L'histoire vous accorde parfois une place majeure ou mineure qui vient comme un terrible cadeau empoisonné : on encense Céline pour le Voyage au bout de la nuit en oubliant les derniers textes hallucinés, on célèbre Tzara et ses 7 manifestes Dada mais qui lit les grands poèmes surréalistes qui composent L'Homme approximatif ? Le poète Pierre Albert-Birot reste ainsi dans la mémoire collective le directeur de la prestigieuse revue Sic qui de 1916 à 1919 publia les textes des nouvelles voix littéraires et poétiques (Apollinaire, Max Jacob, mais aussi les jeunes Aragon, Soupault, Tzara...). Lui-même poète mais sans doute déjà coincé entre deux générations avec lesquelles il ne coïncida jamais vraiment tout en incarnant comme leur ombre portée : ni représentant de l'esprit moderne, ni dada, ni vraiment surréaliste, c'est pourtant au croisement de ces trois esthétiques qu'il a sa vie durant dans l'indifférence de toutes les batailles littéraires et artistiques construit une oeuvre largement méconnue.
Frédéric Acquavia répare cet oubli en organisant du 2 octobre au 28 novembre une rétrospective consacrée à Pierre Albert-Birot, poète et typographe au CIPM. A cette occasion on découvrira combien ce poète a été le compagnon de route de plusieurs générations de poètes bien au delà de l'époque Dada jusqu'à Henry Chopin . Saluons ici les éditeurs courageux (Rougerie et Jean-Michel Place) grâce à qui cette oeuvre solitaire et singulière continue à rayonner.
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