mardi 13 décembre 2011

jeudi 20 octobre 2011

FRANCOIS POYET LIVE ACTION

Pour les noctambules, François Poyet donnera un concert aux Caves du Chapelais (7 rue du chapelais, Paris 17) entre 22h et 6h du matin le vendredi 21 octobre ; true underground sound for letters lovers !

mardi 18 octobre 2011

ELECTION 2012 EN PERSPECTIVE, PLAIDOYER POUR UNE SOCIETE OUVERTE : INNOVATION, LIBRE-ECHANGE VERSUS PROTECTIONNISME

"On peut oberver ce principe de diminution de la mobilité concuremment à la croissance et à la complexité dans toutes les organisations humaines. (...) C'est ainsi quà mesure que l'organisation industrielle s'aggrandit, elle doit devenir moins flexible , jusqu'aux derniers stades auxquels elle devient hostile à l'invention, à l'esprit d'entreprise, à la concurrence et au changement. Le seul idéal qu'elle reste capable d'envisager est celui de la stabilité.
Ce rétrécissement des objectifs concurremment à un accroissement de la complexité est le propre des bureaucraties . On le retrouve dans le gouvernement et les sociétés anonymes, dans les armées, dans les églises et dans les universités. Plus l'organisation est compliquée, plus elle doit renoncer à toute autre ambition que celle d'assurer sa propre subsistance.


Ce n'est donc pas un hasard que les mots d'ordre politiques de l'époque récentes ont été : PROTECTION, STABILISATION, SECURITE de la production, du temps de travail, des procédés, des marchés, des salaires, des prix, de la qualité. On croit généralement que l'organisation de la stabilité était nécessaire pour lutter contre le "chaos" de la concurrence ; la vérité est qu'il est devenu nécessaire de stabiliser parce que l'organisation était devenue trop compliquée. Au fur et à mesure que les nations modernes ont adopté le protectionnisme, ont permis la création d'énormes organismes industriels, ayant des immobilisations considérables et de gros frais généraux, des salaires et des heures de travail immuablement fixés par la loi ou par contrat, des prix et des tarifs immuablement fixés par des commissions ou des cartels, il ne s'est plus agit d'accroitre la richesse au moyen D INVENTIONS ET D ENTREPRISES NOUVELLES, ni de vaincre la concurrence. Il s'est agi de stabiliser au niveau de productivité, de variété et de technique existant.


C'est pourquoi bien des gens se sont mis à croire que l'importation de marchandises moins chères est une menace, que le progrès technique est un desastre, que produire davantage c'est gagner moins . Ils ont la conviction que s'ils pouvaient fermer les ports et élever autour de leur métier une muraille de chine assez haute, faite de sociétés, holdings, de fusions, de cartels de vente, d'ententes entre producteurs, de licences, de contingents, de lois ouvrères et de contrats collectifs, UNE MURAILLE ASSEZ HAUTE POUR BARRER LE PASSAGE AUX IDEES NOUVELLES, AUX METHODES NOUVELLES, AUX HOMMES NOUVEAUX, A LA MAIN D OEUVRE NOUVELLE, ils jouiraient des bienfaits de la stabilité. Assurément , une société qui se donne une organisation complexe est obligée de continuer à s'organiser jusqu'à la rigidité, de rechercher la stabilité parce qu'elle ne peut plus avancer. Elle doit imiter le mollusque qui, ne pouvant ni marcher, ni nager, ni voler, n'a que de faibles ambitions et paraît jouir d'une existence raisonnablement stable et abritée".
Walter lippman, La Cité libre, 1938




mercredi 31 août 2011

TILL DEATH TEAR US APART

"Est-ce que vous croyez que Graham Bell a fait une étude de marché avant d’inventer le téléphone ?. Est-ce que Léonard de Vinci a fait une enquête avant de peindre la Joconde ? "
Peu d'individus peuvent prétendre avoir de leur vivant opérer une véritable révolution de la vie quotidienne, Steve Jobs était l'un d'entre eux. Les Cahiers saluent le rêveur intarissable, le visionnaire et l'homme d'affaire accompli. En lui souhaitant une postérité plus ambitieuse encore !

