vendredi 18 décembre 2015
dimanche 13 décembre 2015
LE REPUBLICANISME EST-IL UN HUMANISME ?
"Eugène arriva à Paris le 17 mai. La Commission exécutive avait succédé au gouvernement provisoire. Tout le monde voyait arriver l’explosion. Bourgeois et ouvriers voulaient en découdre. À longueur de journée la foule déambulait sur les boulevards, tandis qu’on manifestait sur la chaussée. Les incidents étaient quotidiens. La fermeture des Ateliers nationaux fut l’étincelle, qui mit le feu aux poudres. Le jeudi 22 juin 1 500 manifestants se séparèrent à la nuit au cri de À demain les barricades ! En même temps, devant la faiblesse de la Commission exécutive, une manœuvre politique, sans doute initiée par les républicains du National et ceux de la Réunion de la rue de Poitiers, s’amorçait dans le but de confier le pouvoir à Eugène. La Commission exécutive entra en agonie dans la nuit du vendredi au samedi. On murmurait de plus en plus à l’Assemblée et en ville : un homme, un sabre, Cavaignac. Le samedi 24 au matin, l’Assemblée vota le texte suivant :
Paris est mis en état de siège. Tous les pouvoirs exécutifs sont délégués au général Cavaignac.
Les premières barricades apparurent le vendredi matin. Eugène ne voulut pas recommencer les erreurs tactiques de juillet 1830 et de février 1848. Il laissa l’insurrection se développer, puis il fixa les insurgés sur leurs barricades. Ils étaient mal commandés et l’insurrection s’essoufflerait. Tous les récits des journées de juin s’accordent sur l’atrocité des combats et la rage de tous les combattants. Eugène fit donner l’assaut le lundi matin. À midi l’insurrection était réduite. En début d’après-midi il adressait un message à l’Assemblée : Il n’y a plus de lutte dans Paris. Mais le bilan de l’opération était lourd : des milliers de morts et de blessés, des centaines de maisons détruites, des quartiers défigurés, une vague de haine déferlant de tous côtés. Une sévère répression commença dès le lendemain.
Le mercredi 28, Eugène déposa les pouvoirs qui lui avaient été confiés le 24. Le pays était las des clubs, des émeutes et des manifestations. L’Assemblée en prit acte et vota à l’unanimité le décret suivant : L’Assemblée nationale confie le pouvoir exécutif au général Cavaignac qui prendra le titre de président du Conseil et nommera le ministère. Ce texte de circonstance plaça Eugène à la tête du pays pendant six mois. Il s’installa avec sa mère à l’Hôtel de Matignon.
Le passage d’Eugène au pouvoir fut marqué par la remise en route de l’activité du pays et par la préparation d’une constitution, qui fut votée au début de novembre. Celle-ci prévoyait l’élection du président de la République au suffrage universel. Eugène fut candidat. Emporté par son tempérament et mal conseillé par des politiciens plus roués que lui il multiplia les erreurs politiques et brouilla son image. Ne perdant pas une occasion d’évoquer la mémoire de son père et de son frère et de s’affirmer bon républicain, il prit des mesures d’inspiration réactionnaire, telles que le rétablissement de la journée de travail à 12 heures et l’imposition du passeport aux ouvriers qui voulaient changer de département et choisit trois anciens orléanistes lors du remaniement ministériel du 13 octobre".
Pierre Givaudon, « Eugène Cavaignac (1802-1857) », Bulletin de la Sabix
vendredi 4 décembre 2015
LE SOCIALISME EN 2015 / PHASE TERMINALE D UNE REVOLUTION CONSERVATRICE
"On pourra toujours arguer que le rouge est la couleur des socialistes. Mais c’est bien sous le signe du drapeau tricolore que Manuel Valls a lancé jeudi soir un appel à la mobilisation électorale, à trois jours du premier tour des régionales. Trois semaines après, les attentats de Paris ont imprégné son unique meeting de campagne, à Paris, pour soutenir Claude Bartolone. «Le 13 novembre, on a voulu s’en prendre à nos fondements, il faut donc revenir à nos fondamentaux : liberté, égalité, fraternité», lance le Premier ministre devant 2 000 personnes réunies à la Halle Carpentier.
Imprimé en trois couleurs, le texte de son allocution distribué avant qu’il ne monte à la tribune, s’intitule «Bleu, blanc, rouge. Notre cœur, notre esprit, notre réponse». C’est d’ailleurs avec cette formule qu’il conclura son discours d’une trentaine de minutes, la voix éraillée, devant une salle debout brandissant des drapeaux français et du PS, portant le poing et la rose. Comme un petit air de 2007, dans les meetings de campagne de Ségolène Royal. Avant Valls à la tribune, Patrick Pelloux, médecin urgentiste et membre de l’équipe de Charlie Hebdo, avait, lui, loué «le bleu des policiers, le blanc des hôpitaux et le rouge des pompiers».
