jeudi 11 octobre 2007

DEGUEULASSE DIT-ELLE...

Nombre de députés à droite se sont émus, voire sentis insultés, par la récente sortie de Fadela Amara qui qualifiait de "dégueulasse" l'instrumentalisation de l'immigration par la droite parlementaire. Elle est en effet membre d'un gouvernement qui a fait de l'ouverture à gauche sa dynamique et visiblement cela ne va pas sans heurter le conformisme de la vie politique. Les raisons de cette ouverture ne sont pas sans arrière-pensées tactiques de la part de Nicolas Sarkozy qui en stratége éclairé veut priver la gauche de certains de ses meilleurs éléments en donnant à ceux-ci les moyens concrets d'agir pour transformer la société, et ce afin de liquider le PS pour longtemps. A gauche , où le projet de loi sur l'immigration avec cette régression du politique au biologique que constituent les tests ADN a suscité une franche hostilité, nombreux sont ceux qui s'étonnent de voir Fadela Amara autant que Martin Hirsh rester au gouvernement malgré les vives critiques qu'ils ont formulées à l'encontre de ce projet de loi. Ce qu'il manque à tous ces messieurs c'est le sens de L'EXTERNITE ! Les clivages d'hier n'ont plus de pertinence aujourd'hui, les postures identitaires et les solidarités politiques supposées acquises (les membres du gouvernement doivent soutenir l'action des députés de la majorité !) se trouvent bousculés par des externes, des électrons libres pour qui l'appartenance à telle ou telle organisation politique ne saurait se substituer à la nécessité de faire avancer un certain nombre de chantiers et d'idées. Opportunisme ? pragmatisme ? Laissons donc ce moralisme aux gardiens du dogme et à leur sectarisme ! Cela fait des années que Fadhella Amara milite dans les quartiers et qu'elle porte les couleurs du Parti socialiste ... Ceux qui critiquent au PS son choix d'entrer au gouvernement oublient un peu vite, derrière leur morgue identitaire, que le PS n'a sans doute pas sufffisamment fait une place et un avenir à toute une jeunesse issue des quartiers que l'on nomme par euphémisme "difficiles". C'est donc seuls et selon des stratégies bricolées mêlant survie et désir de reconnaissance que les uns et les autres ont évolué, saisissant toutes les opportunités (qu'elles viennent de la droite ou de la gauche) susceptibles de les sortir de leur inexistence. Pour résoudre sa problématique individuelle (jeune femme issue de l'immigration et habitant un quartier difficile), elle a décidé de résoudre une problématique collective (d'où son travail remarquable de militante associative) ; qui à gauche pourrait contester cette heureuse dialectique de l'individuel et du collectif aux antipodes de l'égoïsme autosuffisant prôné par les libéraux ? Que les marges de manoeuvre soient faibles, que Nicolas Sarkozy instrumentalise ce principe d'ouverture, non sans cynisme, pour mener une politique réellement à droite, que "l'immigration choisie ou subie" serve de contre-feux, comme les régimes spéciaux, pour cacher une croissance en berne, les cadeaux fiscaux accordés aux plus aisés... Tout cela est vrai, il n'empêche que la vraie rupture dans une vie politique française bien réglée vient de ces membres du gouvernement, décentrés, qui refusent la logique du TOUT ou RIEN et qui, dépositaires en cela d'une éthique nucléaire, expriment désaccord et critique tout en continuant à travailler et à agir là où un accord reste possible. A méditer !

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