mercredi 17 août 2011

YOUTH AGAINST CAPITALISM AND SOCIALISM

Le calme semble provisoirement revenu en Angleterre, le politique a repris de manière musclée la main, c'est l'occasion pour nous de revenir sur les différents discours et commentaires qui se sont attachés ici en France et en Angleterre à expliquer et à mettre en perspective les récentes émeutes dont la violence et l'ampleur ont sidéré l'opinion. Deux grands types de réaction se distinguent : les conservateurs, la droite, d'une part, qui de manière décomplexée évoquent dans la plus grande confusion une "crise des valeurs", la "culture des gangs", la famille disloquée, des parents absents, le culte de la consommation sans temps morts ni entrave... Ces explications qui ne sont en fait ni vraies ni fausses en elles-mêmes (opinions) renvoient la responsabilité exclusive de la violence sociale aux émeutiers, en passant sous silence les carences de l’État, l'absence de perspective économique, les politiques d'austérité qui ont vraiment de quoi désespérer tous les Tottenham d'Angleterre et d'ailleurs, l'impunité d'une prédation financière qui prive la collectivité des moyens de sa cohésion et de son développement... Ce sont autant de classiques de l'opinion conservatrice qui en appelle de fait à une gestion policière de ce qui reste à ses yeux un problème d'ordre public.
Du côté de la gauche (Voir les dossiers du Monde, les posts et articles sur Mediapart, Le nouvel Observateur, Libération dont certains figurent en annexe), se décline une toute autre doxa dont les tenants et les aboutissants sont pourtant tout aussi discutables. Certains pointent le désengagement de l’État Providence sous les injonctions d'une dérive "néolibérale" en méconnaissant la profondeur historique et les grandes caractéristiques de la société anglaise. Le gouvernement travailliste de Tony Blair dénoncé ici comme le grand satan social-libéral a de ce point de vue un mandat plus qu'honorable qui a de quoi faire rougir la gauche française et les deux septennats de François Mitterand : multiplication du budget de l'Education par 10, augmentation du financement des services publics à hauteur de 150 milliards, instauration d'un Salaire minimum, baisse du chômage, forte croissance, politique généreuse d'immigration... Le miracle économique a pourtant des revers indéniables : financiarisation de l'économie, consommation encouragée par un surendettement des ménages (voir le poids de la dette privée sans commune mesure avec la France), sortie du chômage pour une insertion professionnelle au rabais qui ne protège pas de la pauvreté (les fameux petits jobs), persistance d'un sous-prolétariat qui n'accède plus à l'emploi officiel et organise l'économie de l'illégalité pour survivre (gangs) d'où le durcissement des logiques de sécurité (vidéosurveillance). Quand les commentateur français déplorent les "reculs" de l’État providence, ils oublient un peu vite qu'il n'y a pas de culture des services publics "à la Française" en Angleterre, que la société repose davantage sur l'individu et les communautés que sur les administrations et le rôle centralisateur de l’État. Dès le deuxième jour des émeutes des citoyens s'organisaient pour protéger leur quartier et dissuader les émeutiers (700 personnes à Southall !), on a aussi noté des mouvements de solidarité comme dans les cas de catastrophe naturelle à destination de ceux qui avaient tout perdu dans les incendies (collectes et dons), c'est en vain qu'on chercherait un équivalent lors des émeutes de 2005 en France (sans parler du succès de la délation). Ces exemples devraient inciter les apôtres du tout-état à plus de prudence : il y une société civile qui agit et interagit en amont et au delà de l’État et de ses monopoles (sur la solidarité notamment). D'autres ont pointé le contexte de crise, l'effondrement d'un système en bout de course qui prive à la fois les jeunes des emplois espérés et le gouvernement des ressources qui pourraient financer des politiques ambitieuses de relance. On reproche à raison au gouvernement conservateur de céder à la pression et aux injonctions de la finance (lutte contre les déficits), d'abandonner ainsi les intérêts de ses concitoyens au nom d'une austérité nécessaire (qui est d'ailleurs l'autre visage de la décroissance tant prisée ici à gauche), on connait leurs diatribes contre la "mondialisation" et le "néolibéralisme". Tout cela est en partie vrai mais insuffisant (sans parler de l'incapacité de la gauche à installer des politiques de plein emploi quand ils sont aux affaires). D'autres enfin plus rares s'intéressent plus particulièrement au profil des émeutiers et soulignent l'existence d'une problématique générationnelle qui place la jeunesse au rang des grands perdants de toutes les politiques qu'il s'agisse de période de croissance ou d'austérité, avec ou sans les bienfaits de l’État-providence. Non sans un certain lyrisme romantique, quelques uns se hasardent même à ressusciter "ruses de la raison" historique, en voyant dans ces émeutes une extension du "domaine de la lutte des indignés", la fin du capitalisme, la purification du monde, la justice universelle, blablablabla...
Là cependant où la démonstration pêche notablement, c'est à propos des solutions que les uns ou les autres entendent apporter, une fois le diagnostic établi et partagé par tous. A gauche surtout, on voit revenir les classiques dont on mesure chaque jour en France l'inefficacité : plus d’État sans jamais que son rôle et ses missions à l'égard des jeunes soient clairement identifiés, renforcement du nombre des fonctionnaires, bureaucratisation de la société civile à leur bénéfice, relance par la consommation qui concerne prioritairement ceux et celles qui possèdent déjà un emploi, création ad hoc de vrais/faux emplois qui visent à maintenir l'ordre et la paix sociale en espérant que les intéressés n'exigent pas mieux et plus... L'impensé marxiste qui hante la gauche intellectuelle la conduit à déchiffrer la question sociale en terme d'inégalités de revenus, de redistribution de la richesse produite, elle n'envisage en conséquence pour les exclus, les outsiders qu'une allocation d'assistance qui installe un contrat social asymétrique, une relation de pouvoir de l'un sur l'autre et la réification à une place et un statut au rabais. J'ai pourtant noté un post surprenant sur le site de Médiapart qui sans doute est bien plus riche en perspectives réformistes que la générosité toujours un peu suspecte des dames patronnesses de gauche. Dans ce texte très stimulant (
Londres, prédateurs d'en haut et prédateurs d'en bas), Dominique G Boulié se place avant tout sur un plan anthropologique et n'oppose pas la base et le sommet, les classes sociales entre elles dans une lutte dialectique, les riches versus les pauvres, il montre a contrario l'identité des moyens et des fins chez les uns et les autres dans l'appropriation violente (la prédation). Cette analyse reprend en fait sous une forme actualisée les arguments de Marx et Engels à propos du lumpenprolétariat ; ces derniers dénonçaient en effet en leur temps cette véritable voyoucratie, constituée des laissés-pour-compte surnuméraires du développement industriel, prête à se vendre à la bourgeoisie moyennant quelques subsides et à prendre les armes contre les prolétaires. L'exemple des maffias à l'heure de la mondialisation est à ce titre hautement significatif : Dominique Boulié a raison de rappeler qu'elles sont désormais tout autant à l'aise dans le crime de sang au local que dans la bonne gestion de leurs intérêts sur les marchés financiers au global. La sociologie de gauche redoublera d'empathie pour les uns (la délinquance des quartiers) et d'indignation morale vis-à-vis des autres (les "paradis fiscaux"). La prédation apparaît bien pourtant comme le langage dominant de l'époque qu'on ne peut contester qu'en lui opposant un contre-modèle économique et social. On peut ainsi distinguer, en prolongeant la leçon de Dominique Boulié trois modalités de l'interaction avec autrui : la prédation, le don et le contrat avec pour horizon la démocratie et l'égalité réelle de toutes ses acteurs. La prédation substitue à l'état de droit et à la reconnaissance interindividuelle le fait brutal, la négation de l'autre comme un égal, sa dépossession et son exploitation : les pillages durant les croisades, l'expansion de l'empire colonial européen, la spoliation des biens juifs par les nazis par exemple... Il n'y a pas d'horizon démocratique à la prédation généralisée (la féodalité ou la dictature), de ce point de vue la dénonciation des dérives de la finance comme une menace pour la démocratie est parfaitement justifiée. So What ? La gauche oppose toujours aux marchés financiers le rôle régulateur et bienfaiteur de l’État providence (la redistribution comme variation du don, garant de la justice et de la cohésion sociale). Or le don repose sur une asymétrie fondatrice, il justifie une inégalité des statuts en maintenant le bénéficiaire dans une situation de minorité permanente, il installe ce dernier dans la toile d'araignée d'une bureaucratie qui prospère sur son infériorité entretenue (éducateurs, psychologues, enseignants, travailleurs sociaux, experts et spécialistes en "malaise social") sans jamais que ce dernier puisse s'en émanciper si ce n'est d'ailleurs comme en 2005 par la violence (quelle non-surprise que de voir des écoles partir en fumée). La survie, une citoyenneté diminuée (dont l'anagramme est démuni) sont l'horizon indépassable sous lequel sont installés et condamnés avec les meilleures justifications du monde (comment en vouloir à tant de mansuétude et de générosité ?) des pans entiers de notre société, qui comptent sans doute en ses rangs les meilleurs et les plus prometteurs. Réduire les inégalités pour réduire la violence sociale ? soit, mais cela ne sera pas suffisant ; au don et la prédation, j’opposerai plutôt les vertus émancipatrices du contrat : la reconnaissance des jeunes comme des sujets économiques et politiques à part entière qui ont vocation à entrer dans une relation contractuelle (droits et obligations) avec autrui. Il ne s'agit plus à cet effet d'augmenter la redistribution en développant de manière tentaculaire l’État providence mais d'augmenter la "capabilité" (Amyarta Sen) des bénéficiaire (le fameux "empowerment"), de leur accorder la reconnaissance et les moyens matériels de l'exercer notamment sur le marché des biens et des services (comme consommateur mais aussi producteur et créateur). On peut gloser ad nauseam sur le pillage consumériste, sur le malaise social, existentiel dont il serait le symptôme, il ne dit rien d'autre que la plus banale évidence : je veux, je prends parce que je n'ai pas les moyens de pratiquer autrement l'échange et ce tant que cette jeunesse sera installée dans la marginalité économique, politique et sociale. Se libérer de la finance et de ses propriétaires mais aussi de l’État, de sa bureaucratie compassionnelle (le politique compassionnelle qui est la politique sociale des conservateurs très en vogue aux USA et dont la gauche française à travers le care assure la promotion hexagonale), l'un comme l'autre ne proposant au final qu'une société de misère, où certains sont réifiés à une place dégradée, société dont l'essentiel des ressources se voit cooptée par les insiders avec quelques miettes pour les marges et les perdants. Voilà bien la ligne révolutionnaire qui permettrait de donner des débouchés à tous ces impatients qui dépensent pour l'heure leurs talents, leur créativité dans la violence et la petite délinquance. C'est parmi cette "canaille" là que sommeillent les possibilités d'un épanouissement individuel au bénéfice de la société mais aussi les opportunités de croissance, de prospérité qui ne demandent qu'à être libérées. L'austérité ? non merci ! Standar's and Poors ? non merci ! Pierre Bourdieu ? Non merci ! Place aux externes !
ps : je prends connaissance de la proposition de François Chérèque, leader de la CFDT, homme progressiste et intelligent (imaginons les autres...), il appelle à la tenue d'un sommet social pour trouver des solutions à la crise qui mettrait autour de la table le gouvernement, les représentants du patronat et des syndicats. Les jeunes, les externes, les outsiders n'y sont encore une fois pas associés..jusqu'à la prochaine émeute ?

liens :

http://blogs.mediapart.fr/blog/dominique-g-boullier/120811/londres-predateurs-d-en-haut-predateurs-d-en-bas

http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/08/17/grande-bretagne-le-taux-de-chomage-repart-a-la-hausse-surtout-chez-les-jeunes_1560393_3214.html

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/08/16/emeutes-les-jeunes-ne-doivent-pas-etre-les-grands-oublies-des-projet politiques_1559943_3232.html#ens_id=1560245

Florence Faucher-King, Patrick Le Galès
Tony Blair (1997-2007), Le bilan des réformes
Presses de Sciences Po, collection Nouveaux débats, 2007

mardi 16 août 2011

UNE REVOLTE MONDIALE DE LA JEUNESSE (MICHEL FIZE)

Tunisie, Egypte, Libye, Syrie, Italie, Grèce, Espagne..., aujourd'hui Grande-Bretagne... et Israël, la liste des pays n'en finit pas de s'allonger, qui montre des jeunes en colère, "indignés" ou "émeutiers". La jeunesse, depuis trois ou quatre décennies, était unie pour le meilleur : les festivités musicales ou sportives, les JMJ (Journées mondiales de la jeunesse...). Elle l'est dorénavant aussi et surtout pour le pire : le chômage et la précarité, la rigueur du présent, l'inquiétude du lendemain.
Pour cette raison, les émeutes qui ont eu lieu à Londres et dans les autres villes d'Angleterre ont offert, avec celles de 2005 dans les banlieues françaises, des similitudes qu'il faut à présent préciser.
Dans l'un et l'autre cas, elles débutent dans des quartiers pauvres : Tottenham à Londres, les cités populaires en France. Des quartiers à grande concentration de jeunes issus de familles immigrées : surtout antillaises à Londres, surtout maghrébines et africaines subsahariennes (et antillaises aussi) chez nous.