Liberté, égalité, fraternité, «voilà la sève de ce que nous sommes, déclame Manuel Valls, c’est le cœur de notre idéal et donc de notre engagement». «Voilà notre programme», insiste le chef du gouvernement, reprenant l’antienne de tous les dirigeants socialistes, qui espèrent un sursaut dans les urnes dimanche. «Cette élection qui va avoir lieu, c’est la plus noble des réponses que la démocratie peut faire à la barbarie et aux ennemis de la République […] C’est la réponse que nous allons donner à ceux qui ont voulu entrer, par la violence absolue, dans notre Histoire», estime Manuel Valls, pour qui «dans ces circonstances, se rendre aux urnes est plus qu’un devoir, c’est une exigence».
«La sécurité est une valeur»
Invitée à ouvrir le meeting avant les discours de Valls et de Bartolone, la maire de Paris, Anne Hidalgo, avait remercié l’exécutif pour la réponse en matière de sécurité et de protection après les attaques du 13 novembre, tout en faisant entendre sa petite musique sur les causes sociales de la dérive de certains jeunes Français. A rebours du discours porté par Manuel Valls depuis trois semaines. «La question sociale n’excuse pas tout mais parfois, quand même, il y a des fragilités appliquées à des situations sociales complexes dans lesquelles on peut avoir le sentiment qu’on n’a pas sa place et ça peut conduire à la folie», a fait valoir l’édile.
Indirectement, Valls lui répond en prenant sa casquette d’ancien maire d’Evry et donc connaisseur des banlieues. «Nous poursuivons nos efforts notamment contre la radicalisation, sans chercher de soi-disant explications», souligne-t-il avant de fermer la porte à tout débat supplémentaire avec un argument massue : «Il n’y a pas d’explication, de justifications qui ne soient pas des insultes à la mémoire des victimes».
Avant de rendre hommage au président de l’Assemblée nationale – «un homme d’expérience qui connaît bien la diversité de nos territoires qui sait rassembler» – Manuel Valls dresse le bilan de son gouvernement depuis un an et demi en matière d’égalité, de l’instauration du tiers-payant pour tous à la création de postes dans l’Education nationale. Mais c’est sur ses fondamentaux qu’il revient toujours : fermeté et sécurité. «J’en ai assez de ces idées qui voudraient que quand la gauche protège, quand elle est ferme, quand elle parle de sécurité, d’ordre républicain, elle s’éloigne de ses valeurs. La sécurité est une valeur, elle est au cœur de notre programme pour les Franciliens», tempête le Premier ministre."
mercredi 18 novembre 2015
ROLAND SABATIER AU MAC VAL NOVEMBRE 2015
LE FILM ET SON DOUBLE. DU PROJECTIONNISTE Mac Val / 20 novembre 2015 de 11 h - 18 - En partenariat avec pointligneplan, et en collaboration avec les Laboratoires d'Aubervillers.
Un programme proposé par Érik Bullot qui présentera différentes oeuvres filmiques de Peter Miller, Peter Szendy, Esperanza Collado et, notamment, Roland Sabatier dont l'oeuvre cinématographique commence en 1963 avec Gravure Projetable et qui interprétera à cette occasion, son film intitulé Non sens avant de s'entretenir de son travail avec Érik Bullot de son travail.
NON SENS, le quasi-anti-film de Roland Sabatier présent dans ce programme a été conçu en 1970 sous la forme d'une partition publiée en 1978 par les Publications PSI dans l'ouvrage de l'auteur Oeuvres de cinéma (1964-1978) et a été projeté la première fois en public, en août 1973, dans le cadre du Festival d'Edimbourg, puis en mars 1974 au Festival "Cinéma-Seize"d'Aix-en-Provence.
Un programme proposé par Érik Bullot qui présentera différentes oeuvres filmiques de Peter Miller, Peter Szendy, Esperanza Collado et, notamment, Roland Sabatier dont l'oeuvre cinématographique commence en 1963 avec Gravure Projetable et qui interprétera à cette occasion, son film intitulé Non sens avant de s'entretenir de son travail avec Érik Bullot de son travail.
NON SENS, le quasi-anti-film de Roland Sabatier présent dans ce programme a été conçu en 1970 sous la forme d'une partition publiée en 1978 par les Publications PSI dans l'ouvrage de l'auteur Oeuvres de cinéma (1964-1978) et a été projeté la première fois en public, en août 1973, dans le cadre du Festival d'Edimbourg, puis en mars 1974 au Festival "Cinéma-Seize"d'Aix-en-Provence.
L'auteur
définit ce film de la manière suivante : « Le projectionniste est prié
de passer, de temps en temps, selon des périodes longues dont la durée
dépendra de l’importance de la manifestation, des plans très brefs
choisis parmi les pellicules dont il dispose après leur avoir
préalablement retiré la bande sonore. Cette
dernière, sans rapport avec l’image, sera réalisée par un lecteur
unique qui, à l’aide d’un micro et à des moments choisis par lui,
énoncera quelques mots, mais de temps en temps seulement, dans un
chuchotement léger qui témoignera d’une grande lassitude. Cette
section qui contrebalance l’autre sans lui être liée doit donner
l’impression d’une bande sonore normalement pleine dans laquelle on
aurait effacé la majeure partie. L’interprétation doit traduire la
fatigue, le dégoût et la lassitude. » (R.S. extrait de Œuvres de cinéma (1964-1978), éd. Psi, 1978, repris in Œuvres de cinéma (1963-1983), éd. Psi, 1984 (p. 34).
