Le lettrisme ambitionne de bouleverser l'ensemble des pratiques et des savoirs existants en postulant la création comme dynamique de l'histoire humaine. Il ne se départit pas de cette urgence que le surréalisme avait fait sienne en son temps (changer la vie et transformer le monde) mais entend réaliser ccette utopie, qui emprunte au messianisme de Marx, avec méthode (la Créatique). Dès son arrivée à Paris en 1946 Isidore Isou a pour projet de dépasser les erreurs et les approximations de l'auteur du Capital, insuffisant à ses yeux pour penser et réaliser une société débarassée des antagonismes et des conflits de classe. Il a déjà un passé de militant en Roumanie, aux côtés des communistes mais surtout dans les organisations sionistes de Gauche. Ce qui l'intéresse avant tout chez Marx c'est sa critique de l'économie classique, bien plus que le jeune Marx qui nourrira tant la prose des situationnistes, et l'importance accordée à l'échange économique dans la structuration de la société. La mise à jour d'une catégorie d'agents économiques ignorée des classiques, le prolétariat, partie prenante, agissante et exploitée d'un système économique, permet à Marx, par sa réappropriation de la dialectique hégelienne, de la poser comme contradition et force possible de dépassement de la société bourgeoise et de son mode de production. L'appropiation des moyens de production, la planification de ceux-ci, en place d'un marché de libres entrepreneurs et de sa concurrence "non faussée", en fonction des besoins toujours plus complexes et divers de la société restent des apports clés de la théorie marxiste que les syndicats et organisations de gauche vont relayer politiquement afin de porter le projet et le programme d'une société de type socialiste. Certes le mythe révolutionnaire, aidé en cela par l'exemple russe, va longtemps stimuler l'imaginaire de gauche, et pas seulement des communistes orthodoxes ; pourtant dans les pays où Marx prophétisait la grande révolution socialiste, la démocratie politique, "bourgeoise", devenue un élément régulateur de la vie publique, va disqualifier les mythologies révolutionnaires pour les réduire au rang de folklore et le prolétariat via ses représentants syndicaux et politiques progressivement gagnera, certes par des luttes non négligeables, des droits, un rééquilibrage de l'échange et du contrat social à son avantage avec les conséquences que l'on sait : constitution d'une classe moyenne, élévation du niveau de vie et des perspectives de vie... Par contre, partout où des révolutions se sont faites au nom du marxisme ou de ses dérivés, l'utopie progressiste et généreuse de Marx a toujours été niée, écrasée par des systèmes bureaucratiques et autoritaires qui s'en prévalaient pourtant.
C'est cet échec historique des "prévisions" de la science de Marx qui amène très vite le jeune Isou à prendre ses distances avec ce magister qui, au regard des tenants des théories économiques classiques et du type d'organisation sociale qu'elles supposent et défendent, représente une avant-garde encore pertinente et séduisante, bien plus que les anarchistes dont Marx comme le rappelle Isou avait déjà balayé les propositions (cf. Misère de la philosophie et philosophie de la misère). L'exemple russe ou plutôt "soviétique" à l'époque, l'émergence de mouvements fascistes, lui fournissent matière à réflexion. Ni le marxisme, ni le libéralisme n'ont réussi à dépasser et à résoudre les antagonismes qui traversent et décomposent, crise après crise, la société. Les démocraties bourgeoises se sont vues menacées et réduites par des forces politiques (les fascistes) qui avaient attiré à elles les mécontents, les laissers pour compte, les déclassés, les jeunes sans avenir du "laisser-faire" libéral. A l'est, les répressions et purges incessantes demandées par la bureaucratie stalinienne restaient significatives d'un pouvoir illégitime craignant à tout moment que des "contradictions objectives" non prévues et planifiées dans ce meilleur des mondes possibles ne le chassent par la violence définitivement.
L'économie politique reste pour Isou la discipline où se jouent, se nouent et se dénouent les tensions, les antagonismes que le libéralisme méconnait et que le marxisme analyse comme une lutte de classe. C'est donc sur ce terrain qu'il va reprendre, à partir d'une critique des travaux de Marx et de ses devanciers classiques, l'élaboration d'une nouvelle théorique économique, dite nucléaire, à même de servir de base fondatrice à un projet de transformation politique de la société.
C'est cet échec historique des "prévisions" de la science de Marx qui amène très vite le jeune Isou à prendre ses distances avec ce magister qui, au regard des tenants des théories économiques classiques et du type d'organisation sociale qu'elles supposent et défendent, représente une avant-garde encore pertinente et séduisante, bien plus que les anarchistes dont Marx comme le rappelle Isou avait déjà balayé les propositions (cf. Misère de la philosophie et philosophie de la misère). L'exemple russe ou plutôt "soviétique" à l'époque, l'émergence de mouvements fascistes, lui fournissent matière à réflexion. Ni le marxisme, ni le libéralisme n'ont réussi à dépasser et à résoudre les antagonismes qui traversent et décomposent, crise après crise, la société. Les démocraties bourgeoises se sont vues menacées et réduites par des forces politiques (les fascistes) qui avaient attiré à elles les mécontents, les laissers pour compte, les déclassés, les jeunes sans avenir du "laisser-faire" libéral. A l'est, les répressions et purges incessantes demandées par la bureaucratie stalinienne restaient significatives d'un pouvoir illégitime craignant à tout moment que des "contradictions objectives" non prévues et planifiées dans ce meilleur des mondes possibles ne le chassent par la violence définitivement.
L'économie politique reste pour Isou la discipline où se jouent, se nouent et se dénouent les tensions, les antagonismes que le libéralisme méconnait et que le marxisme analyse comme une lutte de classe. C'est donc sur ce terrain qu'il va reprendre, à partir d'une critique des travaux de Marx et de ses devanciers classiques, l'élaboration d'une nouvelle théorique économique, dite nucléaire, à même de servir de base fondatrice à un projet de transformation politique de la société.
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