Tant à Londres qu'en région parisienne, ces émeutes mettent en scène des jeunes, souvent très jeunes (10-13 ans), qui sont moins des voyous (les émeutiers français étaient, pour leur grande majorité, sans passé judiciaire et assez normalement scolarisés ; les enquêtes en cours à Londres concluront probablement de la même manière le moment venu), jeunes donc qui sont moins de la "racaille" que des désespérés - désespérés qui, n'ayant plus rien à perdre, sont prêts à tout, à tout pour qu'on leur accorde un peu d'attention et de reconnaissance.

Tandis que d'autres jeunes, en Grèce ou en Espagne, s'indignent en verbalisant leurs revendications (ils ont les capacités intellectuelles nécessaires pour cela), qu'ils réunissent groupes de travail et assemblées générales, ces jeunes-là, ceux des quartiers populaires, s'expriment par des violences.

Par leur fureur, les jeunes Anglais, à l'image des jeunes Français naguère, crient ainsi leur désespoir et leur colère à la fois. Ils se vengent aussi de la police qui les maltraite si souvent en temps ordinaire (on ne dira jamais assez combien le contentieux entre les jeunes et les forces de l'ordre nourrit les violences urbaines).

A Londres, comme à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ou d'autres cités populaires, cette jeunesse, qui se sent abandonnée, méprisée, s'en prend désormais aux symboles de cette richesse capitaliste à laquelle elle sait qu'elle ne peut accéder. Alors, bien sûr, elle "pille" ces objets de consommation qui lui font tant envie. Les "temples du commerce" aujourd'hui saisis ressemblent à s'y méprendre aux châteaux forts, gonflés des fortunes seigneuriales, que les miséreux attaquaient avec rage pour se venger de leur infortune.

La jeunesse est moins dangereuse qu'en danger. La répression policière, décrétée aujourd'hui par le premier ministre, David Cameron, ne résoudra rien durablement en Angleterre, comme elle n'a rien résolu, ni en France ni dans aucun autre pays confronté à pareil problème social.

Les solutions ? Elles existent mais demandent courage politique et bonne volonté économique. Quelles sont-elles ?

Un meilleur partage des richesses pour faire de nos sociétés des sociétés plus justes et plus équitables où chacun, jeune ou vieux, homme ou femme, Blanc ou Noir, puisse décemment vivre sans craindre le lendemain. Une classe politique plus proche des réalités sociales et moins des puissances d'argent. Solutions bien improbables ou bien lointaines. Alors quoi ? Des solutions sociales. L'établissement, par voie de médiation, d'un dialogue entre les pouvoirs publics et la jeunesse, qui a besoin que l'on reconnaisse la gravité de la situation dans laquelle on la tient et maintient - un scandale humain et une indignité démocratique à la fois.

Echec scolaire, chômage, précarité, dépendance : les jeunes en ont assez de cette vie de galère, de regarder passer les trains de la richesse. Il est temps, pour les Etats et les acteurs économiques, de définir pour eux de grands programmes d'insertion professionnelle. La jeunesse a moins besoin d'être punie ou "rééduquée", que d'être acceptée et insérée au coeur de nos sociétés.

MICHEL FIZE IN LE MONDE DU 16/08/2011

samedi 13 août 2011

UPPER CLASS, OUTSIDERS, LOOSERS & MISFITS

Derrière la façade libérale et les multiples success stories, l'Angleterre compte pourtant ses classes pauvres, comme enlisées dans la misère. «Nous détenons le triste record des familles où personne n'a jamais travaillé, où l'on est chômeur de père en fils», se lamente Tim, un professeur qui se dit «de gauche». Quelque 7 % de la population active est en longue maladie, quelque 20 % des jeunes sont au chômage dans les quartiers déshérités de Londres, où la moitié des familles vivent sous le seuil de pauvreté. À des années-lumière du monde de la City, à quelques centaines de mètres pourtant. Car ici les écarts cohabitent. Les milliers de petits cottages tous semblables dissimulent des extrêmes.
http://www.lefigaro.fr/international/2011/08/12/01003-20110812ARTFIG00470-l-angleterre-unie-face-aux-emeutiers.php

Friedrich Engels à propos du lumpenprolétariat parisien

La garde mobile qui est recrutée, dans sa plus grande partie, dans le lumpen-prolétariat parisien, s'est déjà beaucoup transformée, dans le peu de temps de son existence, grâce à une bonne solde, en une garde prétorienne de tous les gens au pouvoir. Le lumpen-prolétariat organisé a livré, sa bataille au prolétariat travailleur non organisé. Comme il fallait s'y attendre, il s'est mis au service de la bourgeoisie, exactement comme les lazaroni à Naples se sont mis à la disposition de Ferdinand. Seuls, les détachements de la garde mobile qui étaient composés de vrais ouvriers passèrent de l'autre côté.

Mais comme tout le remue-ménage actuel à Paris semble méprisable quand on voit comment ces anciens mendiants, vagabonds, escrocs, gamins et petits voleurs de la garde mobile que tous les bourgeois traitaient en mars et en avril de bande de brigands capables des actes les plus répréhensibles, de coquins qu'on ne pouvait supporter longtemps, sont maintenant choyés, vantés, récompensés, décorés parce que ces « jeunes héros », ces « enfants de Paris » dont la bravoure est incomparable, qui escaladent les barricades avec le courage le plus brillant, etc., parce que ces étourdis de combattants des barricades de Février tirent maintenant tout aussi étourdiment sur le prolétariat travailleur qu'ils tiraient auparavant sur les soldats, parce qu'ils se sont laissé soudoyer pour massacrer leurs frères à raison de 30 sous par jour ! Honneur à ces vagabonds soudoyés, parce que pour 30 sous par jour ils ont abattu la partie la meilleure, la plus révolutionnaire des ouvriers parisiens !

In Les journées de juin 1848

FRIEDRICH ENGELS A PROPOS DU PROLETARIAT ANGLAIS

Ces centaines de milliers de personnes, de tout état et de toutes classes, qui se pressent et se bousculent, ne sont-elles pas toutes des hommes possédant les mêmes qualités et capacités et le même intérêt dans la quête du bonheur ? Et ne doivent-elles pas finalement quêter ce bonheur par les mêmes moyens et procédés ? Et, pourtant, ces gens se croisent en courant, comme s'ils n'avaient rien de commun, rien à faire ensemble, et pourtant la seule convention entre eux, est l'accord tacite selon lequel chacun tient sur le trottoir sa droite, afin que les deux courants de la foule qui se croisent ne se fassent pas mutuellement obstacle ; et pourtant, il ne vient à l'esprit de personne d'accorder à autrui, ne fût-ce qu'un regard. Cette Indifférence brutale, cet isolement insensible de chaque individu au sein de ses intérêts particuliers, sont d'autant plus répugnants et blessants que le nombre de ces individus confinés dans cet espace réduit est plus grand. Et même si nous savons que cet isolement de l'individu, cet égoïsme borné sont partout le principe fondamental de la société actuelle, ils ne se manifestent nulle part avec une impudence, une assurance si totales qu'ici, précisément, dans la cohue de la grande ville. La désagrégation de l'humanité en monades, dont chacune a un principe de vie particulier, et une fin particulière, cette atomisation du monde est poussée ici à l'extrême. Il en résulte aussi que la guerre sociale, la guerre de tous contre tous, est ici ouvertement déclarée. Comme l'ami Stirner 1, les gens ne se considèrent réciproquement que comme des sujets utilisables ; chacun exploite autrui, et le résultat c'est que le fort foule aux pieds le faible et que le petit nombre de forts, c'est-à-dire les capitalistes s'approprient tout, alors qu'il ne reste au grand nombre des faibles, aux pauvres, que leur vie et encore tout juste.
Et ce qui est vrai de Londres, l'est aussi de Manchester, Birmingham et Leeds, c'est vrai de toutes les grandes villes. Partout indifférence barbare, dureté égoïste d'un côté et misère indicible de l'autre, partout la guerre sociale, la maison de chacun en état de siège, partout pillage réciproque sous le couvert de la loi, et le tout avec un cynisme, une franchise tels que L'on est effrayé des conséquences de notre état social, telles qu'elles apparaissent ici dans leur nudité et qu'on ne s'étonne plus de rien, sinon que tout ce monde fou ne se soit pas encore disloqué.
In La situation de la classe laborieuse en Angleterre (1845)

mardi 9 août 2011

LONDON'S BURNING ? YOUTH UPRISING ?