"À partir de 1969, Sabatier a réalisé un certain nombre d’œuvres dans lesquelles il s’est approprié des faits de la réalité, comme des catastrophes naturelles, des sentiments, des souvenirs, certaines situations de la vie, à partir desquels il suggère au public de les considérer comme des composants infinitésimaux et supertemporels à travers les configurations constructives ou destructives de cette esthétique. Retenues funestes, Les Assassins de la culture, Je signe tous les souvenirs, réunis sous le titre de Trois films infinitésimaux, participent de cette démarche sous la forme de courtes injonctions manuscrites. Deux petits films paisibles : 1) Serein ; 2) Tranquille, de 1975, présentent chacun une unique image sur laquelle figurent les mentions « son » et « image ». Ces deux films destinés à être présentés ensemble ou séparément se définissent comme des réalisations mono-infinitésimales en tant qu’ils suggèrent l’élaboration d’une vision mentale unique, quasi-obsessionnelle. Pour sa part, le son également basé sur un seul bruit inlassablement répété soutient dans la dimension auditive l’approfondissement de l’exploration solitaire de cette particule." (Anne-Catherine Caron, Extraits de Panoramique sur quelques œuvres de l’anti-cinéma lettriste, in L’Anti-cinéma lettriste 1952 - 2009, Ed Zeo Gravità, Sodevolo, 2009.
PROGRAMME DE LA JOURNEE DU 20 NOVEMBRE 2015
11 h Ouverture et présentation de la journée par Érik Bullot, cinéaste et théoricien
11h 30 "Non Sens" performance de Roland Sabatier suivie d'une conversation avec Érik Bullot
14 h Performance de Peter Miller, artiste.
15 h 30 "Contre-projections : le projectionniste et le bonimenteur ", conférence de Peter Szendy, philosophe et musicologue.
17 h Performance d'Esperanza Collado, artiste.
Le Film et du son double. Du Projectionniste. Vendredi 20 novembre 20 novembre 2015, 11 h - 18 h.
http://www.macval.fr/francais/evenements-4/article/le-film-et-son-double-du
mercredi 11 novembre 2015
LE GRAND SOMMEIL DE L ANTIRACISME ET SES DISSIDENTS
Le samedi 31 octobre à l'appel d'un collectif d'associations s'est déroulée à Paris une Marche pour la dignité, rassemblant quelques 10000 participants. Nombre de commentateurs ont immédiatement noté que les grandes manifestations pour l'égalité et contre le racisme avaient autrefois mobilisé bien plus de monde (en 1983 notamment), mais la réussite de l'évènement tenait moins au nombre de personnes mobilisées - qui est déjà hautement significatif - qu'à l'espace que des collectifs et associations comme LEs Indigènes de la République ont enfin réussi à conquérir dans un jeu politique qui les tenait jusque là à distance. Venant 10 ans après les fameuses émeutes de 2005, dénonçant l'impunité des "violences policières", les discriminations quotidiennes qui minent la confiance de populations défavorisées pour un modèle républicain dont elles peinent à voir les vertus, La marche proposait bien plus qu'un catalogue des lieux communs de la sociologie post-Bourdieu, elle révélait aux yeux de ceux qui feignent encore de croire qu'il ne se passe rien dans les "quartiers" la qualité et la substance d'une réflexion et de revendications patiemment élaborées depuis une dizaine d'années dans les marges des paroles institutionnelles et des partis de tutelle. Certains ont ainsi souligné l'absence prévisible des quasi-appareils idéologiques de la puissance publique que sont Sos Racisme, la Licra, le MRAP ou encore la LDH, la participation de certains socialistes n'a pas été sans susciter bien des réserves et que dire du féminisme officiel qui n'a pas jugé nécessaire de marcher aux côtés d'Angela Davis ou Aminata Traoré. Une époque s'achève décidément, la tartufferie antiraciste et son maquillage de comédie n'illusionnent plus ; la "banlieue" ou les "quartiers sensibles" ont longtemps représenté un supplément d'âme, un alibi et une rente confortable pour la gauche institutionnelle qui à travers ses associations subventionnées, ses politiques municipales, tenaient littéralement et symboliquement des populations et leur imposaient son imaginaire, ses combats, son langage, son agenda et ses mobilisations. A l'heure où un Valls reconnaît que rien n'a été fait pour les banlieues, et propose à titre de dédommagement un gadget supplémentaire (des diplômes de Hip hop), où l'actuel président est reçu sous les sifflets et les huées largement mérités, force est de constater qu'en dix ans bien des choses ont changé ; les émeutiers de 2005 ont vieilli, ils ont lu, étudié, ont cherché hors de la doxa socialiste et républicaine les causes de leur "malheur", leur amateurisme conceptuel sort de la morgue académique des auteurs et des idées que l'on se prend à regarder à