lundi 4 juillet 2011

PARTI SOCIALISTE,L'EQUATION PERDANTE : 0 + 0 =....

Les récentes turpitudes du candidat probable à la primaire socialiste, "favori des sondages", ne doivent pas être sans conséquence. Elles interrogent moins la personne DSK que le Parti Socialiste dans son fonctionnement réel, dans un moment de crise où je dois bien reconnaître les poses et postures habituelles ont cédé la place à un naturel bien curieux :
Si la présomption d’innocence est un acquis précieux qu'il faut réaffirmer en toute circonstance, il est pour le moins étonnant de constater qu'il s'avère être à géométrie variable. Je ne me souviens pas avoir il y presque un an déjà entendu ni un BHL, ni un Badinter venir expliquer que M. Woerth restait "présumé innocent" alors qu'il était au cœur d'une tourmente médiatico-politique. Est-il innocent ou coupable des faits qui lui sont imputés, à tort ou à raison, je n'en sais strictement rien à ce jour. Force est de reconnaître que ce "principe sacré" s'applique diversement selon les affinités et les positionnements politiques, le degré de proximité de la personne mise en cause... quelle cohérence dans les principes ! Par ailleurs, il est de règle de ne pas commenter une affaire en cours, indépendance de la justice oblige... le chauvinisme le plus étriqué s'est pourtant manifesté au grand jour : la pauvre petit coq gaulois disqualifie derechef tout ce qui n'est pas ses petits habitus hexagonaux : la justice new-yorkaise n'est pas la justice française ! So what ? Avant de juger, encore faut-il comprendre le fonctionnement et la culture d'une justice qui en effet est très différente de la notre. Mais au jeu des comparaisons la France y gagne-t-elle vraiment ? Les "accusés/acquittés" d'Outreau auraient sans doute beaucoup de choses à dire sur l'excellence de la justice française !
Car sur le mode de l'impensé, du lapsus, c'est bien tout un vieux fond monarchiste qui s'est donné à lire dans bien des réactions "indignées" par le traitement sévère auquel le "présumé innocent" DSK se trouvait soumis sur les seules paroles d'une plaignante. La France a certes fait tomber bien des têtes réelles sous la terreur mais elle a maintenu intactes les têtes symboliques, d'où les entorses répétées au principe d'égalité fondateur du contrat social républicain. Ce qui semblait déplaire, heurter, révulser, c'est bien qu'un homme important socialement puisse être traité selon les règles du droit applicables à tous, aussi aberrantes soient-elles (on ne juge pas les faits mais la crédibilité du plaignant et de l'accusé). En effet, la justice peine à s'appliquer pleinement en France, au delà d'un certain seuil social, il y a comme un "plafond de verre" là aussi... Pour preuve, un ancien président, en sénilité avancée, pourrait être enfin être amené à s'expliquer devant la justice pour des faits remontant à quelques décennies ! Il faut relire Tocqueville
De la démocratie en Amérique pour comprendre combien le terme de Nouveau monde ne se limitait pas à la seule dimension géographique : l'égalité de tous devant la loi, le refus des privilèges liés à la Naissance, un authentique libéralisme politique sont des éléments culturels et historiques fondateurs du "Rêve américain". La France reste une monarchie républicaine qui dans la pratique accorde au "grand homme" la jouissance de privilèges, de dérogations au droit commun, interdits au citoyen ordinaire. Il y a eu à l'occasion de cette affaire comme un choc culturel, la rencontre de deux mondes qui ne se comprennent pas.
Les premières réactions des socialistes qui font autorité (Aubry, Badinter, Royal, Leguen, Lang , Walls...) à l'annonce de l'arrestation de DSK, les commentaires des uns ou des autres tout au long des rebondissements, laissent rêveur... Ce parti qui a toujours été le plus critique à l'égard de la cinquième république, de la figure charismatique du président/monarque, se trouve à travers la primaire en avoir totalement digéré le conservatisme : il n'est plus question de débattre, de confronter des options venues des nombreux courants qui font la richesse du Parti socialiste, il s'agit désormais de rentrer pleinement dans "la société du spectacle", de désigner