lundi 28 janvier 2008

Jacques Spacagna aller et détours


Archives F. Conz : Vicco Quadrelli 7, 37129, Verona Italy

A l'initiative de Francesco Conz
et sous la plume avertie autant que documentée de frédéric Acquaviva vient d'être publié un ouvrage consacré à Jacques Spacagna (1936/1990). Compagnon de lutte précoce à une époque où le lettrisme tenait plus du cénacle que du groupe, externe convaincu et poète impeccable, il va faire sienne l'aventure hypergraphique et donner à la peinture lettriste son style baroque ("baroque ensembliste" pour reprendre l'expression de Michel Tapié) avant de rompre en 1972 avec Isou. Si ce livre évoque la période lettriste notamment à travers les témoignages de Roberto Altmann dont il fut dans la pratique très proche, de Maurice Lemaître (qui lui a dédié une oeuvre), Roland Sabatier ou Alain Satié, il s'intéresse plus particulièrement aux deux dernières années de sa vie. En effet, à l'occasion de la rétrospective le Demi-siècle lettriste en 1988 à la galerie 1900/2000 à Paris, Francesco Conz, mécène et collectionneur des Fluxus mais aussi initiateur de nombreux projets visant à promouvoir l'avant-garde (sérigraphies et pianos d'artistes...) rencontre Spacagna et l'invite chez lui en Italie.

Durant deux ans, celui-ci va fournir un travail impressionnant, alors qu'il semblait avoir abandonné la peinture, témoignant du "potentiel énorme" de l'artiste déjà signalé en d'autres temps par le critique Michel Tapié. Potentiel insuffisamment exploité en raison d'une existence faite de discontinuités et de ruptures (la maladie, l'alcool...) mais aussi de renocontres décisives, fécondes et stimulantes. Spacagna semble toujours trouver spontanément sa ligne et sa respiration dans le cadre d'une solidarité créatrice, d'une mutualisation des forces et des gestes comme en temoignent la proximité exemplaire qu'il entretint dans la pratique avec Altmann et ses nombreuses oeuvres "polyphoniques" (avec Aude Jessemin, Myriam Darell....).

Son oeuvre est d'autant plus à redécouvrir que c
ertains aspects en restent peu connus : le livre comme objet apparait comme la terre promise et élective de son trait et de sa ligne hypergraphiques si aisément reconnaissables, qu'il s'agisse de ses poèmes ou des textes de Joyce ou Cummings. Pas de grandes oeuvres au final au sens physique du terme (si on excepte les sérigraphies réalisées chez Conz), peu de peintures au sens académique (toile sur châssis) mais une multitude de dessins et de livres d'artiste, un préférence manifeste pour le papier au détriment de la toile dont l'ouvrage de Frédéric Acquaviva nous offre une précieuse et remarquable introduction.


























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