nouveau d'un œil étonné, ils redécouvrent des voix qui ne figurent pas au panthéon républicain, croisent Marx et le Coran, se réapproprient un Franz Fanon libéré de la mythologie sartrienne... Assurément ils veulent donner à la condition "d'indigène" son langage, une intelligence fondée sur une situation objective et non sur les désidérata de leurs encombrants "défenseurs", mais aussi des revendications programmatiques dans l'hypothèse d'un grand soir électoral. Plus que le spectre du Fn systématiquement instrumentalisé comme un contre-feux utile, Les Indigènes de la République ont bien compris que les premières chaînes à briser, pour sortir de l'antiracisme institutionnel et de sa fonction stupéfiante (au sens de "nouvel opium"), sont celles d'une tutelle imposée qui les a trop longtemps dépossédés d'une liberté de penser et d'agir au profit d'une caste monocolore qui revendique encore mais sans convaincre véritablement le quasi monopole de la lutte contre le racisme, l'exclusion, les discriminations. Ils se méfient avec raison du paternalisme et de la condescendance de leurs "amis"' d'hier, qui n'est sans doute que le visage plus avenant, moins brutal, d'une lutte qui n'a jamais cessé de les opposer et qui apparaît aujourd'hui au grand jour. A mesure que ces nouveaux acteurs gagnent en autonomie, déjouent les pièges de la récupération toujours faite au profit de la cuisine électorale du Ps ou de ses alliés, les plumes se font plus hostiles, les commentaires plus rageurs et l'hostilité rampante se fait plus manifeste augurant des coups qu'ils devront éviter quand viendra la participation attendue à des enjeux électoraux plus conséquents
(A quand des listes Indigènes de la république à des élections municipales par exemple ?). Ici et là on pointe le "communautarisme" de ces outsiders qui n'ambitionnent pas de carrière dans la servitude socialiste ou encore la promotion d'un islam politique incompatible avec les "lumières" de la gauche divine et du républicanisme libérateur (sic). De leur côté les dissidents du Meilleur des mondes pointent l'endogamie de leurs contradicteurs, leur incapacité à mener une insolence critique à l'égard de l'appareil d'état et de ses institutions (alors qu'on ne cesse d'en appeler à Voltaire !), le paternalisme post-colonial dominant à gauche, la guerre larvée menée contre les "quartiers" à travers la névrose nationale obsessionnelle qu'est devenu l'islam en France, la dérive droitière sous couvert d'un revival républicain et laïcard dans un langage venu tout droit du XIXème siècle... Bref Lénine autrefois s'était fendu d'un texte de combat rassemblant plusieurs conférences répondant aux critiques de la gauche non marxiste Que sont les amis du peuple..., la manifestation de ce samedi outre qu'elle refuse une reconnaissance par le détour d'une bureaucratie d'Etat se pose comme le premier pas critique d'une politique d'émancipation qui entend être faite par et pour les premiers intéressés (d'où la présence massive de manifestants issus des "quartiers" pour le première fois depuis très longtemps ), elle oblige à clarifier les positions respectives, amies et ou non, et à mettre bas les masques du Grand sommeil de l'antiracisme institutionnel en soulignant combien les insiders qui capitalisent sur la misère et la colère des outsiders de la banlieue, pour pérenniser places, rentes et statuts, ne tolèrent ces derniers que "domestiqués", dociles et obéissants, et combien demain ils seront les premiers à les dénoncer et à les combattre comme des adversaires de la République (des anathèmes déjà lancés surtout depuis les attentats du 11 janvier, "islamo-gauchistes" revient souvent sans doute parce qu'il permet de suggérer sans rien avoir à prouver un lien de causalité autant paronymique que sémantique avec une autre occurrence "islamo-fasciste" plus fâcheuse) ou plutôt de l'ordre républicain et de ses bénéficiaires.
mardi 13 octobre 2015
EXTERNES EN HAILLONS CONTRE NOBLESSE SOCIALISTE, L'impasse nationaliste, faute de mieux...
"Ce pouvoir d'attraction du FN n'est bien-sûr pas le même selon les
catégories professionnelles: au sein de milieux populaires, il frôle ainsi les
deux tiers. Ces électeurs jeunes et peu favorisés font partie de cette France
des perdants, finement analysée par deux sociologues de la jeunesse Cécile Van
de Velde et Camille Peugny, qui ont conduit une consultation extrêmement
ambitieuse auprès des 18-30 ans en 2014. Biberonnés à la rhétorique de la
crise, ils sont convaincus que leur vie sera pire que celle de leur ainés. Une
analyse, qui n'est pas le simple fruit du pessimisme: avec un chômage proche de
50% parmi les non-diplômés, le syndrome de génération sacrifiée est palpable au
quotidien.