l’icône charismatique qui fait grimper le sondagomètre, celui qui d'après les experts et sondeurs est le plus à même d'emporter la prochaine élection. Le "chouchou" des sondages n'a pas prononcé un mot sur le programme du PS, sur "son" programme, "son" analyse de la situation française, "son" diagnostic, "ses" solutions... et il caracole au sommet des sondages, il n'a pas besoin de parler, il s'impose par sa seule absence, attendu qu'il est comme un Messie à qui personne ne songerait à porter la contradiction. Si cette primaire n'est qu'une farce, destinée à désigner celui que les sondages désignent déjà, on ne voit guère où se trouve la nouveauté pour la vie politique et la démocratie française ; les socialistes seraient mieux inspirés de réfléchir à l'exemple de Ségolène Royal (donnée gagnante dans la majorité des sondages), à celui de Nicolas Hulot (qui devait écraser Eva joly), à celui de Lionel Jospin (dépassé par l'outsider Lepen qu'aucun sondage n'avait vu venir).
Pour connaître les idées du courant strauss-kanien, via notamment le think-tank
A gauche en Europe (où l'on trouvait un certain Oliver Ferrand aujourd'hui président de Terra Nova), pour en partager le réformisme, j'ai souvent noté qu'elles restaient minoritaires à gauche ; elles sont souvent taxées de trop "libérales", de "droite" (rires) par opposition aux poncifs usuels de la gauche politique (redistribution, état, taxation des riches). C'est contre cette ligne justement, défendue par des gouvernements de gauche, dans l'imminence d'une faillite redoutée, que les citoyens et citoyennes manifestent en Espagne, en Grèce... Par quel miracle l'électorat français, le plus rétif aux orientations libérales, se découvre-t-il soudain un amour sans limite pour l'ancien directeur du FMI (dont personne à ce jour n'a tenté d'ailleurs un bilan critique et nuancé) ? N'y a-t-il pas là constitution d'une "bulle spéculative", d'un objet médiatique qui risque de se dégonfler très vite, voire la volonté pour une gauche sans troupe, sans prise réelle sur le pays, de forcer le destin à travers les prescripteurs d'opinion ? Le PS ne manque pourtant pas de talents, ni d'esprits brillants (François Hollande ou Pierre Moscovici) et l'indigence de son projet fourre-tout cache mal les orientations divergentes (étatistes, libérales) dont on aimerait qu'elles se confrontent publiquement et dialoguent avec les autres partis de gauche. Rien de plus méprisant pour les électeurs que de faire passer un Raymond Aron pour Che Guevarra et de se reposer sur la détestation de l'actuel président pour une hypothétique victoire !
Enfin, les organisations féministes en ont été pour leurs frais : contrairement à ce qui s'écrit ici ou là, la "relaxe" de DSK ne règle rien en ce qui concerne les interventions de ses "amis" puisqu'ils ont donné l'exemple du sexisme le plus rétrograde, dépassant en machisme décomplexé un Eric Zemmour qui passerait presque ici pour un amateur en matière d'imbécillité. Cela ne me gène guère, après tout cela participe d'une exception française, un de ses nombreux archaïsmes, mais que cela vienne du Parti qui a fait de la question des femmes un enjeu de lutte sociale et politique, voilà qui doit amener à réfléchir à ce que le mot "féminisme" signifie dans la bouche d'un Jack Lang ou d'un Manuel Walls : une posture, une imposture, une rhétorique à usage électoral ? On ne pourra pas se plaindre de voir la société se "communautariser", les minorités et les femmes former leurs propres groupes de revendication tant le PS a donné l'image d'une gauche essentiellement "masculiniste", "blanche" et "tribale" ; et on voudrait me faire croire qu'il n'y que les "banlieues" et les "musulmans" qui ont un "problème" avec les femmes, que le la violence sexiste se trouve toute entière concentrée dans les quartiers en difficultés... Quelle blague !
Quand au "dragueur" DSK un peu "lourd" (beauf ?), selon Aurélie Filippeti, il devrait lire
La Mécanique des femmes, Initiation à la Haute Volupté, JE vous Apprendrai l'AMour du génial Isidore Isou, et ses amis aussi (Jean François Khan, BHL, M. Badinter, Manuel Walls, Jack Lang et quelques autres).



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