SOURCE : http://www.thetimes.co.uk/tto/news/

mercredi 27 juillet 2011

GALERIE SATELLITE : ALAIN SATIE EN SES OEUVRES VIVES



Frédéric Acquaviva propose depuis lundi à La Galerie Satellite pour sa programmation estivale une exposition d’œuvres d'Alain Satié, La dynamique évolutive du roman ; figure historique importante du mouvement lettriste, disparu cette année, Alain Satié laisse une œuvre artistique de premier ordre dont on pourra à cette occasion découvrir la ligne hypergraphique singulière .



lundi 18 juillet 2011

EXPOSITION GALERIE SATELLITE



A partir du 19, Frédéric Acquaviva présentera à la Galerie Satellite, cinq artistes dans le cadre de l'Ete spoutnik. Le vernissage aura lieu le mardi 19 juillet à partir de 18h00. C'est aussi à la Galerie Satellite que les Editions Acquaviva présenteront le nouvel opus de cette collection vouée à devenir culte : Euterpe du Hoggar de François Poyet en présence de l'auteur le 9 août à 18h00. A suivre....





mercredi 6 juillet 2011

ACTUALITE DU LETTRISME

Plusieurs publications viennent s'ajouter aux déjà très nombreuses lectures prévues pour cet été mais on ne saurait trop recommander :
- Aux Editions Acquaviva, un petit texte de Jean Pierre Gillard consacré à Gabriel Pomerand, témoignage précieux de la dernière apparition de l'archange au sein d'un mouvement qu'il avait quitté depuis des années.. et quelle photo !


- Damien Dion poursuit l'aventure TOTH ; troisième numéro, consacré à la poésie cette fois-ci, nouvelle mise en page, Cd et nombreuses contributions.... aventure qu'il faut absolument soutenir !


- Enfin, une discussion entre Roland Sabatier et Guillaume Robin évoquant notamment les rapports du lettrisme au Nouveau Réalisme, à lire sur le site de la revue Scission (http://revue-scission.com/).

lundi 4 juillet 2011

PARTI SOCIALISTE,L'EQUATION PERDANTE : 0 + 0 =....

Les récentes turpitudes du candidat probable à la primaire socialiste, "favori des sondages", ne doivent pas être sans conséquence. Elles interrogent moins la personne DSK que le Parti Socialiste dans son fonctionnement réel, dans un moment de crise où je dois bien reconnaître les poses et postures habituelles ont cédé la place à un naturel bien curieux :
Si la présomption d’innocence est un acquis précieux qu'il faut réaffirmer en toute circonstance, il est pour le moins étonnant de constater qu'il s'avère être à géométrie variable. Je ne me souviens pas avoir il y presque un an déjà entendu ni un BHL, ni un Badinter venir expliquer que M. Woerth restait "présumé innocent" alors qu'il était au cœur d'une tourmente médiatico-politique. Est-il innocent ou coupable des faits qui lui sont imputés, à tort ou à raison, je n'en sais strictement rien à ce jour. Force est de reconnaître que ce "principe sacré" s'applique diversement selon les affinités et les positionnements politiques, le degré de proximité de la personne mise en cause... quelle cohérence dans les principes ! Par ailleurs, il est de règle de ne pas commenter une affaire en cours, indépendance de la justice oblige... le chauvinisme le plus étriqué s'est pourtant manifesté au grand jour : la pauvre petit coq gaulois disqualifie derechef tout ce qui n'est pas ses petits habitus hexagonaux : la justice new-yorkaise n'est pas la justice française ! So what ? Avant de juger, encore faut-il comprendre le fonctionnement et la culture d'une justice qui en effet est très différente de la notre. Mais au jeu des comparaisons la France y gagne-t-elle vraiment ? Les "accusés/acquittés" d'Outreau auraient sans doute beaucoup de choses à dire sur l'excellence de la justice française !
Car sur le mode de l'impensé, du lapsus, c'est bien tout un vieux fond monarchiste qui s'est donné à lire dans bien des réactions "indignées" par le traitement sévère auquel le "présumé innocent" DSK se trouvait soumis sur les seules paroles d'une plaignante. La France a certes fait tomber bien des têtes réelles sous la terreur mais elle a maintenu intactes les têtes symboliques, d'où les entorses répétées au principe d'égalité fondateur du contrat social républicain. Ce qui semblait déplaire, heurter, révulser, c'est bien qu'un homme important socialement puisse être traité selon les règles du droit applicables à tous, aussi aberrantes soient-elles (on ne juge pas les faits mais la crédibilité du plaignant et de l'accusé). En effet, la justice peine à s'appliquer pleinement en France, au delà d'un certain seuil social, il y a comme un "plafond de verre" là aussi... Pour preuve, un ancien président, en sénilité avancée, pourrait être enfin être amené à s'expliquer devant la justice pour des faits remontant à quelques décennies ! Il faut relire Tocqueville
De la démocratie en Amérique pour comprendre combien le terme de Nouveau monde ne se limitait pas à la seule dimension géographique : l'égalité de tous devant la loi, le refus des privilèges liés à la Naissance, un authentique libéralisme politique sont des éléments culturels et historiques fondateurs du "Rêve américain". La France reste une monarchie républicaine qui dans la pratique accorde au "grand homme" la jouissance de privilèges, de dérogations au droit commun, interdits au citoyen ordinaire. Il y a eu à l'occasion de cette affaire comme un choc culturel, la rencontre de deux mondes qui ne se comprennent pas.
Les premières réactions des socialistes qui font autorité (Aubry, Badinter, Royal, Leguen, Lang , Walls...) à l'annonce de l'arrestation de DSK, les commentaires des uns ou des autres tout au long des rebondissements, laissent rêveur... Ce parti qui a toujours été le plus critique à l'égard de la cinquième république, de la figure charismatique du président/monarque, se trouve à travers la primaire en avoir totalement digéré le conservatisme : il n'est plus question de débattre, de confronter des options venues des nombreux courants qui font la richesse du Parti socialiste, il s'agit désormais de rentrer pleinement dans "la société du spectacle", de désigner l’icône charismatique qui fait grimper le sondagomètre, celui qui d'après les experts et sondeurs est le plus à même d'emporter la prochaine élection. Le "chouchou" des sondages n'a pas prononcé un mot sur le programme du PS, sur "son" programme, "son" analyse de la situation française, "son" diagnostic, "ses" solutions... et il caracole au sommet des sondages, il n'a pas besoin de parler, il s'impose par sa seule absence, attendu qu'il est comme un Messie à qui personne ne songerait à porter la contradiction. Si cette primaire n'est qu'une farce, destinée à désigner celui que les sondages désignent déjà, on ne voit guère où se trouve la nouveauté pour la vie politique et la démocratie française ; les socialistes seraient mieux inspirés de réfléchir à l'exemple de Ségolène Royal (donnée gagnante dans la majorité des sondages), à celui de Nicolas Hulot (qui devait écraser Eva joly), à celui de Lionel Jospin (dépassé par l'outsider Lepen qu'aucun sondage n'avait vu venir).
Pour connaître les idées du courant strauss-kanien, via notamment le think-tank
A gauche en Europe (où l'on trouvait un certain Oliver Ferrand aujourd'hui président de Terra Nova), pour en partager le réformisme, j'ai souvent noté qu'elles restaient minoritaires à gauche ; elles sont souvent taxées de trop "libérales", de "droite" (rires) par opposition aux poncifs usuels de la gauche politique (redistribution, état, taxation des riches). C'est contre cette ligne justement, défendue par des gouvernements de gauche, dans l'imminence d'une faillite redoutée, que les citoyens et citoyennes manifestent en Espagne, en Grèce... Par quel miracle l'électorat français, le plus rétif aux orientations libérales, se découvre-t-il soudain un amour sans limite pour l'ancien directeur du FMI (dont personne à ce jour n'a tenté d'ailleurs un bilan critique et nuancé) ? N'y a-t-il pas là constitution d'une "bulle spéculative", d'un objet médiatique qui risque de se dégonfler très vite, voire la volonté pour une gauche sans troupe, sans prise réelle sur le pays, de forcer le destin à travers les prescripteurs d'opinion ? Le PS ne manque pourtant pas de talents, ni d'esprits brillants (François Hollande ou Pierre Moscovici) et l'indigence de son projet fourre-tout cache mal les orientations divergentes (étatistes, libérales) dont on aimerait qu'elles se confrontent publiquement et dialoguent avec les autres partis de gauche. Rien de plus méprisant pour les électeurs que de faire passer un Raymond Aron pour Che Guevarra et de se reposer sur la détestation de l'actuel président pour une hypothétique victoire !
Enfin, les organisations féministes en ont été pour leurs frais : contrairement à ce qui s'écrit ici ou là, la "relaxe" de DSK ne règle rien en ce qui concerne les interventions de ses "amis" puisqu'ils ont donné l'exemple du sexisme le plus rétrograde, dépassant en machisme décomplexé un Eric Zemmour qui passerait presque ici pour un amateur en matière d'imbécillité. Cela ne me gène guère, après tout cela participe d'une exception française, un de ses nombreux archaïsmes, mais que cela vienne du Parti qui a fait de la question des femmes un enjeu de lutte sociale et politique, voilà qui doit amener à réfléchir à ce que le mot "féminisme" signifie dans la bouche d'un Jack Lang ou d'un Manuel Walls : une posture, une imposture, une rhétorique à usage électoral ? On ne pourra pas se plaindre de voir la société se "communautariser", les minorités et les femmes former leurs propres groupes de revendication tant le PS a donné l'image d'une gauche essentiellement "masculiniste", "blanche" et "tribale" ; et on voudrait me faire croire qu'il n'y que les "banlieues" et les "musulmans" qui ont un "problème" avec les femmes, que le la violence sexiste se trouve toute entière concentrée dans les quartiers en difficultés... Quelle blague !
Quand au "dragueur" DSK un peu "lourd" (beauf ?), selon Aurélie Filippeti, il devrait lire
La Mécanique des femmes, Initiation à la Haute Volupté, JE vous Apprendrai l'AMour du génial Isidore Isou, et ses amis aussi (Jean François Khan, BHL, M. Badinter, Manuel Walls, Jack Lang et quelques autres).