Face à cet avenir muré, les jeunes CSP- sont aujourd'hui habités par une
colère sourde, combinaison de frustration et de défaitisme. Un terreau idéal
pour Marine Le Pen qui fait le plein, débarrassée des outrances de son père,
tout en revendiquant une pensée antisystème qui peut séduire cette jeune tranche
d'âge. En effet, auprès des moins de 35 ans, l'épouvantail Jean-Marie Le Pen ne
fonctionne plus. Les polémiques sur la Seconde guerre mondiale - et on peut le
regretter - sont reléguées au rang préhistorique. Libéré facialement de son
discours antisémite, le Front national continue dans le même temps de jouer sur
la transgression. Entonnant le refrain habituel d'une collusion des médias à
son détriment, le parti conserve une dimension sulfureuse, à même de catalyser
le désir de rébellion des ces nouveaux adultes. Une rébellion contre le
système, qui permet enfin de se doter d'une identité: voter FN c'est tout à
coup appartenir à cette catégorie composite que les médias auscultent, que les
politiques rejettent ou draguent, mais en tout cas considèrent à nouveau."
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/10/13/31001-20151013ARTFIG00334-vote-fn-le-peril-jeune.php
mercredi 23 septembre 2015
vendredi 11 septembre 2015
samedi 11 juillet 2015
RETROSPECTIVE BROUTIN : RETOUR DE BERLIN
photos de Daniel Loewenbroek
La Plaque Tournante propose un retour sur la trajectoire et l'oeuvre de Broutin, l'occasion de saisir in situ dans un lieu atypique les différentes facettes de l'artiste. Dans le sillage des évènements de Mai 68 Broutin rejoint le groupe lettriste et appartient à cette Nouvelle Génération dont les noms vont émerger dans la décennie suivante au gré des publications, revues et nombreuses expositions collectives (un véritable âge d'or...). Un style se construit, s'affirme, s'approfondit dans un dialogue notamment avec la prose d'Isou (les fameuses méticisations qui constituent la série Le Désir paradisiaque et l'externité). La rétrospective fait la part belle aux archives et offre un panorama assez simulant du travail de l'artiste, des ses figures significatives (le cadre aoptique), de son action dans le groupe. Le lettrisme toujours ignoré des institutions dans sa massivité (oeuvres et artistes) connaît un début de reconnaissance (voir à ce sujet la salle qui lui est désormais consacrée au Centre Pompidou et le récent colloque Le Lettrisme en son temps, essai de contextualisation) mais celle-ci touche essentiellement le groupe, et la visibilité des artistes individuels s'efface devant l'affirmation d'un collectif artistique entériné par la grande Histoire. En deçà et au delà du groupe les artistes lettristes peuvent pourtant se prévaloir d'une œuvre désormais conséquente et pour certains encore largement méconnue. Cette rétrospective enfin souligne combien les avant-gardes souvent renvoyées à une pré-histoire de l'art contemporain (grosso modo la modernité) en sont en définitive la part maudite ; agissant de manière clandestine sans avoir ni à se dédire d'une dynamique historique qu'elles sont sans doute seules à porter ni à se justifier devant les gloires du moment, leurs œuvres prennent toute leur place dans les signes d'une contemporanéité qu'elles entendent bien subvertir (voir la Pyramide du Louvre revisitée par Broutin). Pour ma part présent au vernissage, j'ai eu l'opportunité de livrer le lendemain quelques considérations sur le Soulèvement de la Jeunesse devant un auditoire restreint mais de qualité, de signaler l'importance de cette thématique dans l'oeuvre de Broutin qui sait faire toute sa place à la question politique sans jamais sacrifier l'impératif artistique (voir sa très conceptuelle "sculpture vivante : oeuvre d'indignation créatrice" ici).
Malheureusement, infortune encore une fois, c'est le socialiste Malek Boutih qui sur un constat que je pourrais en grande partie partager faisait le buzz en France avec un rapport par bien des aspects pertinent mais qui au final nous promet une cure de républicanisme obligatoire pour les plus jeunes au lieu du réformisme éclairé dont ce pays a tant besoin, celui du Soulèvement de la Jeunesse par exemple ?
La plaque Tournante impose au gré de ses programmations une ligne clairement ambitieuse, sans œillères ni frontières ; Frédéric Acquaviva a désormais décidé de prolonger son action par la création d'une nouvelle revue, CRU (aka CONTEMPORARY RADICAL UNDERGROUND) associée directement aux évènements programmés et il nous prouve qu'en matière de publications toutes les options n'ont pas encore été explorées : véritable revue/objet (documentation, cd, dvd, photographies... insérés dans une chemise), conjuguant un minimalisme esthétique et un graphisme de haute qualité, la revue est complétée par un site web accessible à l'heureux acheteur qui, une fois renvoyé une photo de lui-même en possession de la revue, se verra communiquer un code lui permettant d'en découvrir le supplément numérique. Au sommaire du premier numéro : Frédéric Acquaviva, Tomomi Adachi, Bernard Heidsieck, Katherine Liberovskaya, Loré Lixenberg, Jacques Lizène, Alvin Lucier, ALex Mincek, Phill Niblock. La revue est distribuée par les Presses du Réel (ici).
Malheureusement, infortune encore une fois, c'est le socialiste Malek Boutih qui sur un constat que je pourrais en grande partie partager faisait le buzz en France avec un rapport par bien des aspects pertinent mais qui au final nous promet une cure de républicanisme obligatoire pour les plus jeunes au lieu du réformisme éclairé dont ce pays a tant besoin, celui du Soulèvement de la Jeunesse par exemple ?
