(gilets jaunes dépavant l'avenue de Friedland source Libération)
"Le même refus d'envisager de désagréables réalités apparaît encore mieux dans tes réflexions sur ces barricades du samedi 6, où selon toi "jeunes loubards de banlieue, lycéens parisiens et adultes de tout poil se retrouvèrent plutôt fraternellement". Il est remarquable que tu n'envisages pas la possibilité que la police, sans même parler des provocations particulières plutôt inutiles, ait abandonné trois heures durant le terrain à l'émeute, pour pouvoir ensuite monter en épingle "la violence", etc. Il est vrai que ce genre de manipulation est à double tranchant, et peut aussi bien, s'il y a une foule bien décidée à l'affrontement, lui donner le temps de s'organiser. Mais c'est justement ce qui ne s'est pas passé ce soir là, et c'est bien cette indécision générale qui a pu donner à l'acharnement de quelques-uns un caractère d'irréalité, sans qu'il faille pour cela condamner chaque individu présent, bien sûr, mais non plus le glorifier comme un Alexandre de l'émeute"
lettre de Jaime Semprun à Jean-Pierre Baudet, le 2 mars 1987, in Jean-François Martos Correspondance avec Guy Debord, Le fin mot de l'histoire, 1998
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