dimanche 3 juillet 2011

UN NOUVEAU PARADIGME POLITIQUE ?

Le fait divers l'a emporté sur la raison politique : l'affaire DSK a brouillé, provisoirement il faut l'espérer, les enjeux de la prochaine présidentielle. Cela faisait bien longtemps pourtant qu'à Gauche on désespérait de voir une once d'idée nouvelle. La posture, l'héritage sans inventaire des, années Mitterrand, les mythologies et illusions entretenues dans des réflexes quasi pavloviens, une rhétorique d'un autre temps, tout cela avait finit par faire du Parti Socialiste un parti vieillissant, hors jeu et hors course, voué comme le Parti radical autrefois a décliné inexorablement.
Pour quelle alternative ? La base historique du PS (les fameuses "classes populaires") n'a cessé de fuir les promesses de ce parti ambigu, qui oscille entre principe de réalité et de plaisir selon qu'il se trouve dans l’opposition ou aux affaires ; d'où une montée de l’abstention, le report grandissant à l'extrême droite et l'instabilité de la nouvelle bourgeoisie issue de la gentrification qui peut être séduite autant par le centre (en 2007) que les écologistes mais semble de toute façon sourde aux discours ouvriéristes . Ambiguïté en effet car le Ps au moins depuis 1981 avait réalisé une coalition d'intérêts inattendue (c'est là son vrai succès politique) : une base prolétarienne (ouvriers et employés), les classes moyennes et supérieures, issues des Trente Glorieuses, l'employé et son DRH si l'on veut : la critique sociale et la critique artiste, la justice sociale, la redistribution pour les uns, la mobilité, la promotion individuelle pour les autres.

La mondialisation avec ses impératifs de libéralisation tous azimuts a fait explosé cette mythique union qui s'était matérialisée jadis par le programme commun : les perdants de la mondialisation (ouvriers et employés), disqualifiés par la compétition mondiale, moins dotés en capital culturel et scolaire ou relationnel, peu mobiles, rejettent en partie une gauche qui n'a pas su les accompagner dans ces nouveaux défis auxquels ils n'étaient pas préparés, les gagnants de la mondialisation (la bourgeoisie gentrifiée, "progressiste" (sic) bien sûr) se reconnait davantage dans les propositions post-industrielles des écologistes, dans le "qualitatif" libérée qu'elle est pour l'instant de la dure nécessité économique. Comme l'écrivait autrefois de manière prémonitoire André Gorz Adieu au prolétariat... La question écologique a remplacé la question sociale. La matrice marxiste productiviste est rejetée au profit d'un paradigme qui décline dans l'oubli actif des classes populaires ouverture au monde, décroissance heureuse et sacralisation de l'environnement. Certes tout cela est schématique et on trouve parmi les écologistes quelques résistants pour qui la question sociale a encore quelque importance... et aucun des partis politiques ne méconnaît l'importance de la problématique écologique. Mais la composition sociologique de cet électorat urbain le rend peu à même de comprendre les problèmes des perdants de la mondialisation et leurs aspirations (la compassion tient lieu souvent de vernis social, le "prolo" est presque devenu un repoussoir).
C'est le grand écart pour l'instant intenable : la gauche ne peut espérer mobiliser l' électorat populaire que dans la mesure où elle promet de réinstaller une sécurité sur le plan social : démondialisation, protectionnisme, retour de l'Etat omnipotent, encadrement et limitation des salaires, fiscalité lourde pour les stocks-options, critique de l'Europe, quitte à renoncer à '"l'efficacité économique" ; elle tourne le dos au libéralisme et prend des accents populistes parfois que l'on peine à distinguer du programme de Marine Lepen. Cette dernière s'est appropriée la question sociale, oubliée en partie à gauche, pour en faire le centre de son programme : les classes populaires malmenées par la mondialisation, orphelines sur la plan politique, se jettent en France comme en Europe dans les mouvements conservateurs mais la gauche n'a-t-elle pas fini pas désespérer Billancourt ? Que reste-t-il au Parti socialiste ? Les plus réformistes seront tentés par le centre comme en 2007 ou Europe/Ecologie/Les verts, les plus radicaux par le Parti de Gauche, les petites classes moyennes risquent de donner leur suffrage à l'extrême droite ou s'abstenir ? DSK apparait comme le candidat idéal du Nouvel Obs, de Libération et de Sciences Po... d'une micro bourgeoisie qui s'illusionne et prétend représenter "la gauche" in extenso. Cela suffira-t-il à gagner ?
C'est dans ce contexte que Terra nova a publié une Note (Gauche, quelle majorité pour 2012 ?) qui est venu comme un salutaire pavé dans la mare aux évidences. Le propos est ambitieux puisqu'il définit une nouvelle coalition historique, une base sociologique différente de celle héritée de la tradition socialiste et nécessairement de nouveaux enjeux et défis en terme de programme et de propositions pour la gauche, le fameux changement de paradigme tant espéré :
"Une nouvelle coalition émerge : "la France de demain", plus jeune, plus diverse, plus féminisée. Un électorat progressiste sur le plan culturel. Une population d'
outsiders sur le plan économique, variable d'ajustement face à la crise d'une société qui a décidé de sacrifier ses nouveaux entrants. Il constitue le nouvel électorat "naturel" de la gauche mais il n'est pas majoritaire ». Qui sont donc ces outsiders ? Les jeunes, les femmes, les minorités et immigrés par opposition aux insiders attachés au statu quo et à la défense de leurs acquis et de leur position, les entrants face aux sortants. Il s'agit d'une approche qui fait peu de cas des antagonismes de classe où chaque groupe est réifié à une place et à des intérêts identifiés, pour s'intéresser à ceux et celles qui ont un intérêt objectif au changement et donc à la réforme. Voilà bien le peuple de gauche nouvelle mouture. L'opposition insiders/outsiders plutôt que les clivages de classe ? Cette distinction est opératoire depuis bien longtemps dans les sciences sociales aux Etats-Unis (Howard Becker) ou dans la théorie économique, mais il est vrai qu'une pareille lecture d'inspiration libérale n'a jusqu'à présent jamais trouvé sa place dans un contexte français muselé par un surmoi marxiste et les fondements républicains du socialisme hexagonal, si on excepte le Soulèvement de la Jeunesse d'Isou dont j'ai moi-même tenté dans une récente brochure de montrer toute l'actualité (Editions Acquaviva). La démonstration de Terra nova est particulièrement convaincante : elle souligne l'épuisement des grandes références discursives et symboliques, l'enracinement de la gauche institutionnelle dans un conservatisme électoral, une posture défensive qui sous couvert de justice sociale laisse des pans entiers de la société sans place, ni perspective. Si l'on ne peut ici que saluer le caractère novateur d'une telle lecture, et l'urgence en effet d'une révolution culturelle à gauche, il n'en reste pas moins que la Note de Terra nova souffre de deux défauts :

  • d'une part elle définit la distinction entre outsiders et insiders sur la base des « valeurs » adoptées ; elle reste ainsi à une description sociologique statique alors que cette distinction est forte d'implications sur le terrain de la dynamique économique (totalement négligée par la Note).