La plaque Tournante impose au gré de ses programmations une ligne clairement ambitieuse, sans œillères ni frontières ; Frédéric Acquaviva a désormais décidé de prolonger son action par la création d'une nouvelle revue, CRU (aka CONTEMPORARY RADICAL UNDERGROUND) associée directement aux évènements programmés et il nous prouve qu'en matière de publications toutes les options n'ont pas encore été explorées : véritable revue/objet (documentation, cd, dvd, photographies... insérés dans une chemise), conjuguant un minimalisme esthétique et un graphisme de haute qualité, la revue est complétée par un site web accessible à l'heureux acheteur qui, une fois renvoyé une photo de lui-même en possession de la revue, se verra communiquer un code lui permettant d'en découvrir le supplément numérique. Au sommaire du premier numéro : Frédéric Acquaviva, Tomomi Adachi, Bernard Heidsieck, Katherine Liberovskaya, Loré Lixenberg, Jacques Lizène, Alvin Lucier, ALex Mincek, Phill Niblock. La revue est distribuée par les Presses du Réel (ici).
PS : "...si vous n'êtes pas à la Plaque Tournante, vous êtes à côté de la plaque..." et ce d'autant que les hôtes ont le sens de l'accueil et de la convivialité.
mercredi 8 juillet 2015
jeudi 18 juin 2015
RETROSPECTIVE BROUTIN A BERLIN ( LA PLAQUE TOURNANTE)
"Pas à pas, le non-peintre Broutin", tel est le titre de cette rétrospective de presque cinquante années de lettrisme par Broutin à La Plaque Tournante (curator : Frédéric Acquaviva), avec plus de 200 documents, oeuvres, photos, dessins, vidéos et sons, de 1968 à 2015. Une occasion unique de se confronter aux propositions réellement radicales de cet artiste, le lettriste le plus cohérent selon Maurice Lemaître, à (re)découvrir d'urgence. Le 26, soir du vernissage, sera créée le "Concerto n°3" de Broutin avec Loré Lixenberg en soliste et le lendemain, dans le cadre du festival48 Stunden Neukelln, Sylvain Monségu, le critique spécialiste du Soulèvement de la Jeunesse viendra donner une conférence en anglais sur les théories d'Isou et leurs applications dans l'œuvre de Broutin. On y distribuera la première traduction en allemand du texte d'Isou (H.S n°5, Editions AcquAvivA). Du 26 juin au 18 août ; vernissage le 26 juin, de 19h à 22h (entrée libre), conférence le 27 juin à 20h (entrée libre), puis sur réservation : La Plaque Tournante, Sonnennallee 99, 12045 BERLIN
samedi 9 mai 2015
mercredi 6 mai 2015
dimanche 3 mai 2015
jeudi 9 avril 2015
LE CINEMA D'ISIDORE ISOU A LA FONDATION DU DOUTE
"Initiateur du mouvement Lettriste en 1945, Isidore Isou a exploré
bien des domaines mais pour l’heure, ce sont ses « Œuvres de cinéma
1955-1999 » qui seront exposées à la Fondation du doute.
A l’occasion de cette rétrospective, le pavillon d'exposition se
transforme en salle de cinéma. « L’auberge espagnole » de 1965, «
Questions et réponses » de 1967, « Fleur de browning » de 1999… autant
de films qui ne manqueront pas d’interpeller les visiteurs. «
Discrépants » (où l’image et la bande son sont désynchronisées), «
ciselants » (avec intervention sur la pellicule), ou encore «
supertemporels » (le spectateur fait le film), un cinéma étonnant
permettant de découvrir certains des concepts du Lettrisme, un mouvement
artistique dont l’importance sur la création artistique de la seconde
moitié du XXe siècle n'est plus à démontrer.
Comment comprendre les œuvres si l’on se prive de voir dans leur
périmètre celles issues d’autres expériences à la même période ; Fluxus,
Lettrisme, Nouveau Réalisme, Art sociologique, Situationnisme... sont
autant de mouvances artistiques, théoriques, œuvrant dans une même
période entre les années 50 et 70, années si effervescentes dans
l’histoire de l’art du XXe siècle. La Fondation du doute, qui présente
l’un des ensembles les plus conséquent en France, d’œuvres ou plutôt de
propositions Fluxus, rend hommage à ce grand artiste que fut Isidore
Isou, créateur du Lettrisme. Après le dadaïsme de Tristan Tzara et le
surréalisme d’André Breton, voici donc avec Isidore Isou une nouvelle
tentative radicale de constituer un système de pensée destiné à changer
le monde. Autant Fluxus s’est affirmé comme un état d’esprit plus qu’un
mouvement à part entière, autant le Lettrisme s’est construit comme
l’une des dernières avant-gardes artistiques fondée sur la prédominance
de l’acte de création et la recherche permanente d’apports nouveaux dans
tous les domaines du savoir." (....)suite...
mercredi 1 avril 2015
lundi 23 mars 2015
EVENT / COLLOQUE ET MANIFESTATION./
précédée d'un Colloque International
"LE LETTRISME ET SON TEMPS"
samedi 21 mars 2015
FERDINAND LOP AVAIT RAISON !
