"Besoin d'expression étouffé. Frustrations de ne pas avoir de place, de n'obtenir aucune reconnaissance sociale, de ne pouvoir devenir des citoyens à part entière, dotés d'un travail et d'un logement. Trajectoires déviées parce que l'emploi trouvé ne correspond pas aux études. Craintes pour l'avenir. Défiance vis-à-vis du politique… « Ce sentiment d'être privés de l'essentiel constitue un terreau fertile à la contestation. »
Jamais la jeunesse, en France, n'a été aussi éduquée. Lorsqu'ils sont
chômeurs, stagiaires, coincés dans l'intérim, ces enfants de la
démocratisation scolaire et de la mondialisation culturelle, extrêmement
informés, vivent comme une indignité de devoir se contenter de survivre alors que leurs études ont fait naître de forts espoirs. D'où cette frustration existentielle et cette capacité à développer un discours de plus en plus critique sur l'épreuve sociale qu'ils traversent. « Un nous'' pourrait se former, croient les sociologues, si les diplômés étaient rejoints par les jeunes en désespérance sociale. »