  • D'autre part, elle réintroduit un clivage entre insiders/outsiders qui ressemble fort à l'ancienne lutte des classes. Certes, de nombreuses critiques adressées à Terra nova sont excessives et relèvent du procès d'intention : il ne s'agit pas se débarrasser des classes populaires mais de se décentrer, de faire de catégories nouvelles le centre radioactif d'une recomposition électorale et la base des alliances à venir. Ceci dit, il y a sous la plume des auteurs de Terra Nova comme l'aveu d'un soupçon qui pèse sur les classes populaires et leur conservatisme définitif. Isou a, de son côté, toujours placé son Soulèvement de la jeunesse sous le signe de l'union entre jeunes, producteurs et créateurs. L'Appel récent du 21 avril, les propositions du plus jeune candidat déclaré à la présidentielle Maxime Verner ne vont pourtant pas dans le sens d'une lutte à mort entre conservateurs et réformistes, groupes d'intérêts divergents, mais bien plutôt dans celui, authentiquement progressiste, d'un Nouveau Contrat Social entre insiders et outsiders :

    « Un pacte : nous ne donnons pas à notre démarche une dimension guerrière. C’est absolument le contraire. Nous appelons à un nouveau pacte entre les générations Nous estimons qu’elles ne ressentent pas assez à quel point leurs intérêts sont liés. Générationnel(s) : la question d'un nouveau pacte entre les générations est pour nous la question centrale, puisque la diffusion de ce message d'une nouvelle solidarité et la transformation réelle opérée notamment au sommet des institutions, sont seules capables de remettre la société en mouvement. Nous parlons aujourd'hui d'une alliance, objective et au profit de tous, entre les jeunes actifs et la génération du baby-boom pour trouver le compromis nécessaire à la définition de ce nouveau pacte générationnel. Cette question est aujourd'hui existentielle. En effet, d'une part, les jeunes générations sont de plus en plus déclassées économiquement, culturellement, politiquement, et socialement en France. D’autre part, jamais l'extraordinaire allongement de la durée de vie nous a autant interrogés collectivement. »

    ( http://appeldu21avril.org/media/le-pacte-generationnels-version-internet.pdf)


Les classes populaires méritent mieux en effet que les ficelles grossières du populisme qu'il vienne de la droite comme de la gauche.

jeudi 16 juin 2011

DE LA MISERE EN MILIEU ETUDIANT ET QUELQUES PROPOSITIONS (externistes !) POUR EN SORTIR !

Via sa fondation, le milliardaire américain Peter Thiel distribue des bourses aux étudiants qui abandonnent leurs études pour développer un projet lié aux nouvelles technologies.

Les diplômes, c’est surfait. C’est le message de Peter Thiel, un Américain qui a décidé de distribuer des bourses à des étudiants non pas pour poursuivre leurs études mais pour les planter. Ils sont vingt-quatre jeunes de moins de 20 ans à avoir été sélectionnés par la Thiel Foundation. Ils recevront 100 000 dollars chacun s’ils ne mettent plus les pieds au lycée ou à l’université pendant deux ans.

Ils développeront leurs projets, suivis par des mentors établis dans la Silicon Valley. Peter Thiel, cofondateur de PayPal, a fait partie du premier tour de table d’investisseurs de Facebook. Avec la valorisation actuelle du réseau social, sa participation représente 1,5 milliard d’euros.

Le milliardaire dit aujourd’hui que si les fondateurs de Facebook étaient restés étudiants à Harvard le temps d’obtenir leur diplôme, leur fenêtre de tir pour développer le site se serait refermée. Selon lui, beaucoup d’innovations – un sujet qui le passionne – proviennent de gens qui ne pouvaient pas attendre.

Nous ne sommes pas en train dire que les études supérieures nuisent à tout le monde. Mais l’entreprenariat, l’innovation dans des domaines tels que l’informatique ou internet demandent une combinaison de compétences et de dynamisme qui n’est pas enseignée efficacement dans les universités et les grandes écoles. Le monde réel est probablement un meilleur enseignant”, expliquait récemment le président de sa fondation, James O’Neill, invitant les jeunes à “réfléchir soigneusement aux coûts et à ce qu’apportent les études supérieures” avant de s’y engager.

Aux Etats-Unis, où les frais de scolarité ont flambé ces dernières années (des études supérieures coûtent facilement 50 000 dollars par an), le raisonnement de Thiel est d’abord économique. Il estime que dans 70 à 80 % des universités américaines, les diplômes ne rapportent pas ce qu’ils ont coûté.

Des prix irrationnellement élevés, des projets financés par des dettes sans espoir de retour sur investissement, les études supérieures présentent selon lui les caractéristiques d’une nouvelle bulle. Un domaine dans lequel il est crédible : les anciens de PayPal se souviennent que Peter Thiel avait anticipé celle d’internet en 2000, quand personne ne voulait encore y croire ; son fonds d’investissement a aussi anticipé le krach immobilier de 2007.

Mise à part la faible rentabilité, s’endetter au-delà du raisonnable pour un diplôme, argumente-t-il encore, c’est s’empêcher de prendre des risques dans sa carrière professionnelle (tout comme les remboursements des traites d’une maison achetée trop chère). Steve Jobs, Bill Gates et Mark Zuckerberg sont connus pour avoir largué leurs études en route. Ce n’est pas le cas de Thiel, passé par la très réputée université de Stanford avant de monter PayPal à 31 ans.

Il ne regrette pas ses études mais déplore que personne ne remette en question l’idée qu’elles soient une espèce d’assurance frileuse sur l’avenir, un peu comme un placement immobilier. Plutôt qu’au recrutement de ces vingt-quatre jeunes, Thiel, libertarien convaincu, semble d’abord s’intéresser aux discussions que l’initiative va susciter. Dans leur dossier de candidature (les prochains seront disponibles en octobre), les candidats à quitter l’école devaient répondre à deux items, dont “Parlez-nous d’une idée à laquelle vous croyez et à laquelle les autres ne croient pas.”

Guillemette Faure


http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/66203/date/2011-06-11/article/old-school-les-etudes/

dimanche 5 juin 2011

UN NOUVEAU PARADIGME POLITIQUE ?

Le fait divers l'a emporté sur la raison politique : l'affaire DSK a brouillé, provisoirement il faut l'espérer, les enjeux de la prochaine présidentielle. Cela faisait bien longtemps pourtant qu'à Gauche on désespérait de voir une once d'idée nouvelle. La posture, l'héritage sans inventaire des, années Mitterrand, les mythologies et illusions entretenues dans des réflexes quasi pavloviens, une rhétorique d'un autre temps, tout cela avait finit par faire du Parti Socialiste un parti vieillissant, hors jeu et hors course, voué comme le Parti radical autrefois a décliné inexorablement.
Pour quelle alternative ? La base historique du PS (les fameuses "classes populaires") n'a cessé de fuir les promesses de ce parti ambigu, qui oscille entre principe de réalité et de plaisir selon qu'il se trouve dans l’opposition ou aux affaires ; d'où une montée de l’abstention, le report grandissant à l'extrême droite et l'instabilité de la nouvelle bourgeoisie issue de la gentrification qui peut être séduite autant par le centre (en 2007) que les écologistes mais semble de toute façon sourde aux discours ouvriéristes . Ambiguïté en effet car le Ps au moins depuis 1981 avait réalisé une coalition d'intérêts inattendue (c'est là son vrai succès politique) : une base prolétarienne (ouvriers et employés), les classes moyennes et supérieures, issues des Trente Glorieuses, l'employé et son DRH si l'on veut : la critique sociale et la critique artiste, la justice sociale, la redistribution pour les uns, la mobilité, la promotion individuelle pour les autres.

