, des humiliés, des offensés, mais à condition que tout ce bas monde ferme sa gueule ! les fautes d'orthographe, l'expression maladroite de certains porte- paroles des gilets jaunes, les incorrections et approximations de leur verbe n'enlèvent rien à leur exigence de reconnaissance, de dignité et à leur révolte salutaire... je laisse ce genre d'atermoiements aux intellectuels fonctionnarisés et à leurs préjugés de caste. D'ailleurs je trouve que ces novices en insurrection apprennent vite, parfois dans la plus grande confusion. Les spécialistes qui "s'autorisent à penser dans les milieux autorisés" n'y entendent rien ; qu'ils relisent les textes de Marx et de Lénine, une partie non négligeable de leur littérature est consacrée aux questions organisationnelles : que faire ? quelle stratégie ? quelles alliances ? que l'on se souvienne de l'opposition de Lénine à Rosa Luxemburg, des discussions interminables sur la question de la fin et des moyens. C'est ce travail théorique là qui a permis au mouvement communiste de connaître, pour le meilleur et pour le pire, des succès historiques. Les dissensions que l'on commente au sein des gilets jaunes, les contradictions, les tensions entre certaines figures plus médiatiques, les "coups bas" des uns contre les autres... tout cela n'est guère nouveau ; cela fait plusieurs semaines que des personnes qui jusque là menaient une vie banale, avec des vicissitudes finalement très banales, se trouvent embarquées dans une aventure qui en aurait effrayé plus d'un, les voilà avec des responsabilités inédites comme figures d'un mouvement qui les dépasse, découvrant en temps réel le conflit et les luttes sociales, sous pression à la fois d'une base qui se méfie de toute verticalité et d'acteurs institutionnels qui les désignent comme les fomenteurs de la sédition... et elles sont toujours là bien décidées à transformer cette révolte improvisée en un succès irréversible, c'est-à-dire la mise en place d'un Nouveau Contrat socail. Je distingue pour ma part deux lignes qui d'ailleurs ne s'excluent nullement : d'un côté la tentative de dépasser l'opposition de rue en un mouvement organisé, structuré à même de peser dans la forme académique du débat public et qui sait dans les urnes lors de prochaines échéances électorales, sur la base d'un corpus de revendications programmatiques (Gilets Jaunes le mouvement dont Hayk  Shahinyan et Ingrid Levavasseur sont les figures les plus connues, Gilets jaunes libres dont le représentant est Benjamin Cauchy...), de l'autre, un mouvement de manifestation et d'occupation de l'espace public (La France En Colère !!!/...), avec des exigences absolues ("Macron démission" autrement dit défaire le pouvoir actuel, organiser de nouvelles élections législatives avec l'idée que le mouvement pourra ainsi être représenté à l'assemblée nationale). Inutile de faire des plans sur la comète, ce mouvement est inédit par bien des aspects, il déjoue toutes les tentatives de réduction à des modèles antérieurs mais je peux au moins formuler une hypothèse ; la contre-manifestation en soutien au Général De Gaulle en 1968 a été un succès, si le Général a fini par démissionner, les élections législatives suivantes ont sonné la fin de la réaction, la gauche a été écrasée et il faudra attendre 1981 pour voir enfin la gauche accéder au pouvoir. L'extrême gauche (Ligue communiste, Lutte ouvrière, Parti des Travailleurs), les écologistes feront toujours des scores insignifiants, il n'y a jamais eu de liste estampillée Mai 68 mais ce qui est acquis c'est que les idées, aspirations exprimées lors des folles journées de mai n'ont cessé dès lors d'infuser dans l'ensemble du spectre politique, de la gauche à la droite et qu'elles ont fini par s'imposer pour une partie d'entre elles dans les têtes et dans les faits ; c'est la droite de Giscard D'estaing qui a accordé le droite de vote à 18 ans, qui a bataillé pour imposer les lois Veil, le collège unique... C'est un Parti Socialiste libéré d'une tradition ouvriériste d'après-guerre, ayant ouvert ses sections à la jeunesse turbulente de l'après-68, et intégré les thèmes de la jeunesse, de la culture, de la libéralisation sociétale qui a porté les mots-d'ordre de cette génération  au plus haut sommet de l'état et les a transformés en politique publique. Il ne faut donc pas attendre de miracle quant au succès éventuel d'une liste Gilets Jaunes, et si je n'ai aucun titre pour donner des conseils, il me semble qu'il faut continuer à être présent et actif partout : dans le grand débat, dans les mairies, sur les réseaux sociaux, sur les plateaux des chaînes infos, dans les tribunes des journaux, sur les ronds-points et dans les rues, de manière plus organisée, dans des partis afin de former des militants, porter des revendications, présenter des listes à toutes les élections... afin de de faire de ce un mouvement social un processus irréversible de transformation de la vie publique. 