http://www.liberation.fr/culture/2010/07/20/ferdinand-lop-bouffon-egare_667116
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_Lop
mardi 10 mars 2015
samedi 7 mars 2015
CREATION D'un observatoire des RADICALITES POLITIQUES
La fondation Jean Jaurès vient de se doter d'un Observatoire des radicalités politiques dirigé par Jean Yves CAmus (spécialiste de l’extrême droite en France). Et c'est une heureuse nouvelle ! Une telle instance manquait cruellement à l'action publique alors que le gouvernement actuel, peu différent du précédent en la matière, ne cesse d'afficher un volontarisme policier, qui ne permet en rien de comprendre la nouveauté d'une période : la révolte et la subversion contre le pouvoir établi (ce que l'ORAP nomme "le paradigme de l'humanisme égalitaire ORAP introduction") se trouvent portées et mises en œuvre par des mouvances autrefois qualifiées de conservatrices. L'archéo redevient un excitant révolutionnaire ! Dans cette recomposition de l'espace politique et de ses conflits, de nouveaux acteurs en rupture s'affirment et contestent un pouvoir politique occupé par une gauche hégémonique, ils la dénoncent comme la représentation d'un statu quo indépassable contre lequel ils protestent par tous les moyens (y compris la violence). Si l'ORAP pointe avec justesse l'émergence de courants identitaires, le renouvellement d'un militantisme à la droite ou à l’extrême droite d'un FN en voie de normalisation républicaine, il écarte pour l'instant de ce renouveau les radicalité venues de nos banlieues, de sa jeunesse, qui font du grand récit islamique la matrice toute post-moderne d'une utopie et d'une aventure au dénouement tragique (voir les attentats meurtriers de début janvier à Paris).
Des émeutes de 2005 il ne reste que le mauvais souvenir d'une France périphérique en flammes et en révolte, privée de paroles et expliquée par des observateurs qui peinaient à l'époque à penser la portée et le sens d'un tel évènement (retour du lumpenprolétariat ? "ensauvagement" d'une jeunesse prête à toutes les "barbaries" ?"mai 68" des banlieues ?...). Pour les acteurs anonymes et les témoins directs, les évènements ont sans doute fonctionné comme un moment initiatique, un rite de participation critique à un espace social dont ils étaient exclus ou tolérés à l'état de spectres. Existe-t-il une documentation sociologique sur ses parcours de vie ? Sur ces instants rares où des acteurs anonymes prennent soudainement l'initiative, grippent la mécanique sociale, bousculent l'économie des places, des rentes, des statuts pour refonder dans un désordre aux formes souvent aberrantes la redistribution des cartes et des chances ? La prose du collectif Cheik Yassine, des Indigènes de la république, l'émergence d'une contre-culture bricolée (Egalité et Réconciliation) comme alternative à une culture officielle, dessinent, n'en déplaise aux tenants d'un néo-républicanisme aussi tapageur qu'inactuel, un horizon libératoire d'émancipation et d'affirmation autant qu'un passage formateur et souvent une première expérience politique. Les refus d'obtempérer lors de la minute de silence post-charlie dans un nombre conséquent d'établissements scolaires, la dérision affichée devant tout ce que le pouvoir officiel tient pour sacré (l'histoire, la mémoire, la république et ses oripeaux) fonctionnement comme autant d'actes d'insoumission, de dissensus fondateurs par lesquels l'acteur entre littéralement et scandaleusement en politique. Pas plus que Dany et les enragés de Nanterre en leur temps, les jeunes réfractaires à l'obéissance républicaine ne renvoient à des problématiques "psychologiques" (déficiences, fragilités ?), morales ou culturelles ("immigrés" rétifs à une saine "assimilation", carences éducatives parentales) ; ces "enfants terribles" ne sont en rien des "individus en défaut" au regard d'une norme établie mais des acteurs qui deviennent par leurs perturbations signées des sujets au sens le plus politique. Dans cette cartographie des radicalités, il ne faudrait pas oublier les Zadistes et les Black-blocs dont les dernières mobilisations se sont distinguées par un niveau de violence rarement atteint et notamment la mise en cause de la réponse policière (affaire Remi Fraisse).