La mondialisation avec ses impératifs de libéralisation tous azimuts a fait explosé cette mythique union qui s'était matérialisée jadis par le programme commun : les perdants de la mondialisation (ouvriers et employés), disqualifiés par la compétition mondiale, moins dotés en capital culturel et scolaire ou relationnel, peu mobiles, rejettent en partie une gauche qui n'a pas su les accompagner dans ces nouveaux défis auxquels ils n'étaient pas préparés, les gagnants de la mondialisation (la bourgeoisie gentrifiée, "progressiste" (sic) bien sûr) se reconnait davantage dans les propositions post-industrielles des écologistes, dans le "qualitatif" libérée qu'elle est pour l'instant de la dure nécessité économique. Comme l'écrivait autrefois de manière prémonitoire André Gorz Adieu au prolétariat... La question écologique a remplacé la question sociale. La matrice marxiste productiviste est rejetée au profit d'un paradigme qui décline dans l'oubli actif des classes populaires ouverture au monde, décroissance heureuse et sacralisation de l'environnement. Certes tout cela est schématique et on trouve parmi les écologistes quelques résistants pour qui la question sociale a encore quelque importance... et aucun des partis politiques ne méconnaît l'importance de la problématique écologique. Mais la composition sociologique de cet électorat urbain le rend peu à même de comprendre les problèmes des perdants de la mondialisation et leurs aspirations (la compassion tient lieu souvent de vernis social, le "prolo" est presque devenu un repoussoir).
C'est le grand écart pour l'instant intenable : la gauche ne peut espérer mobiliser l' électorat populaire que dans la mesure où elle promet de réinstaller une sécurité sur le plan social : démondialisation, protectionnisme, retour de l'Etat omnipotent, encadrement et limitation des salaires, fiscalité lourde pour les stocks-options, critique de l'Europe, quitte à renoncer à '"l'efficacité économique" ; elle tourne le dos au libéralisme et prend des accents populistes parfois que l'on peine à distinguer du programme de Marine Lepen. Cette dernière s'est appropriée la question sociale, oubliée en partie à gauche, pour en faire le centre de son programme : les classes populaires malmenées par le mondialisation, orphelines sur la plan politique, se jettent en France comme en Europe dans les mouvements conservateurs mais la gauche n'a-t-il pas fini pas désespérer Billancourt ? Que reste-t-il au Parti socialiste ? Les plus réformistes seront tentés par le centre comme en 2007 ou Europe/Ecologie/Les verts, les plus radicaux par le Parti de Gauche, les petites classes moyennes risquent de donner leur suffrage à l'extrême droite ou s'abstenir ? DSK apparait comme le candidat idéal du Nouvel Obs, de Libération et de Sciences Po... d'une micro bourgeoisie qui s'illusionne et prétend représenter "la gauche" in extenso. Cela suffira-t-il à gagner ?
C'est dans ce contexte que Terra nova a publié une Note (Gauche, quelle majorité pour 2012 ?) qui est venu comme un salutaire pavé dans la mare aux évidences. Le propos est ambitieux puisqu'il définit une nouvelle coalition historique, une nouvelle base sociologique et nécessairement de nouveaux enjeux et défis en terme de programme et de propositions pour la gauche, le fameux changement de paradigme tant espéré :
"Une nouvelle coalition émerge : "la France de demain", plus jeune, plus diverse, plus féminisée. Un électorat progressiste sur le plan culturel. Une population d'
outsiders sur le plan économique, variable d'ajustement face à la crise d'une société qui a décidé de sacrifier ses nouveaux entrants. Il constitue le nouvel électorat "naturel" de la gauche mais il n'est pas majoritaire ». Qui sont donc ces outsiders ? Les jeunes, les femmes, les minorités et immigrés par opposition aux insiders attachés au statu quo et à la défense de leurs acquis et de leur position, les entrants face aux sortants. Il s'agit d'une approche qui fait peu de cas des antagonismes de classe où chaque groupe est réifié à une place et à des intérêts identifiés, pour s'intéresser à ceux et celles qui ont un intérêt objectif au changement et donc à la réforme. Voilà bien le peuple de gauche nouvelle mouture. L'opposition insiders/outsiders plutôt que les clivages de classe ? Cette distinction est opératoire depuis bien longtemps dans les sciences sociales aux Etats-Unis (Howard Becker) ou dans la théorie économique, mais il est vrai qu'une pareille lecture d'inspiration libérale n'a jusqu'à présent jamais trouvé sa place dans un contexte français muselé par un surmoi marxisme ou une mythologie républicaine fondatrice, si on excepte le Soulèvement de la Jeunesse d'Isou dont j'ai moi-même tenté dans une récente brochure de montrer toute l'actualité (Editions Acquaviva). La démonstration de Terra nova est particulièrement convaincante : elle souligne l'épuisement des grandes références discursives et symboliques, l'enracinement de la gauche institutionnelle dans un conservatisme électoral, une posture défensive qui sous couvert de justice sociale laisse des pans entiers de la société sans place, ni perspective. Si l'on ne peut ici que saluer le caractère novateur d'une telle lecture, et l'urgence en effet d'une révolution culturelle à gauche, il n'en reste pas moins que la Note de Terra nova souffre de deux défauts :

  • d'une part elle définit la distinction entre outsiders et insiders sur la base des « valeurs » adoptées ; elle reste ainsi à une description sociologique statique alors que cette distinction est forte d'implications sur le terrain de la dynamique économique (totalement négligée par la Note).

  • D'autre part, elle réintroduit un clivage entre insiders/outsiders qui ressemble fort à l'ancienne lutte des classes. Certes, de nombreuses critiques adressées à Terra nova sont excessives et relèvent du procès d'intention : il ne s'agit pas se débarrasser des classes populaires mais de se décentrer, de faire de catégories nouvelles le centre radioactif d'une recomposition électorale et la base des alliances à venir. Ceci dit, il y a sous la plume des auteurs de Terra Nova comme un l'aveu d'un soupçon qui pèse sur les classes populaires et leur conservatisme définitif. Isou a, de son côté, toujours placé son Soulèvement de la jeunesse sous le signe de l'union entre jeunes, producteurs et créateurs. L'Appel récent du 21 avril, les propositions du plus jeune candidat déclaré à la présidentielle Maxime Verner ne vont pourtant pas dans le sens d'une lutte à mort entre conservateurs et réformistes, groupes d'intérêts divergents, mais bien plutôt dans celui, authentiquement progressiste, d'un Nouveau Contrat Social entre insiders et outsiders :

    « Un pacte : nous ne donnons pas à notre démarche une dimension guerrière. C’est absolument le contraire. Nous appelons à un nouveau pacte entre les générations Nous estimons qu’elles ne ressentent pas assez à quel point leurs intérêts sont liés. Générationnel(s) : la question d'un nouveau pacte entre les générations est pour nous la question centrale, puisque la diffusion de ce message d'une nouvelle solidarité et la transformation réelle opérée notamment au sommet des institutions, sont seules capables de remettre la société en mouvement. Nous parlons aujourd'hui d'une alliance, objective et au profit de tous, entre les jeunes actifs et la génération du baby-boom pour trouver le compromis nécessaire à la définition de ce nouveau pacte générationnel. Cette question est aujourd'hui existentielle. En effet, d'une part, les jeunes générations sont de plus en plus déclassées économiquement, culturellement, politiquement, et socialement en France. D’autre part, jamais l'extraordinaire allongement de la durée de vie nous a autant interrogés collectivement. »

    ( http://appeldu21avril.org/media/le-pacte-generationnels-version-internet.pdf)


Les classes populaires méritent mieux en effet que les ficelles grossières du populisme qu'il vienne de la droite comme de la gauche.


mercredi 18 mai 2011

LA CHUTE DE LA MAISON DSK RACONTEE PAR SES CELIBATAIRES

Source de l'image : lexpress.fr

«La violence de ces images d'un X à qui on n'avait pas permis de se raser, fatigué, qui n'était pas habillé normalement, tout cela porte atteinte à la dignité humaine», Elisabeth Guigou

«Heureusement en France, depuis la loi Guigou de 2000, on ne peut pas montrer quelqu'un de menotté, on ne peut pas humilier, on ne peut pas dégrader quelqu'un qui n'est pas encore jugé»,
Martine Aubry


«Ce que j'ai vu hier, le spectacle de cet homme (...) exhibé, mitraillé par les photographes jusque dans la voiture où on l'apporte, c'est une mise à mort médiatique»...)On aurait très bien pu l'amener discrètement, on a voulu cette exhibition»
«On dit 'c'est la justice égale pour tous' - plaisanterie, dérision! En vérité, quand X est là assis au milieu des autres, il est ravalé délibérément au rang du minable dealer, sauf que le dealer, personne ne le connaît. Ce n'est même pas la double peine, c'est déjà la destruction» Robert Badinter



"Et puis je suis consterné, bien sûr, par la portée politique de l’événement.
La gauche qui, si X venait à s’éclipser, perdrait son champion. La France dont il est, depuis tant d’années, l’un des serviteurs les plus dévoués et les plus compétents. Et puis l’Europe, pour ne pas dire le monde, qui lui doit d’avoir, depuis quatre ans, à la tête du FMI, contribué à éviter le pire." Bernard Henry Levy

dimanche 8 mai 2011

SALUT A TOI LE MAROCAIN !