- sur le plan économique, Maxime Nicole, qui me rappelle un peu les facéties de Daniel Cohn-Bendit, a récemment proposé de vider les comptes en banque afin de provoquer, pensait-il, un Bank Run... hum... je reste dubitatif, outre le fait que les camarades gilets jaunes doivent avoir des comptes souvent débiteurs en fin de mois, et peu d'épargne, si je m'en tiens à leurs revendications, il me semble qu'il s'agit là comme la grève générale d'un mode d'action quelque peu daté et d'ailleurs ce sont les plutôt les plus riches qui sont sujets à ce type de panique et ce sont toujours les plus modestes qui en font les frais. Mais puisqu'il est question d'économie, je pense qu'il faut pointer un paradoxe ; pour l'instant les gilets jaunes, qui peuvent intégrer dans leurs rangs des petits patrons, des cadres, des auto-entrepreneurs contestent l'imperium confiscatoire de l'état et la qualité de la dépense publique (privilèges d'une noblesse d'état), pourtant c'est un mouvement qui est né sur les réseaux sociaux (Facebook en l’occurrence) ; or, Maxime Nicolle, Priscilla Ludoski, Eric Drouet, animent des pages facebook qui totalisent des centaines de milliers d'abonnés ; la communication, les échanges, les commentaires et vidéos génèrent une activité qui d'abord pure gratuité est ensuite monétisée sans jamais que les producteurs de cet "or noir" immatériel soit rétribué financièrement cela s'entend ; or le vrai combat économique n'est pas de vider les comptes en banque pour mettre en difficulté l'univers de la finance, mais bien de se remplir les poches en exigeant une valorisation économique de la plus-value générée par toute activité sur un réseau social ; j'ignore la faisabilité de la chose mais après tout des ordinateurs peuvent aujourd'hui traiter des milliards de données pour calculer le cours des monnaies numériques comme le Bitcoin, on devrait pouvoir établir mathématiquement l'impact d'une contribution à la valeur globale d'une entreprise cotée en bourse comme facebook ; j'ai toujours pensé que le mythe de la gratuité n'était que l'alibi cool d'une mise au pas monopolistique du nouvel eldorado numérique ; on verrait là une application des thèses isouiennes (économie nucléaire) aux questions de ce siècle ; je sais que youtube permet dans une certaine mesure ce type de monétisation), mais les outsiders gilets jaunes qui gratuitement participent à la prospérité de facebook par le buzz qu'ils y créent seraient tout à fait fondés à demander là aussi une plus juste répartition de la richesse créée (d'où l'importance d'une taxation des Gaffa et des prochaines échéances européennes). Il me semble que c'est là un des grands combats à mener si l'on veut éviter que les trusts du nouveau monde ne rapatrient dans quelques paradis fiscaux les Milliards (50 si m'en tiens aux chiffres connus en ce qui concerne Google pour l'année passée) que vous et moi, gratuitement, leur avons permis de gagner.

- Enfin, les violences contre les journalistes ont connu une montée en puissance inquiétante ; rien de plus abject qu'une meute cagoulée qui passe à tabac un homme à terre comme à Rouen ; l'hostilité semble d'abord dirigée contre les journalistes des chaînes d'infos continues (bfm, lci, cnews) mais le service public on s'en doute n'est pas épargné ; à Paris comme la vidéo en lien le montre (cf post précédent) les journalistes étaient nombreux. La profession voit dans ces attaques lamentables la preuve d'une démocratie menacée dans ses piliers. Mais sur ce terrain là, si le lynchage d'un homme à terre est indéfendable, si toute violence contre des pigistes qui sont souvent les plus mal lotis du "spectacle" médiatique est à condamner sans réserve, que penser du lynchage d'un groupe, d'une communauté, d'un mouvement social par une meute de journalistes "professionnels" devenus chiens de garde hostiles d'un ordre politique en accusation. Je ne mets pas sur le même plan la violence symbolique des accusations répétées en boucle par les spécialistes et éditorialistes ("poujadistes, racistes, fascistes, extrémistes..."), et la violence, les coups bien réels qu'ont essuyé certains journalistes, mais tout de même je n'ai guère entendu de retour critique du petit monde journalistique quant à l'hostilité des manifestants et des ronds-points à leur encontre. je vois même un Jean Miche Apathie, droit dans ses bottes, habitué qu'il est de parler pour s'écouter, répondre aux timides interrogations/suggestions de Nicolas Domenach et Apolline de Malherbe