lundi 21 janvier 2019

les cahiers recommandent : le journal Libération !

J'avais un peu rapidement expédié les "professionnels de la profession" médiatique, m'étonnant (ah ! ah !) de leur absence de recul critique devant les attaques répétées dont ils étaient l'objet. J'avais tort ! Le journal Libération démontre qu'il n'est pas encore mort ; il a publié ce samedi une synthèse où toutes les raisons de ce rendez-vous manqué entre presse/médias institutionnels et mouvement social sont clairement posées (recherche du buzz, d'images sidérantes à diffuser en boucle, du commentaire permanent y compris quand il n'y a rien à dire, dans une quête effrénée d'audimat, condition économique et sociale des journalistes, concentration économique, concurrence du web, abandon du terrain pour une stratégie de "courtisan" du pouvoir, bref le face-à-face entre les "assis" des médias, de l'économie, du commentaire institutionnel et les "externes"...) ; Bravo Libé !
EXTRAIT : "La focale grossissante et répétitive caractéristique des chaînes d’info, en édition spéciale quasi permanente sur les gilets jaunes depuis deux mois, concentre les critiques. «Cette boucle d’image modifie la perception du réel», ­observe la patronne de Marianne, Natacha Polony, pourtant habituée de leurs studios. Schématiquement, la profession, à qui l’on enseigne que la précipitation est le pire ennemi du bon travail, tance la course à l’immédiateté à laquelle se livrent les chaînes d’info, incarnée par ces reporters débitant des duplex «sur place» à la chaîne. Où est la prise de distance nécessaire à la compréhension de l’événement ? La mise en contexte par l’addition des points de vue ? Sur les chaînes d’info, ces tâches sont censées être le rôle des éditorialistes et chroniqueurs qui passent des heures en plateau à commenter l’actualité. Mais à force de pérorer sur tout et rien, y compris sur les sujets dont ils ne sont pas de grands spécialistes, ils essoufflent sur le fond une formule pourtant efficace au vu des résultats d’audience. «C’est du bla-bla, du vide, ça meuble en permanence. C’est insupportable. Ça te donne envie de casser ta télé», s’emporte Nolwenn Le Blevennec, rédactrice en chef de Rue89 à l’Obs."
SYNTHESE COMPLETE A LIRE I C I

et puisque c'est de Libération dont il est ici question, il faut vraiment lire la chronique Media de Daniel Schneidermann publiée ce lundi dans le format papier, qui semble approcher de très près la logique diabolique de l'externité !

"Et si les gilets jaunes, par le brassage qu’ils occasionnent, par la dynamique propre à tout mouvement social, fonctionnaient comme un sas de délepénisation ?
Et s’ils étaient finalement nombreux, ceux qui, dans le passé, avaient rejoint le vote Le Pen par défaut, par dépit, par solitude, à se rendre compte que les politiques disent «tous de la merde», Le Pen comme les autres ? Ou, pour l’exprimer en langage plus Libé, à redécouvrir, sous le tapage xénophobe et identitaire des trente dernières années, que la fracture est d’abord sociale, et qu’elle sépare ceux qui peuvent finir le mois et ceux qui ne le peuvent pas, quelle que soit leur couleur de peau ou leur assiduité à la mosquée ? De fait, à lire les premières remontées des cahiers de doléances, le mouvement, tout imprégné qu’il soit de complotisme et de confusionnisme, est le premier mouvement populiste européen à ne pas placer l’immigration et l’islam au cœur de son réacteur. C’est une lecture optimiste. Mais elle en vaut une autre." CHRONIQUE COMPLETE A LIRE I C I

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