"Partis du centre de la ville ocre, les manifestants, plus de 7000 selon un journaliste de l'AFP, devaient rejoindre la place Jamâa El-Fna, théâtre le 28 avril d'un attentat qui a fait 17 morts dont 13 touristes étrangers.

"Non au terrorisme!", ont-ils scandé. "Un roi qui règne mais ne gouverne pas", "Pour une nouvelle constitution", "Justice sociale", "Non à la corruption", pouvait-on lire sur les pancartes.

"L'attentat ne va pas changer notre mobilisation", a dit à l'AFP Mina Bouchkioua, une enseignante, militante du Mouvement du 20 février, venue de Rabat. Elle a dénoncé "les propositions insuffisantes" formulées par le roi Mohammed VI.

Le 9 mars, après la première manifestation de contestation le 20 février (qui a donné son nom au mouvement), Mohammed VI a annoncé des réformes constitutionnelles visant notamment à renforcer le rôle du Premier ministre issu des urnes.

"Le roi ne doit pas être au centre du pouvoir et il faut séparer les pouvoirs", a estimé l'enseignante, réclamant "la démission du gouvernement", ajoutant qu'elle n'a "pas confiance dans la commission" chargée de proposer des réformes et mise en place par le roi.

Plusieurs slogans s'attaquaient d'ailleurs à cette commission présidée par le juriste Adfeltif Menouni.

Les manifestants ont également visé deux hommes très proches du roi, Mounir Majidi, secrétaire particulier de Mohammed VI, et Fouad Ali el Himma. "Eloignez-vous de l'argent et de la politique", mentionnait une grande banderole, sous leur photo.

Ces critiques, inimaginables il y a quelques mois, étaient encore plus virulentes que lors des précédentes manifestations, les 20 février, 20 mars et 24 avril, qui ont eu lieu dans le contexte des révolutions et troubles secouant différents pays arabes.

Comme lors des précédents rendez-vous, les manifestants étaient principalement des jeunes, venus cette fois de plusieurs villes du royaume. En revanche, les islamistes étaient moins présents.

D'autres slogans dénonçaient la DGST, les renseignements marocains, en l'accusant de torture.

"Le seul moyen de combattre le terrorisme, c'est la démocratie", ont scandé les manifestants.

"Nous sommes ici pour exprimer notre solidarité avec les habitants de Marrakech, pour demander une vraie démocratie et rejeter le pouvoir personnel", a dit à l'AFP Mohamed, un jeune homme de 25 ans venu de Beni-Mellal (200 km à l'est de Marrakech).

L'attentat de Marrakech a fait craindre un coup d'arrêt à la politique d'ouverture initiée par le roi, même si dès le lendemain de l'attaque, le porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri promettait que le processus de réformes politiques ne serait pas remis en cause."


http://www.rtbf.be/info/monde/detail_marrakech-5000-manifestants-pour-la-democratie-et-contre-le-terrorisme?id=6068993

vendredi 29 avril 2011

LA JEUNESSE AU COEUR DE LA CAMPAGNE 2012 ?

"La jeunesse, « intuition politique » de François Hollande, candidat à la primaire PS, ça se programme avec des jeunes, militants et chercheurs… pas forcément raccords avec toute la ligne du parti et celle de sa première secrétaire.

Retour en 2008, lors d'une soirée de débats dans un théâtre parisien. Rémi Branco, Toulousain tout juste sorti de Sciences-Po, se trouve dans la salle avec quelques amis. A la fin, il se faufile pour accoster l'ancien premier secrétaire du PS. « Je veux t'aider », avance-t-il. Militant socialiste, il le tutoie immédiatement.

Ils s'écrivent et commencent à échanger des idées sur les questions d'éducation, d'études, d'insertion. Depuis, le jeune actif rédige des notes à tour de bras et compile les travaux de chercheurs qu'il soumet à Stéphane Le Foll (conseiller politique), Dominque Villemot (en charge des experts) ou à l'intéressé lui-même.

Le militant, aujourd'hui 26 ans, raconte :

« Le pacte éducatif est une question classique pour les socialistes. François Hollande voulait éviter tous les passages obligés sur l'éducation et établir ses propres priorités. Il écoute tout, ensuite il trie. »

Un « rêve pour la France » inspiré par de jeunes maîtres de conf'

Libéré de ses responsabilités à la tête du PS, François Hollande dispose de plus de temps. Le Corrézien rencontre les chercheurs qui inspirent habituellement les idées gauchisantes (Dominique Méda, proche de Ségolène Royal, François Dubet, Maire Duru-Bellat) et c'est finalement vers les travaux de jeunes maîtres de conférence qu'il se tourne.

Lectures, entretiens, le candidat est très attentif à certaines thèses. Parmi ceux qui ont compté (qui « ne s'engagent pas et restent dans leur rôle de chercheurs », tient à préciser Rémi Branco), il y a :

  • Cécile Van de Velde, maître de conférence à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), auteur de « Devenir adulte. Sociologie comparée de la jeunesse en Europe » (2008). Elle a exposé ses travaux à François Hollande, et eu une « vraie influence ». Eviter les politiques spéciales jeunes, les considérer comme des adultes comme les autres, c'est elle (entre autre) et ça a permis un « déclic ».
  • Nicolas Duvoux, en sociologie à Paris-Descartes, qui a travaillé, dans son ouvrage « L'Autonomie des assistés. Sociologie des politiques d'insertion » (2009), sur le revenu de solidarité active (RSA) a également inspiré François Hollande.
  • Camille Peugny, sociologue à Paris-VIII, a étudié les inégalités entre les générations et les conséquences en politique.

Ces consultations d'experts (une à deux heures d'entrevue et plusieurs de lectures) viennent nourrir la réflexion du futur candidat, parfois jusqu'à l'« influencer beaucoup ». De ces échanges naissent quelques mesures. Certaines placées mercredi soir au cœur du « rêve pour la France »premier meeting à Clichy-la-Garenne : du député, présenté lors de son

  • priorité à la petite enfance : création de 500 000 places en crèches ou dans des réseaux d'assistantes maternelles ;
  • refonte de l'enseignement et des formations professionnelles : regrouper et simplifier les qualifications, système d'orientation personnalisé…
  • création d'un pacte générationnel en entreprises, etc.

Dispositifs « jeunes » : le PS est pour ; Hollande est contre

Mais l'exercice du programme est contraint par le projet du PS pour 2012 avancé par Martine Aubry le 5 avril. Au total, trente propositions, assez larges, auxquelles, les candidats à la primaire doivent se tenir, même s'ils avaient dans les cartons des mesures un brin différentes.

Ce qui était le cas de François Hollande. Par exemple, concernant l'insertion des jeunes sur le marché du travail, il va devoir jouer les équilibristes pour ne pas contredire le projet commun.

A la proposition numéro quatre du PS (« Pour l'emploi des jeunes, nous créerons 300 000 “ emplois d'avenir ” dans les domaines de l'innovation environnementale et sociale »), il répond vouloir « Ne pas créer un dispositif “jeunes” », « supprimer la discrimination de l'âge » car « quand on a la même situation, quelque soit son âge, on doit avoir les mêmes droits ».

Traduire : étendre le RSA aux moins de 25 ans ? Difficile à assumer politiquement ; même au PS, ce choix n'a pas été mentionné clairement. Mais la mesure, inspirée directement par les jeunes cerveaux de François Hollande, serait sérieusement dans les tuyaux.

La jeunesse, pas un « thème de circonstances » jure Hollande

Contradictoire ? « Plutôt un ordre de priorité », répètent les proches. La contrainte budgétaire planant au-dessus du futur présidentiable, le projet PS devra être en partie sacrifié si le candidat souhaite financer des mesures supplémentaires et, dans ce cas, les emplois jeunes pourraient ne pas être considérés comme une « priorité ».

François Hollande s'est défendu de s'intéresser à la jeunesse comme à un « thème de circonstances » lors du meeting qui s'est conclu par une chanson de Rost, présent à la soirée. (Voir la vidéo)"


source : http://www.rue89.com/2011/04/29/les-jeunes-cerveaux-dhollande-a-letroit-dans-le-projet-ps-201640