que non décidément non, il ne voit pas ce qui a failli du côté des journalistes qui ont fait leur travail au mieux comme des "professionnels"... Pour ce qui me concerne ma conviction est faite, la presse officielle ne représente plus un pilier de la démocratie mais un appui au pouvoir établi, rien ne différencie les mots de la panique morale des éditorialistes des invectives vomies par le ministère de l'intérieur ; en termes de pluralisme et d'indépendance voilà qui est tout à fait inquiétant ; un seul exemple entre milles sur LCI après l'arrestation d'Eric Drouet un gilet jaune interviewé parle de "rafle", l'un des chroniqueurs intervient pour dire qu'il ne peut pas laisser passer une pareille expression, il a raison le terme est outrancier, déplacé mais que penser d'une Ruth El krief interrogeant le député Ruffin et affirmant ne pas comprendre son soutien à ceux qu'elle compare à des ligues d'extrème droite défilant comme en 1934, qui pour la reprendre, lui dire que le terme est outrancier voire insultant, indigne d'une analyse journalistique sérieuse, bassement polémique ? Dernier exemple, un porte parole des gilets jaunes invité sur la Matinale d'Europe 1 début décembre en vient-il à affirmer que le gouvernement doit être remplacé par le général de Villiers, propos qui bien sûr n'engagent que lui, et voilà que partout on affirme que le mouvement des gilets jaunes veut mettre en place une dictature militaire ! C'est sérieux ? honnête ? professionnel ? Quels liens ces "journalistes politiques" (les pires...) ont-ils encore avec la société française que visiblement ils ne connaissent ni ne comprennent mais sur laquelle ils veulent pontifier ? Le problème, contrairement à ce que j'ai pu entendre lors des manifestations ("vendus"), n'est pas la main-mise de groupes financiers sur ces moyens d'informations, Le Figaro vox a fait un travail remarquable de compréhension d'un mouvement qui doit sans aucun doute irriter de nombreux lecteurs du journal ; Le monde n'a pas été en reste mais du côté des éditorialistes prescripteurs d'opinion qui pérorent sur les chaînes d'infos en continu on accompagne davantage le pouvoir politique en place qu'on ne le critique ou que l'on cherche à comprendre la sociologie du pays, ses ressorts politiques. On ne demande pas aux journalistes (mais s'agit-il encore de journalistes ?) de prendre parti mais au moins d'éclairer les enjeux du débat honnêtement ; or il n'en est rien, les prescripteurs accompagnent la majorité au pouvoir dans cette simplification infantile qui réduit le désordre actuel à une opposition entre la "démocratie" (ploutocratie !) et des masses dangereuses mobilisées par les plus tristes passions. La caste des éditorialistes ressemble à ces courtisans qui pouvaient commenter sans fin le moindre changement d'humeur du monarque (une ride, un pli sur le front, la couleur d'un vêtement) en passant sous silence que son peuple pliait sous les impôts, la famine ou une guerre. Quand le pouvoir est attaqué, courtisans cohérents, ils ont toutes les raisons de redouter que leurs têtes ne tombent avec celle du roi renversé. Il n'y a rien d'irréversible à cela, il faut juste que les journalistes se remettent sérieusement à travailler, à reprendre contact avec le terrain et avec la société. Cela fait bien longtemps qu'à mes yeux internet malgré tous ses travers, ses anomalies, ses fake news, reste une source d'informations bien plus précieuse et le seul garant d'un vrai pluralisme ; j'entendais sur france info je crois l'autre jour un journaliste qui parlait des medias préférés des gilets jaunes ; il citait Russia Today, parce que les séquences filmées en direct, sans montage,sont présentées comme plus authentiques, moins propres à des interprétations/falsifications mais il opposait que la contextualisation, l'interprétation étaient justement constitutives de toute information de qualité ; c'est vrai mais voici un cas d'école : un extrait d'une manifestation des gilets jaunes, voilà pour l'image, pour le commentaire un mot, un seul "fascistes", sérieusement qu'est-ce que cela vaut du point journalistique ; rien ; qu'est ce que cela dit de l'auteur et du diffuseur : nous sommes des supplétifs du pouvoir. Ce qui a changé ? des gens n'acceptent plus de se faire insulter, diffamer, conchier par ces mêmes supplétifs, c'est mal ? La violence retombera, je l'espère, mais la méfiance, voire la défiance, sont durablement installées. 






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