Ces outsiders réagissent et interagissent dans le plus grand désordre mais ils peuvent, dans l'identification d'un adversaire commun, à savoir l'ordre républicain et ses insiders, trouver des convergences et définir des alliances ponctuelles ou durables. La dénonciation d'une collusion "rouge/brun" et d'un "islamo-gauchisme", idiot utile d'un "islamo-fascisme", n'éclaire en rien les ressorts de ces porosités inattendues entre des acteurs traditionnellement fort éloignés. Car ce ne sont jamais que des rhétoriques empruntées dans un geste de distinction et de subversion, détournées de leur contextualité référentielle et mobilisées pour construire des trajectoires toute individuelles, hors des partis et des associations agréées. L'herméneutique officielle (presse, éditorialistes, sciences sociales) explique et justifie les pouvoirs en place, leur parole performative, elle oblige les acteurs marginaux à mobiliser une contre-culture narrative et thématique, à porter le conflit sur le terrain du "story-telling", dans une inflation de micro-récits à forte teneur romanesque (complots et conspirations) qui permettent à ces désaffiliés de se réinventer une généalogie, une mythologie et des perspectives de vie et d'action bien plus passionnantes que les "emplois-aidés", "la réduction des déficits", les "critères budgétaires européens". Tous ces processus sont connus (comment ne pas penser à la contre-culture gauchiste des années 60/70 ?), la grande nouveauté est qu'ils déploient une puissance de fascination et de séduction auprès d'un public jusque là politisé dans le seul vocabulaire des catégories dominantes et de leurs représentants (les partis et les associations). Loin d'être une "menace", cette réappropriation d'une contre-culture hypercritique par des masses d'outsiders qui se découvrent ainsi une condition commune ("petits blancs" identitaires venus du périurbain, jeunesse des ZUS, ZEP brandissant un islam politique contre un ordre républicain qui les écrase) manifeste tout au contraire la vitalité et la créativité d'acteurs sociaux ou asociaux qui cherchent par leur contestation à transformer les règles du contrat social, aspirent à une reconnaissance qui emprunte tantôt les voies d'une anomie radicale et valorisée, tantôt la production d'un nouveau paradigme critique et revendicatif.
Dans ce jeu dialectique entre le hors-champ intellectuel de l'observateur et le champ saturé de social dans lequel se débattent et luttent des acteurs jugés inquiétants, on ne peut ignorer les interactions et les tensions qui lient ces deux instances d'un dialogue social qui n'a jamais lieu. L'observateur participe pleinement d'un pouvoir et d'un ordre républicain dont il est en quelque sorte la vigie. A scruter la périphérie et les marges il en oublie peut-être que les raisons du dissensus tiennent sans doute en partie à l'organisation d'une société fondée sur un "humanisme égalitaire" finalement fort peu inclusif. Les outsiders incarneraient ainsi moins l'hypothèse d'une menace sur la "civilisation" et sur une "cohésion sociale" à laquelle ils ne participent que dans des rôles dégradés, ils viendraient plutôt comme une négativité critique aspirant à une refondation du contrat social, à leur pleine reconnaissance dans une communauté politique réformée dont leur seule présence révoltée soulignerait toute l'urgence.
L'ORAP devrait donc conjointement mener un autre inventaire critique, concernant cette fois-ci les résistances, les blocages, les radicalisations qui travaillent l'espace de la normalité sociale, un certain entre soi économique, social et générationnel, qui jette sur ces jeunes outsiders imprévisibles le regard inquiet du bourgeois qui voit défiler des ouvriers chantant l'internationale et imagine... le pire à venir. La radicalisation de cette jeunesse inquiétante serait-elle liée à la défense d'un espace social fermé, verrouillé par ses gagnants et ses bénéficiaires ? Ce n'est pas le Front National qui a relancé cette idée délirante d'interdire le voile musulman au sein des universités mais il me semble des socialistes tout à fait bon teint, emprunts de morgue et de mépris pour ces "jeunes aliénées" que l'ordre républicain a sans doute la haute responsabilité morale de rééduquer, y aura-t-il dans le prochain gouvernement un ministre de la barbe et du vêtement ?
La république est nue, les lignes de fracture sont chaque jour plus visibles et suscitent des configurations nouvelles, des conflits étonnants où la gauche se retrouve dans le rôle peu lyrique d'instance de surveillance, de contrôle, d'oppression au nom d'un meilleur des mondes qui ne compte plus ses exclus. L'ORAP dans sa cartographie des extrêmes devra dépasser le nuage des idées et des violences que les acteurs eux-mêmes agitent autant que la mise au pas autoritaire et policière, demandée par des citoyens en état de sidération et de panique morale, qui risque d'ajouter au clivage social, un antagonisme générationnel et territorial. D'un tel observatoire on doit attendre un diagnostic, une expertise, susceptible non de stigmatiser et de rejeter dans un non-lieu de la société des acteurs dissidents mais de fonder des politiques publiques, ambitieuses et inclusives. Tout le contraire des mots d'ordre confus, racoleurs ("apartheid", "islamo-fascistes"), des mesures d'exception, d'une justice expéditive, des rodomontades des éructations, de la dérive autoritaire et liberticide qui sont la signature de l'impuissance gouvernementale actuelle et de sa défiance envers la jeunesse.
ps : " L’externité invente un Hitler, un Mussolini, comme elle invente un Ferdinand LOp ; et dans un monde de raison, les jeunes incarnent un monde de déraison, d’animalité, de folie, parce qu’ils n’en peuvent plus ! le réveil de l’obscurantisme mystique n’est que la preuve du mensonge ou de la négligence aveugle des Lumières (..) Ne sachant pas quoi bâtir, ni vers quoi avancer, la jeunesse sait premièrement quoi détruire, de quoi se sauver" (Isidore Isou LE soulèvement de la jeunesse, La solution du Protégisme juventiste, 1949, CICK, 1971,p.79)
mercredi 4 mars 2015
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